Violences à l'hôpital : Patrick Pelloux préconise "un moyen d'alerte immédiat de la police"
Selon l’Observatoire national des violences en milieu de santé, une agression se produit toutes les 30 minutes dans les hôpitaux. Pour l'urgentiste Patrick Pelloux, invité de franceinfo, mardi 27 septembre, il est nécessaire de généraliser un système d'alerte policière.
Il y a une agression toutes les 30 minutes dans les hôpitaux en France, selon le dernier rapport de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) portant sur l'année 2014. Pour Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), invité mardi de franceinfo, il n'existe pas de solution unique mais tous les lieux hospitaliers devraient au moins pouvoir alerter immédiatement les forces de l'ordre.
franceinfo : Les conclusions du rapport de l'Observatoire national des violences en milieu de santé vous surprennent-elles ?
Patrick Pelloux : On observe des violences qui sont de plus en plus importantes. Encore la semaine dernière, un de mes collègues s'est fait casser les deux poignets aux urgences Delafontaine en Seine-Saint-Denis. Ce sont des violences inqualifiables et inadmissibles parce que les services d'urgence sont là pour soigner tout le monde. Il y a des situations angoissantes qui sont souvent prévisibles, avec des services d'urgence qui drainent des quartiers où sévissent des bandes, dans lesquelles vous avez parfois un radicalisme communautaire assez puissant. Cela engendre une certaine forme de sentiment d'insécurité. On peut prévoir les zones et les situations où il y a des risques d'insécurité pour les personnels. C'est là où les administrations doivent mettre le paquet, pour sécuriser les lieux et permettre aux professionnels de continuer de travailler correctement.
Un des motifs des violences est le temps d'attente...
Cela nécessite un travail de fond par rapport à la politique de l'attente dans les services des urgences. Il faut que les gens soient informés des flux. Cela rejoint un peu la qualité des soins. L'important, c'est la globalité [des réponses] par rapport à ces violences. Cela a trait aux valeurs de la République, aux valeurs de la laïcité. Il est important de considérer des personnels qui sont en souffrance lorsqu'ils signalent des violences dans leur service. Il faut que les administrations les écoutent et les prennent en compte. Mais c'est insuffisant quand la réponse est seulement de dire qu'on va prendre des vigiles. Les vigiles sont inutiles si on n'a pas d'effectifs suffisants en infirmières et en médecins. La violence est polyfactorielle et il n'y a pas de solution unique.
Quelles solutions faut-il mettre en place ?
Qu'il y ait un moyen d'alerte immédiat de la police. (…) Si vous avez une agression, on appuie sur un bouton. On protège bien les bijoux et l'argent, on peut protéger les individus correctement avec un bouton qui fait que la police intervient tout de suite ! C'est déjà mis en place dans certains services d'urgence, il faut le généraliser. Il faut aussi former les personnels à éviter les situations qui risquent d'engendrer la violence, comme trop de stagnation en salle d'attente. La violence est plus importante le vendredi soir et le samedi soir, car c'est là qu'il y a énormément d'états d'ébriété. Et surtout, il faut former les personnels au fait que la violence est parfois un symptôme de pathologie.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.