Dépakine : l'Agence du médicament renforce les restrictions pour la délivrance de médicaments anti-épileptiques

Attestation d'information partagée, prescription par un spécialiste... A partir de lundi, ces médicaments à base de valproate et dérivés, soupçonnés de comporter des risques pour le foetus, seront davantage encadrés.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
En France, environ 160 000 hommes prennent des médicaments à base de Valproate. (GARO / PHANIE via AFP)

À partir de lundi 6 janvier, la France va durcir une nouvelle fois la délivrance de médicaments anti-épileptiques, comme la Dépakine. Depuis des années, les risques de malformations et de troubles neurodéveloppementaux chez les bébés dont la mère a pris ces médicaments avant et pendant sa grossesse sont connus. 

Mais les soupçons se portent aussi désormais sur les pères traités pour l'épilepsie. C'est notamment pour mieux les informer que l'Agence de sécurité du médicament renforce les conditions de prescription de ces médicaments.

Transmission par le sperme ?

Depuis ce que l'on a appelé "le scandale de la Dépakine", l'information est connue : les femmes qui prennent des anti-épileptiques à base de valproate risquent de donner naissance à des enfants atteints de malformation ou de troubles du neurodéveloppement, c'est-à-dire autisme et troubles dys. Mais depuis, des hommes qui prennent eux aussi ces médicaments s'interrogent.

C'est le cas notamment de Jean-Marc Laurent. Ce père a fait le rapprochement avec le cas de sa fille Margaux, aujourd'hui 16 ans, et atteinte de troubles cognitifs. "En tant qu'homme, je me suis dit mais pourquoi ça ne se transmettrait pas de l'homme à la femme enceinte", explique-t-il.

Et c'est effectivement ce que soutient Marine Martin, lanceuse d'alerte et présidente de l'Apesac, association des victimes de la Dépakine. "On suspecte un phénomène épigénétique, donc une imprégnation via le sperme qui va être véhiculé dans le ventre de la future mère et qui va intoxiquer le fœtus en développement", détaille-t-elle.

Des changements dans la prescription


Si rien n'est totalement prouvé, une étude scandinave montre que, statistiquement, les hommes sous valproate ont plus de risque d'avoir des enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux. L'Agence de sécurité du médicament change donc les conditions d'accès à ces médicaments pour les adolescents et les hommes susceptibles d'avoir des enfants. La première prescription devra être faite par un spécialiste, neurologue, psychiatre ou pédiatre et les patients devront mieux être informés, explique Marine Martin.

"Il y aura un formulaire d'accord de soin partagé qui va informer de ce pourcentage de risque, une carte patient collée sur la boîte de Dépakine, un livret que le neurologue devra remettre au patient et il doit l'informer des risques pour la descendance et lui faire changer de traitement si cet homme souhaite avoir des enfants."

Marine Martin

à franceinfo

Une avancée notable pour Jean-Marc Laurent, ce "papa Dépakine" qui milite aussi au sein de l'association Apesac "Tant mieux si on peut éviter parce que c'est une souffrance éternelle pour les parents et les enfants. Si je l'avais su à l'époque, je n'aurai pas pris le risque de faire des enfants", confie-t-il.

À ce jour, en France, environ 160 000 hommes prennent des médicaments à base de valproate. 

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