Autoconservation des ovocytes, la ministre de la Santé veut des "garde-fous"
"Je suis favorable à tout ce qui ouvre et donne plus de libertés, mais je souhaiterais qu'il y ait quand même des garde-fous pour que toutes les femmes à l'âge de 30 ans en France ne décident pas de congeler leurs ovocytes pour faire des enfants à 40 ans", a déclaré la ministre de la Santé sur RTL le 21 octobre. Agnès Buzyn réagissait ainsi aux déclarations de Lorie, qui demandait à Emmanuel Macron d’étendre ce droit à toutes les femmes dans le Huffington Post le 18 octobre. La chanteuse souffre en effet d'endométriose, une maladie qui l’empêche d’avoir des enfants, mais dont la forme n’est pas jugée assez sévère pour qu’elle ait le droit de congeler ses ovocytes.
En France, des conditions extrêmement restrictives
Pour le moment en effet, en France, l’autoconservation n'est possible que si la patiente souffre de maladies affectant sa fertilité (dont une endométriose "grave") ou si elle accepte de faire don de plusieurs ovocytes. "Pour être mère, je dois toujours contrevenir à la loi et faire en Espagne ce que mon pays m'interdit", résume Lorie. En septembre néanmoins, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’est pour la première fois déclaré favorable à l’autoconservation. Un avis émis en amont de la future loi bioéthique, dont doit débattre le Parlement début 2019.
- Pour mieux comprendre : "Pour lutter contre l’horloge biologique, elles congèlent leurs ovocytes"
Mais Agnès Buzyn n’est pas favorable à ce qu’elle appelle une autoconservation "par confort" pour les trentenaires. Une expression assez malvenue, quand on sait que les femmes qui décident d’aller congeler leurs ovules doivent suivre un lourd traitement hormonal, et que les chances de réussite de la FIV avec une seule ponction sont assez faibles après 35 ans. "Ce qu’on ne sait pas vraiment, par ailleurs, c’est qu’une femme qui part faire congeler ses ovocytes, on lui conseillera de faire un deuxième cycle. Ce n’est pas clairement dit comme ça au départ, mais on s’embarque parfois pour quatre ou cinq ponctions pour espérer atteindre l’objectif de 15 ou 20 ovocytes vitrifiés", expliquait à Allodocteurs.fr le Pr Michaël Grynberg, spécialiste de la reproduction, dans un article paru le 3 octobre dernier.
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