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La dénutrition : une maladie silencieuse qui toucherait deux millions de personnes en France

Deux millions de personnes souffriraient de dénutrition en France, s’alarme le Collectif de lutte contre la dénutrition qui lance ce mercredi 19 octobre un manifeste riche de dix propositions pour endiguer le phénomène.

Article rédigé par Bruno Rougier, Cécile Mimaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La dénutition touche En moyenne, les hopitaux consacrent chaque jour 3,73 € pour financer les trois repas d'un malade. Il faudrait 6 €, estiment les nutritionistes.  (FRED DUFOUR / AFP)

40% des personnes hospitalisées en France sont dénutries. C’est aussi le cas de 25% des personnes âgées en perte d'autonomie, s’alarme le Collectif de lutte contre la dénutrition. Fondé par le Professeur Eric Fontaine, médecin nutritionniste au CHU de Grenoble, il lance ce mercredi 19 octobre un manifeste riche de dix propositions pour endiguer le phénomène et faire de la dénutrition La Grande Cause Nationale en 2018.

franceinfo : Qu’est-ce que la dénutrition ?

Professeur Eric Fontaine : C’est une maladie pernicieuse parce qu’elle se cache ou accompagne souvent une autre maladie. Une personne âgée qui par exemple lors d’un épisode banal a perdu trois ou quatre kilos en règle générale ne les reprend pas et donc c’est une descente lente mais certaine potentiellement vers une dénutrition sévère qui pourrait être fatale.

Comment peut-on repérer une personne qui est en cours de dénutrition ?

C’est très simple à faire mais ce n’est pas fait. Il suffit de peser les gens. Quelqu’un qui maigrit et qui ne le fait pas exprès, c’est quelqu’un qui par définition est en train de se dénutrir.

Quelles sont les solutions pour lutter contre cette dénutrition ?

Si la personne mange encore un peu, on peut lui faire manger des choses plus riches, c’est-à-dire que dans peu de volume on met beaucoup de calories et beaucoup de protéines. A l’hôpital c’est aussi, quand les patients ne peuvent pas manger tout seul, prendre le temps de les nourrir, ce qui n’est plus le cas actuellement par manque de personnel.

Pourquoi manque-t-on encore d’actions concrètes selon vous ?

En gros, on a une maladie, on a des traitements, ce qui nous manque maintenant ce sont les flux financiers parce qu’évidemment deux millions de dénutris ça a un coût.

Sur les 10 propositions que vous faites à travers votre manifeste, quelles sont les plus emblématiques ?

Si je ne devais en retenir qu’une c’est celle de la prévention et de la bientraitance au niveau hospitalier. C’est faire en sorte que tous les patients, qu’ils soient dénutris ou pas, aient des choses à peu près mangeables dans l’assiette. Aujourd’hui, la moyenne des denrées alimentaires achetées par jour et par patient hospitalisé, c’est 3,73 euros pour nourrir un malade à trois repas. On espère obtenir 6 euros.

Par quels moyens ?

Ce gros budget on ne l’obtiendra pas sans une mobilisation citoyenne. Finalement, le problème n’est plus tout à fait un problème médical, c’est un problème politique ou un problème économique et je dois dire que nous, on ne sait pas faire ça.

Le professeur Eric Fontaine, médecin nutritionniste au CHU de Grenoble et fondateur du Collectif de lutte contre la dénutrition, répond à Bruno Rougier.

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