Des médecins alertent sur « une mise en danger de la vie d’autrui »
Dans un courrier daté du 15 juin, 175 signataires, médecins hospitaliers ou libéraux de différentes régions de France, demandent à être reçus par le Premier ministre, une précédente requête à l'attention d'Agnès Buzyn étant " restée sans réponse depuis septembre 2017 ". Dr Renaud Péquignot, signataire et président de l’intersyndicale Avenir hospitalier, a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Pourquoi parlez-vous de « mise en danger de la vie d’autrui » ?
Dr Renaud Péquignot : « Il est démontré que les patients qui attendent trop longtemps aux urgences sur des brancards au lieu d’être pris en charge parce qu’il n’y a pas assez de personnel voient leur risque de mortalité augmenter s’ils ont une maladie grave. Ce qui nous préoccupe également, c’est l’augmentation de la mortalité des soignants. Il y a eu un suicide de médecin hospitalier à Castres, il y a quelques jours, il y en a eu un autre à Strasbourg il y a quinze jours… On craint fort de voir ce phénomène augmenter. »
- Quelle est la traduction concrète des mesures d’économies sur le quotidien des services hospitaliers ?
Dr Renaud Péquignot : « Dans mon hôpital, on doit fermer des lits. On nous parle du virage ambulatoire donc nous, soignants, on se dit il faut transformer les activités de type hospitalisation complète en activités d’hôpital de jour. Et en fait, le résultat, c’est que souvent on nous dit, vous allez fermer des lits, par contre, il n’y a pas d’argent donc vous ne pourrez pas ouvrir des places d’hôpital de jour… Donc ça n’est pas un virage ambulatoire mais une réduction de l’hospitalisation complète sans rien à la place et c’est ça qui est risqué. »
- Nous avions un système de santé considéré comme l’un des plus performants au monde… comment en est-on arrivé là ?
Dr Renaud Péquignot : « Parce que les réductions budgétaires ont été un mantra permanent, aussi bien des gouvernements sous Nicolas Sarkozy, François Hollande et maintenant Emmanuel Macron. Tous disent il faut diminuer le nombre de fonctionnaires, comme si les fonctionnaires n’étaient qu’une charge. Ils ont aussi un travail, un vrai… On était, c’est vrai, cité comme le meilleur système de santé par l’OMS en 2000 et puis après ça descend, ça descend, ça descend… et pourtant on nous parle toujours de trou de la Sécu, comme quoi ça n’est pas qu’une histoire d’économies ! Combien faudra-t-il encore d’accidents, de suicides hospitaliers pour le comprendre ? Il faut aussi que les Français disent aussi qu’ils tiennent à l’hôpital. L’hôpital, c’est la richesse que l’on a tous, chacun, même quand on n’en a plus d’autre. »
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