Accouchement : les maisons de naissance sont suffisamment sures
Accoucher en toute sécurité ailleurs qu’en maternité, est-ce possible ? Les huit maisons de naissance ouvertes en France depuis 2015, qui permettent des accouchements sans hospitalisation, offrent "un niveau de sécurité satisfaisant". C’est la conclusion de l'étude d'un groupe de recherche indépendant, présentée le 29 novembre au Sénat, alors que les pouvoirs publics se prononceront bientôt sur la reconduction de ce modèle expérimental.
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506 accouchements en maisons de naissance en 2018
Les autrices du rapport, six spécialistes en santé publique de l'Inserm et du CNRS notamment, ont passé au crible les cas de 649 femmes prises en charge en 2018 par ces structures. L'étude constate tout d'abord que 99% de ces femmes "respectaient les critères d'éligibilité" (pas de facteur de risque tels qu'une pathologie pendant la grossesse, une obésité, des antécédents familiaux ou chirurgicaux, une grossesse gémellaire...).
Au total, "506 y ont effectivement accouché et 143 ont été transférées et ont accouché dans les maternités partenaires", soit 22% du total, en très grande majorité pour des situations à risque de complications mais sans urgence, telles que la non-progression du travail, ou pour une "prise en charge médicamenteuse de la douleur", c’est-à-dire une péridurale.
Moins de 2% d’épisiotomie
Ces lieux où les parturientes accouchent "dans le respect de la physiologie", en présence d'une sage-femme, "ont des résultats comparables" aux maisons de naissance des autres pays à niveau de vie élevé, avec notamment "des complications maternelles peu voire très peu fréquentes" et "une très faible fréquence d'interventions" au cours du travail, selon ce rapport.
Parmi les femmes qui ont accouché en maison de naissance, "on notait moins de 3% de rupture artificielle de la poche des eaux, moins de 2% d'épisiotomies (...) et une position librement choisie au moment de l'accouchement avec seulement 6% des femmes allongées sur le dos", ajoute l'étude.
Par ailleurs, les complications maternelles (lésions sévères du périnée, hémorragies sévères...) tout comme celles chez les nouveau-nés (nécessité d'une réanimation) ont été très peu fréquentes. Et chez les enfants ayant subi des complications - dont un décès -, aucun dossier "ne présentait de facteur de risque spécifique" qui aurait justifié un transfert vers la maternité avant la naissance.
Pas de conclusion certaine sans étude épidémiologique
Pour conclure de façon certaine à la sécurité de ces lieux, les chercheuses recommandent toutefois de "financer une étude épidémiologique" qui comparerait un groupe de femmes prises en charge en maison de naissance avec un groupe de profil comparable (à faible niveau de risque) ayant accouché en maternité.
Une telle comparaison n'est pas possible à ce jour, déplore Anne Chantry épidémiologiste à l'Inserm, qui a participé à la rédaction de l'étude. Notamment car les bases de données des établissements de santé ne renseignent pas certains indicateurs, tels que l'indice de masse corporelle, indispensables pour déterminer le niveau de risque de la grossesse, a expliqué à l'AFP Anne Chantry.
Diversifier l’offre de soins
A l’heure actuelle, déjà, l’"éclairage scientifique" qu’apporte ce premier rapport "donne des arguments aux défenseurs des maisons de naissance", estime l'Ordre des sages-femmes, pour qui ces structures, autorisées à titre expérimental en novembre 2015 pour une durée de cinq ans, apportent "une vraie diversité dans l'offre de soins et la prise en charge" des accouchements.
Mais "l'évaluation de l'expérimentation que le gouvernement devait adresser au Parlement un an avant la fin de celle-ci (...) n'a toujours pas été réalisée", s'inquiète l'organisme déontologique, qui y voit un signe que "leur pérennisation est aujourd'hui compromise".
Actuellement, les huit maisons de naissance expérimentales françaises sont situées à Paris, Castres, Grenoble, Bourgoin-Jallieu, Sélestat, Nancy, en Guadeloupe et à La Réunion. Il existe aujourd'hui plus de 150 lieux de ce type aux Etats-Unis, 169 au Royaume-Uni, une centaine en Allemagne ou encore 25 en Suisse, souligne le rapport.
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