Hausse du prix du tabac : un nouveau bras de fer s'engage avec les buralistes
L'Assemblée nationale a voté jeudi l'augmentation des taxes sur le tabac effective au 1er juillet 2013. Et une nouvelle fois, les questions budgétaires et sanitaires se heurtent à la colère des buralistes.
ECONOMIE - Après la hausse du 1er octobre, le prix du tabac devrait connaître une nouvelle augmentation le 1er juillet 2013. L'Assemblée nationale a voté cette mesure jeudi 25 octobre. Francetv info détaille les conséquences pour les fumeurs, les arguments du gouvernement et ceux des buralistes en colère contre cette nouvelle hausse.
De combien le paquet de cigarettes va-t-il augmenter ?
Concrètement, selon des sources proches du dossier, la hausse des taxes devrait se traduire par un renchérissement d'environ 30 centimes (+4,5%) du prix du paquet de cigarettes et de plus de 60 centimes (environ 10%) de celui des paquets de tabac à rouler, dont le prix a donc plus que doublé en douze ans.
Cette fois, les cigarettes ne seront pas les seules concernées. Les députés ont également adopté une réforme de la structure de la fiscalité sur les produits du tabac dès le 1er janvier. Une mesure qui prend place dans le cadre du budget de la Sécurité sociale. Du coup, la fiscalité des cigarillos et des cigares sera renforcée dès le début de l'année prochaine car elle sera alignée sur celle des cigarettes.
Pourquoi cette nouvelle augmentation ?
En ces temps où le gouvernement cherche à maximiser les recettes de l'Etat, le tabac est une cible profitable. Pour la Sécurité sociale, le gain de cette hausse des taxes devrait être de 125 millions d'euros en 2013 et de 250 millions en année pleine. L'objectif est également de lutter contre l'addiction au tabac, qui tue 73 000 personnes en France chaque année. C'est le sens de l'alignement de la taxation des cigares et tabac à rouler sur celle des cigarettes. Le but est de décourager les fumeurs de cigarettes de se reporter sur d'autres produits du tabac.
Pourquoi les buralistes sont-ils (à nouveau) furieux ?
D'abord, la dernière augmentation du prix du tabac, entrée en vigueur le 1er octobre dernier, avait déjà suscité l'ire des détaillants de tabac. Cette nouvelle hausse annoncée pour l'an prochain a fini de faire exploser leur colère. Jérôme Cahuzac a tenté de les apaiser, jeudi 25 octobre, devant le congrès national des buralistes. Mais le ministre du Budget s'est fait copieusement huer. Ces mesures "risquent à terme de faire disparaître les 27 000 buralistes" de France et "100 000 à 120 000 emplois", s'est insurgé le patron de la fédération, Pascal Montredon.
Pour les buralistes, l'Etat "se tire une balle dans le pied" en encourageant les trafics, les achats transfrontaliers et les ventes sur internet. Et les explications du ministre avançant que cette hausse visait à lutter contre le tabagisme ont été couvertes par des buralistes scandant "Mensonge ! ".
Comment le gouvernement tente-t-il d'apaiser les buralistes ?
Face à la colère des détaillants, Jérôme Cahuzac a voulu les ménager. Il s'est ainsi prononcé contre les paquets "neutres", sans logo ni couleur mais couverts de messages du type "Fumer tue". Le ministre "doute" que cette mesure, expérimentée en Australie, "soit opportune en Europe et en France". "Le gouvernement s'y opposera tant que les avertissements sanitaires ne seront pas harmonisés dans l'Union européenne", a-t-il expliqué. Pourtant, en juillet dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait annoncé sa volonté de se "battre, en particulier au niveau européen, pour faire en sorte d'aller vers le paquet neutre, un paquet sans marque, qui ne soit pas attractif, pas séduisant".
Jérôme Cahuzac, ministre de tutelle des Douanes, a aussi promis d'intensifier la lutte contre la contrebande, depuis la vente à la sauvette jusqu'aux trafics à grande échelle. Il a enfin assuré aux buralistes une aide d'un montant de 24 millions d'euros, via une revalorisation de la commission sur les ventes de jeux de hasard. Des mesures d'ores et déjà jugées "très insuffisantes" par les représentants des détaillants. Comme le démontrent les appels à la mobilisation pour les prochaines semaines sur le blog d'une fédération de buralistes alsaciens, ils pourraient à nouveau manifester rapidement leur mécontentement.
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