Le premier cœur totalement artificiel a été implanté à Paris
Il a été implanté mercredi, dans la poitrine d'un patient souffrant d'insuffisance cardiaque terminale par une équipe de l'hôpital Georges-Pompidou.
Une première mondiale. Un cœur totalement artificiel autonome, conçu par la société française Carmat, dont le siège est implanté à Vélizy (Yvelines), a été implanté, mercredi, à l'hôpital européen Georges-Pompidou de Paris. L'entreprise qui l'a fabriqué l'a annoncée, vendredi 20 décembre. Ce cœur artificiel bat désormais dans la poitrine d'un patient souffrant d'insuffisance cardiaque terminale. Son identité n'a pas été rendue publique.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a salué "un espoir nouveau" offert aux patients souffrant d'insuffisance cardiaque terminale face à la rareté des greffons disponibles. "Il ne faut pas aller trop vite, il va falloir évaluer cette innovation, cette opération, mais c'est vrai que de grandes perspectives s'ouvrent", a-t-elle toutefois nuancé sur BFM TV.
Retour sur cette opération unique en son genre.
Comment se porte le patient ?
Les autorités sanitaires françaises avaient donné leur feu vert, fin septembre. Pour être opéré, le patient implanté devait souffrir d'une insuffisance cardiaque terminale, avec un pronostic vital engagé et ne bénéficiant d'aucune alternative thérapeutique.
"Cette première implantation s'est déroulée de façon satisfaisante, la prothèse assurant automatiquement une circulation normale à un débit physiologique", écrit l'entreprise dans un communiqué. "Le patient est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille," poursuit-elle.
"Nous nous réjouissons de cette première implantation, mais il serait bien entendu prématuré d'en tirer des conclusions car il s'agit d'une seule implantation et d'un délai post-chirurgical encore très court", commente le directeur général de Carmat, Marcello Conviti, cité dans le communiqué.
Comment fonctionne ce cœur artificiel ?
Cette prothèse cardiaque de 900 grammes environ a été inventée par le chirurgien français Alain Carpentier, fondateur de Carmat. "Elle mime totalement un cœur humain normal avec deux ventricules qui mobilisent le sang comme le ferait le muscle cardiaque, avec des capteurs qui permettent d'accélérer le cœur, de décélérer, d'augmenter le débit, de diminuer le débit. Le malade dort, ça diminue. Il monte les escaliers, ça accélère, donc ça n'a rien à voir avec une pompe mécanique", avait expliqué en septembre Philippe Pouletty, le cofondateur de Carmat.
En mai, France 2 avait présenté le fonctionnement de ce premier cœur artificiel totalement autonome.
Quelles perspectives offre-t-il ?
Encore une longue phase de tests. La société a obtenu, en septembre, l'autorisation des autorités françaises pour tester ce cœur artificiel sur quatre patients en France, dans trois établissements. Elle avait également obtenu, en mai, l'autorisation de quatre centres médicaux à l'étranger. La première phase des tests doit durer un mois, à compter de l'implantation d'un cœur sur un quatrième malade. Elle portera avant tout sur la sécurité de la prothèse. Au cours d'une seconde phase, Carmat a prévu d'élargir ses tests à 20 malades, tout en augmentant les centres d'implantation en France et à l'étranger. Elle se déroulera sur six mois et visera à mesurer son efficacité.
Entre 100 000 et 120 000 greffables potentiels. L'entreprise entend pallier le manque notoire de greffons. Dans le monde, des dizaines de milliers de personnes souffrant d'insuffisance cardiaque avancée en sont victimes. Carmat assure que son cœur pourrait sauver chaque année la vie de dizaines de milliers de patients, sans risque de rejet et en leur assurant une qualité de vie sans précédent. Entre 100 000 et 120 000 malades pourraient potentiellement bénéficier de la technologie de Carmat en Amérique du Nord et en Europe. Aujourd'hui, la prothèse est anatomiquement compatible avec 86% des hommes et environ 20% des femmes. Mais Carmat envisage d'élaborer un cœur plus petit pour l'adapter notamment à la morphologie féminine.
Moins cher qu'une transplantation. La commercialisation en Europe doit avoir lieu en France, en Allemagne et en Italie. Le prix de ce cœur artificiel est estimé, par les analystes, entre 140 000 et 180 000 euros. Moins cher donc qu'une transplantation classique, qui coûte 250 000 euros en France et presque un million de dollars aux Etats-Unis, selon des chiffres communiqués par Carmat.
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