Départs massifs d'infirmières : "C'est du gâchis humain et social", déplore le Syndicat national des professionnels infirmiers
"C'est un gâchis humain et social", déplore jeudi 24 août sur franceinfo Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers, alors que la Drees publie une étude sur les départs massifs des infirmières. Selon le service statistique du ministère de la Santé, près d'une infirmière sur deux a quitté l'hôpital ou changé de métier au bout de dix ans de carrière.
S'il qualifie le métier d'infirmier de "formidable", Thierry Amouroux juge les conditions de travail si "déplorables que ça dégoûte beaucoup de collègues".
"On est sous-payés, en sous-effectif, victimes d'une maltraitance institutionnelle où il n'y a aucun respect pour nos compétences, on est considérés comme des pions."
Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI.à fanceinfo
"Le nombre de patients par infirmière" peut expliquer une partie de ce phénomène. Thierry Amouroux affirme qu'en France ce ratio est le "double" des normes internationales qui sont de "6 à 8 patients par infirmière". Pour le syndicaliste, cela "se traduit par une surcharge d'activité". Autres causes de ces départs "la perte de sens" que peuvent ressentir certaines infirmières ou le "sentiment d'avoir mal fait son travail après avoir couru toute la journée d'un patient à l'autre". Il y a aussi la question du salaire, "toujours moins 10% sous le salaire infirmier européen", selon Thierry Amouroux.
"L'administration ne jure que par les actes qu'elle peut facturer à l'Assurance maladie"
Le syndicat national des professionnels infirmiers pointe du doigt l'administration hospitalière. "Pendant les études, on nous enseigne que chaque patient est unique et doit être traité comme tel, et quand on arrive à l'hôpital il y a une procédure de soins standard, sur des patients standards", critique le porte-parole. Pour Thierry Amouroux, "peut-être que ça peut marcher pour une boîte de sardines ou de boulons, mais certainement pas pour une prestation de soins".
Le syndicaliste accuse également "l'administration de ne jurer que par les actes techniques comme l'injection, la perfusion ou le pansement, qu'elle peut codifier et facturer à l'Assurance maladie". Thierry Amouroux rappelle pourtant que le cœur de métier des infirmières relève plutôt "de l'écoute, de l'accompagnement ou encore de l'éducation à la santé". "Mais c'est du travail invisible", ajoute-t-il.
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