Les rideaux des hôpitaux, nids à bactéries résistantes
Trop de bactéries dans les rideaux ? Utilisés pour séparer les lits des malades et pour protéger leur intimité, les rideaux d’hôpitaux seraient loin d’être hygiéniques. Selon une étude menée par des infectiologues de l’université du Michigan (États-Unis), ces séparateurs seraient souvent porteurs de bactéries résistantes à risque pour les patients.
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22% des rideaux contaminés aux bactéries
L'étude, présentée au Congrès européen de microbiologie clinique et maladies infectieuses d’Amsterdam, a porté sur six centres de soins infirmiers du Michigan. Au total, les chercheurs ont recueilli 1.500 échantillons sur des rideaux de 625 chambres, d'abord lors de l'admission des patients puis périodiquement, jusqu'à six mois plus tard s'il s'agissait d'un séjour prolongé. Les prélèvements ont été réalisés sur le bord des rideaux, là où ils sont le plus fréquemment touchés. Résultat : dans plus d’un cas sur cinq (22%), les échantillons étaient positifs à des bactéries multirésistantes aux antibiotiques.
Plus précisément, près de 14% étaient contaminés à des entérocoques résistants à la vancomycine, plus de 6% à des bactéries à Gram négatif résistantes, et près de 5% à un staphylocoque doré résistant à la méticilline. Toutes ces bactéries sont susceptibles de causer des infections sévères, parfois mortelles.
Du patient au rideau… ou l’inverse ?
Pire, dans près de 16% des cas, les patients étaient porteurs de la même bactérie que le rideau de leur chambre. Et à chaque fois que des patients étaient porteurs d'entérocoques résistants à la vancomycine et de staphylocoques dorés résistants à la méticilline, leur rideau l'était aussi.
Mais les patients ont-ils contaminés les rideaux avec leurs propres bactéries ou ont-ils été eux-mêmes contaminés par les rideaux ? Selon l'étude, les bactéries sont probablement passées du patient au rideau, mais l'inverse est "certainement possible", a affirmé à l’AFP l’une des auteurs de l’étude, Lona Mody, docteure et chercheuse à l'université du Michigan (Etats-Unis).
Elle juge cependant que d'autres études sont nécessaires pour déterminer si ces rideaux sont effectivement une source de contamination bactérienne pour les patients.
"C’est un problème mondial"
"Ces agents pathogènes peuvent survivre sur ces rideaux et, potentiellement, se transférer sur d'autres surfaces et sur les patients. Dans la mesure où ces rideaux sont utilisés partout, c'est un problème mondial", a-t-elle également affirmé à l’AFP.
"On réalise de plus en plus que l'environnement hospitalier joue un rôle important dans la transmission de pathogènes", a ajouté la docteure Mody. "Les rideaux sont souvent touchés avec des mains sales et sont difficiles à désinfecter" et "les pratiques varient d'un hôpital à l'autre, mais souvent, ces rideaux sont changés tous les six mois ou lorsqu'ils sont visiblement sales", selon cette spécialiste. Une pratique possiblement à revoir pour limiter le risque d’infections nosocomiales.
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