Une brève histoire du braille
L’écriture pour aveugles et malvoyants avant le braille
En Europe, l’idée d’un système d’écriture en relief à destination des non-voyants remonte à 1670. Cette année-là, le prêtre italien Francesco Lana de Terzi met au point un système de codage "permettant aux aveugles d’écrire couramment en traçant seulement des lignes et en faisant des points", ainsi qu’un procédé pour graver des signes et caractères d’imprimerie en relief sur du papier épais.
Un siècle plus tard, l’homme de lettres français Valentin Haüy réalise des impressions en relief de lettres de l’alphabet latin, et crée une institution destinée à l’instruction des enfants aveugles.
C’est autour de l’année 1809 qu’un officier d’artillerie, Charles Barbier de la Serre, développe la "sonographie", système permettant de retranscrire 36 sons sous forme de points, disposés sur un rectangle de 2 unités sur 6 unités de côté. En 1821, il décline le procédé à destination des non-voyants, et le présente à l’Institution royale des jeunes aveugles, où est scolarisé un enfant de 12 ans dénommé Louis Braille…
L'invention de l'alphabet braille
Louis Braille (né le 4 janvier 1809) offre immédiatement à l’inventeur de ce procédé enthousiasmant un retour d’expérience utilisateur. Premièrement, la transcription phonétique s’éloigne trop de l’écriture conventionnelle, et ne permet pas de rendre compte des nuances (notamment les homonymies) qu’autorise l’orthographe. Ensuite, l’utilisation de 12 emplacements pour transcrire 36 sons lui apparaît superflu. En utiliser moins permettrait de lire chaque caractère du bout du doigt, sans avoir à faire de mouvements…
Charles Barbier de la Serre ignore ces remarques. Qu’à cela ne tienne : Louis perfectionnera l’invention dans son coin. Cinq ans après la découverte de la sonographie, il achève la mise au point de son propre système. En utilisant six emplacements, qui peuvent ou non être en relief, il peut coder jusqu’à 63 symboles différents (l’absence de points représente un espace). Plus qu’il n’en faut pour transcrire toutes les lettres de l’alphabet, la ponctuation, les chiffres, et même les notes de musique.
Le premier traité détaillant les mérites de son systèmes est publié en 1829 : Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux, par Louis Braille, répétiteur à l’institution Royale des Jeunes Aveugles. Louis a alors 20 ans.
En 1839, il met au point le "décapoint", système d’écriture de l’alphabet latin à base de points en relief, qui fait écho à l’intention de Valentin Haüy de rendre un même texte lisible par des voyants comme par des non-voyants. Mais c’est bien l’alphabet "braille" qui, de par sa simplicité, trouvera le plus grand écho auprès du public.
la rédaction d'Allodocteurs.fr
Sources :
- Vivre sans voir. Les aveugles dans la société française du Moyen Age au siècle de Louis Braille, Zina Weygand (2008).
- Les aveugles dans la société française, Zina Keygand (2009).
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