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Reportage "On est obligé de courir un peu partout" : à Bondy, l'épidémie de bronchiolite submerge les urgences pédiatriques

L’hôpital Jean-Verdier à Bondy est confronté, comme beaucoup d'autres en France, à la progression de l'épidémie de bronchiolite. Les urgences pédiatriques peinent face à l'afflux de patient notamment en raison du manque de personnel.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les parents d’Aïcha, âgée de 2 mois, attendent depuis 6 heures dans le couloir du service des urgences pédiatriques de l'hôpital Jean-Verdier à Bondy en Seine-Saint-Denis, le 8 novembre 2022. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Aicha dort dans les bras de sa mère au beau milieu du couloir des urgences pédiatriques de l'hôpital Jean-Verdier à Bondy en Seine-Saint-Denis. Cela fait six heures qu'elle attend : "C'est long, effectivement", reconnaît la mère de famille. Il n'y a pas de place ailleurs dans l'hôpital pour ce bébé de 2 mois ni dans les autres hôpitaux de la région. Isam Ben Hadj, infirmier, s'en désole : "Pour nous c'est frustrant, l'activité autour continue et on est obligé de courir un peu partout."

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L'épidémie de bronchiolite fait déborder les hôpitaux. Elle est plus violente cette année 2022 chez les nourrissons et la pénurie de soignants n'arrange rien. Même si un petit reflux temporaire semble s'esquisser grâce aux vacances de la Toussaint qui ont permis moins de brassage d'enfants et moins de contaminations. À Jean-Verdier, l'hôpital est à flux tendu. Même si les parents excusent la situation. "On n'est pas les seuls parce qu'on voit beaucoup de patients défiler, indique l'un d'eux. C'est certainement lié au manque de personnel dans les hôpitaux." La pénurie de personnel, en effet, confirme le chef du service, le professeur Loïc de Pontual : "Actuellement, dans le service, on a cinq postes vacants d'infirmières de nuit. On a aussi des postes vacants d'aides-soignants régulièrement, et deux postes de médecins."

"On est vidé parce qu'on sait qu'on doit revenir le lendemain"

Le service des urgences est plein à craquer et dehors la salle d'attente déborde parfois jusque dans la cafétéria de l'hôpital. "C'est la course, c'est le stress, c'est l'angoisse, énumère Patricia Maurice, infirmière depuis 14 ans dans le service de pédiatrie. À la fin de la journée, on est un petit peu épuisé. On est vidé parce qu'on sait qu'on doit revenir le lendemain. On se demande un peu comment ça va se passer, et si on va revenir."

Pour le chef du service, les mesures annoncées mercredi 2 novembre par le ministre de la Santé, comme le doublement de l'indemnité de nuit pour les infirmiers ne suffisent pas. "On sait qu'il y a presque 200 000 infirmières en France qui sont diplômées et qui n'exercent pas leur métier, indique le professeur Loïc de Pontual. Elles travaillent dans une entreprise et font du management ou travaillent dans une boulangerie. Et elles sont prêtes à revenir pour certaines, car c'est un métier magnifique. Il y a beaucoup de gens qui partent la mort dans l'âme, donc il faut arriver à les faire revenir."

"Pour faire revenir les infirmières, il y a quelques mesures financières mais il y a aussi leur assurer qu'elles auront une qualité de travail."

professeur Loïc de Pontual, chef de service

à franceinfo

Et pour cela, le Collectif pédiatrie, qui s'est constitué récemment, réclame des ratios de patients par soignant pour garantir des conditions de travail supportables.

A Bondy, l'épidémie de bronchiolite submerge les urgences pédiatriques. Le reportage de Solenne Le Hen

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