Le gouvernement a essuyé lundi un flot nourri de critiques concernant sa gestion de la campagne de vaccination
"Fiasco", "scandaleux échec", "faute stratégique lourde", la virulence était de mise pour brocarder le gouvernement, du PCF au Nouveau centre en passant par le PS, le MoDem et le NPA.
C'est l'annonce dimanche de la revente à l'étranger d'une partie du stock de vaccins en trop qui a déclenché cette tempête de critiques, restées auparavant mesurées.
Tablant sur une double injection par personne, le ministère de la Santé avait commandé l'été dernier 94 millions de doses de vaccins - d'un montant total de 869 millions d'euros, selon le ministère.
Mais à partir du 20 novembre, il est apparu qu'une dose unique suffisait à protéger les patients. Dès cette date, la France a commencé à se tourner vers l'étranger pour écouler ses stocks.
Dimanche, le socialiste Jean-Marie Le Guen a réclamé une "mission d'information parlementaire". Lundi, c'est le porte-parole du PS Benoît Hamon qui a demandé une "commission d'enquête", plus contraignante qu'une mission.
Une requête reprise par le Nouveau Centre, Debout la République et le NPA qui, comme le PS et le PCF, a dénoncé une "gabegie" financière au profit "des laboratoires pharmaceutiques".
A droite, le député UMP Bernard Debré a vilipendé le "principe absurde, poussé à l'extrême, de précaution".
"Nous avons le tiers du Tamiflu mondial, qu'on est en train de fourguer aux pharmacies, nous avons 10% des vaccins du monde qu'on est en train de refourguer", s'est indigné ce professeur de médecine, estimant que le coût du plan vaccination était supérieur au "déficit de tous les hôpitaux français". Au total selon lui, le budget de la campagne (qui comprend aussi le Tamiflu et les masques achetés par la France ndlr) pourrait dépasser les deux milliards d'euros, un chiffre confirmé par la commission des Finances du Sénat.
Une analyse partagée par Michèle Rivasi, députée européenne d'Europe Ecologie. Cette dernière a également réclamé l'arrêt de la campagne de vaccination, qui se poursuit actuellement en France.
En juillet, alors que la mobilisation contre la pandémie battait son plein, M.Debré avait détonné dans le concert des déclarations alarmistes sur la grippe H1N1, en la qualifiant de "grippette". Toutefois, il a dit "comprendre qu'on ait pu céder à la tentation des laboratoires" qui ont exercé "une pression absolument fantastique en juillet".
Au cour de la réunion hebdomadaire des dirigeants de l'UMP à l'Elysée, Nicolas Sarkozy est venu à la rescousse du gouvernement, rappelant que le pays avait connu par le passé "beaucoup de crises sanitaires" et se devait de respecter le "principe de précaution".
François Bayrou, président du Modem, a jugé pour sa part que le gouvernement avait commis "une faute stratégique très lourde", notamment en ne faisant pas appel aux généralistes pour la vaccination. Mais il s'est refusé "à jeter la pierre au fait qu'on ait pris des précautions".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.