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Le syndicat SAMU-Urgences de France alerte sur le risque d'une "situation explosive" à l'hôpital, après un mois de juillet "en surtension"

Le syndicat estime aussi que la mise en œuvre des recommandations de la "mission flash" est "insuffisante". 

Article rédigé par franceinfo
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Dans le centre téléphonique du Samu 31 au CHU de Toulouse Purpan, le 19 juillet 2022. (REMY GABALDA / MAXPPP)

"Notre système de santé traverse une crise sanitaire sans précédent", constate le syndicat SAMU-Urgences de France (SUdF) dans son enquête, publiée mercredi 3 août, sur la situation des urgences en juillet 2022. L'étude pointe du doigt les difficultés en ressources humaines médicales et non médicales, la fermeture de lits d’hospitalisation et la moindre disponibilité de l’offre de soins libérale liée aux congés estivaux.

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"Dans ce contexte, l’accès aux soins urgents et aux soins non programmés sont menacés et les structures d’urgences sont mises en surtension", peut-on lire dans cette enquête qui se base sur les retours d'expérience de 331 établissements de santé (soit environ 50% du territoire national), répartis dans 92 départements.

Manque de personnel et de lits d'hospitalisation quasiment partout

Sur les 331 établissements interrogés, 90% d’entre eux déclarent être en difficulté sur les ressources humaines médicales et 89% pour les ressources humaines non médicales. Il y a 73% de ces établissements qui ont recours à des solutions d’intérim durant cet été pour renforcer leurs services d'accueil des urgences. Par ailleurs, presque tous les établissements (95%) déclarent un manque important de lits disponibles pour leurs patients.

Pour toutes ces raisons, 72 établissements (22%) ont dû réduire ou fermer totalement leurs services d'hospitalisation de courte durée (UHCD) tandis que 42 établissements ont été contraints de fermer totalement leur service d'urgences la nuit. Dans le même temps, l'activité a augmenté en moyenne de 12,3% au mois de juillet par rapport au mois de juillet 2021, avec environ 180 000 passages de plus qu'en 2021 sur la même période.

"Mission flash" : une mise en œuvre "insuffisante"

L'enquête, qui évalue également l’impact des recommandations de la "mission flash" pilotée par François Braun avant qu'il ne soit nommé ministre de la Santé, estime que leur mise en œuvre est "insuffisante". Cette mission qui a débouché sur 41 recommandations entrées en vigueur dès cet été "ne permet pas d'assurer une fluidité et un fonctionnement sécuritaire" aux urgences, assure SAMU-Urgences de France. Parmi ces mesures, on trouve la mise en place d'une régulation médicale préalable à l'accès au Samu, une campagne d’information sur le bon usage des urgences ou encore une entraide territoriale lors de la fermeture d’une structure.

Quatre-ving-huit établissements (26%) ont mis en place une restriction d’accès, dont 67 avec une régulation médicale systématique par le 15 pour autoriser l’accès aux urgences. Dans les établissements qui ont mis en place cette régulation médicale préalable, l'augmentation de l'activité a été moindre que dans l'ensemble des établissements. Elle a augmenté de 10% en juillet au lieu de 12,3% dans les établissements ne l'ayant pas mise en place. En conséquence de cela, les 97 centres interrogés sur les 102 que compte le territoire national témoignent "d'une surtension" de leurs services, alors qu'ils font également face à un manque de personnel pour répondre aux appels d'urgence.

Plus de reconnaissance et de moyens

Pour lutter contre la "pénibilité surajoutée" de la période estivale, SUdF demande la "revalorisation des personnels paramédicaux soignants", y compris pour les ambulanciers et les assistants de régulation médicale qui répondent aux appels du 15, et le doublement des indemnités des gardes de nuit et de week-end. Il réclame également une meilleure gestion des lits.

"Sans mesures contraignantes, il faut s’attendre à l’évolution rapide vers une situation explosive", prévient SAMU-Urgences de France. Selon ses prévisions, "la situation va encore se dégrader au mois d'août, avec une augmentation des fermetures institutionnelles de lits et une diminution de la disponibilité de l’offre soignante libérale liée aux congés".

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