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Le "cas" Vincent Lambert loin d'être isolé

Alain, 60 ans, vit, dans un état dit "végétatif" dans un lit d’hôpital, comme Vincent Lambert et comme, disent certains experts, environ 1.500 autres personnes en France. Marie, son épouse, ne juge personne et réfléchira aux suites si son époux montre "des signes clairs de souffrance physiques ou morales".
Article rédigé par Anne Lamotte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Selon les experts ils seraient environ 1.500 en France dans un état végétatif © Fotolia)

"Dans le doute, je fais comme s’il entendait ", témoigne Marie, l’épouse d’Alain. Marie ne maintient pas Alain en vie pour des questions religieuses, elle n’a pas débranché les tuyaux qui nourrissent et hydratent son mari depuis son accident de la route il y a 4 ans et demi, simplement "parce que la question ne s’est pas posée" .

"Végétatif", mais pas inconscient

Alain, 60 ans, est allongé, les bras repliés sur la poitrine, les mains recroquevillées. C’est un homme raide, rigide même et silencieux, mais qui ce jour-là va bien assure Marie qui lui caresse la joue. Ce jour-là pas de visage crispé et pas de regard dans le vague pour Alain dont les yeux clignent, bougent et parfois se fixent un instant sur sa femme.

Alain ne réagit pas, mais n'est pas dans le coma. Il respire tout seul, dort, se réveille, et son corps se souvient même de certains gestes.

Alain vit dans cette unité spécialisée avec 9 autres patients. L'un d'eux a, par exemple, été victime d'une noyade à l'âge de 5 ans, il en a aujourd'hui 35. On trouve aussi un jeune homme de 19 ans arrivé il y a quelques mois victime d'un accident de scooter. Tous les jours, ces 10 patients sont lavés, habillés, levés par l'équipe soignante, installés dans de grands fauteuils roulants pour régulièrement aller faire un tour dans le jardin.

Le maintien en vie

Après l'accident, personne n’a questionné Marie sur un maintien ou non en vie. Chaque semaine, il passe trois jours chez eux, où il voit ses deux petits-enfants, dont le dernier a seulement 15 jours. Pour Marie, Alain a bien sa place au sein la famille. Quand on lui parle de l'affaire Vincent Lambert, elle n'a aucun jugement, ni aucun commentaire à faire.

Marie avoue que si un jour son mari montre des signes clairs de souffrance physique ou morales, alors elle réfléchira. Elle explique aussi que s'il lui arrivait quelque chose à elle, elle ne voudrait pas non plus laisser ses enfants s'occuper de leur père. "Ce serait", dit-elle, "une charge trop lourde ".

Pour elle, personne, sur un tel sujet, personne, ni même la loi, ne peut imposer ses choix.

Les autres Vincent Lambert. Le reportage d'Anne Lamotte pour France Info
 

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