Hôpital : les personnels "ne manifestent plus, ils se barrent, il va falloir repenser le système", lance le médecin urgentiste Mathias Wargon
Les personnels des hôpitaux "ne manifestent plus, ils se barrent", déplore vendredi 30 décembre sur franceinfo Mathias Wargon, chef des urgences Smur de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. Il pointe notamment du doigt la saturation des hôpitaux qui "surcharge le personnel", déjà en proie à une crise de la vocation. "On arrive à la fin d'un système, que ce soit le système libéral ou le système hospitalier", constate Mathias Wargon. Face au manque de personnel, le médecin urgentiste estime qu'"on n'a pas le choix, il va falloir refonder le système". Il appelle à "repenser à quoi sert l'hôpital car cette machine qui coûte très cher ne doit probablement pas être là pour faire de la médecine de ville".
Alors que les médecins libéraux sont appelés à faire grève pour réclamer une revalorisation de leurs consultations, Mathias Wargon reconnaît qu'il "y a un vrai malaise" chez les généralistes, en raison "de leur rémunération, de la façon de travailler" et à cause "des déserts médicaux". Il s'en prend ainsi aux "médecins stakhanovistes", ceux "qui vont n'avoir que des rhumes et qui seront mieux payés que les médecins qui travaillent bien et s'occupent de leur patients". Mais l'urgentiste s'interroge sur la date de la grève du 26 décembre au 2 janvier. "La grève des libéraux entre Noël et le Nouvel an, c'est un classique", ironise-t-il.
Face aux difficultés rencontrées dans les secteurs hospitalier et libéral, Mathias Wargon déplore l'absence de "réponse politique". Il considère que le Ségur de la santé a été une "réponse insuffisante, que personne n'a vu passer". Le chef des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis regrette l'absence de "mesures pérennes" : "Pour garder des gens, on met des tonnes d'argent, on augmente les gardes et les [salaires des] infirmières, mais de manière ponctuelle. Ce n'est pas la seule réponse", reproche-t-il.
"Assurer une qualité de vie au travail"
Mathias Wargon émet donc plusieurs propositions pour repenser ce système. Il défend "une réponse financière", mais souhaite aussi "une réponse de fond". Le médecin urgentiste plaide pour "assurer une qualité de vie au travail, un intérêt au travail et pas pour faire du travail à la chaîne" qui donne l'impression "aux infirmières plus qu'aux médecins de boucher les trous". Mathias Wargon se demande également s'il ne faut pas "probablement changer les études" ou, en tout cas, "remonter le niveau". "On est moins exigeant, du coup on paye moins les gens", explique-t-il.
Pour la médecine de ville, Mathias Wargon propose de "repenser le système avec d'autres professionnels, comme les infirmières et les kinés". Le médecin urgentiste s'insurge contre les généralistes "qui s'attaquent aux infirmières en pratique avancée, en considérant qu'on leur prend leur boulot". Mathias Wargon dénonce "un combat d'arrière-garde". Il rappelle que ces infirmières qui ont la qualification IPA "ont de l'expérience et ont fait des études pour prendre en charge une catégorie de patients en autonomie".
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