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Loi de santé : les médecins mobilisés partout en France

Opérations escargot, cabinets fermés, interventions chirurgicales reportées : les médecins avaient promis un "vendredi noir" partout en France pour protester contre le projet de loi de santé de Marisol Touraine. L’appel a été suivi dans de nombreuses villes.
Article rédigé par franceinfo
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  (Un rassemblement de médecins contre le projet de loi Sante de Marisol Touraine, le 13 novembre 2015 dans le Val d'Oise ©maxPPP)

La journée "santé morte", dont l'ampleur reste difficile à mesurer, a commencé vendredi matin par plusieurs opérations escargot, notamment à Rennes, Toulouse et Lille, occasionnant des bouchons et des ralentissements. Les médecins rennais, comme le docteur Vigé, rhumatologue à Saint-Malo, disent regretter d’avoir recours à ce mode d’action. Mais selon le praticien, "on ne peut pas se faire entendre " quand on parle aux gens "gentiment et correctement ".

Le docteur Vigé en grève à Rennes : "Marisol Touraine n'y connait strictement rien"

L'objectif de ces médecins mobilisés, c'est de montrer "ce qui se passera demain" si la loi voulue par Marisol Touraine s'applique. Ils veulent surtout torpiller sa mesure phare, la généralisation du tiers payant à tous les assurés d'ici à 2017. Grâce à elle, les patients n'auront plus à avancer les frais lors d'une consultation chez le médecin, directement remboursée par l'assurance maladie et les mutuelles.

Mais s'ils se disent favorables à un "tiers payant social" pour les plus modestes, les syndicats refusent son application à l'ensemble de la population, synonyme selon eux d'impayés et de calvaire administratif.

Opérations escargot à Marseille, Rennes ou Lille

A Avignon, ce sont les infirmiers et les infirmières qui ont défilé contre le projet de loi de la ministre de la Santé Marisol Touraine. A Toulon, Marseille et Aix-en-Provence, les professionnels de santé ont également bloqué la circulation, tout comme à Lille ou à Nantes. D'autres rassemblements ont eu lieu Paris, avant une manifestation lundi à proximité de l'Assemblée nationale, où commencera l'examen en deuxième lecture du projet de loi.

D'autres manifestations ont eu lieu dans tout le pays. Quelque 250 professionnels de santé ont défilé à Brest contre la "mort de la médecine", avant de déposer un cercueil devant la caisse primaire d'assurance maladie et de s'allonger quelques instants devant les guichets. A Montpellier, une centaine de médecins ont manifesté devant la CPAM, vêtus de tee-shirts sur lesquels était inscrit: "médecin non substituable".

Cabinets fermés et opérations reportées

Conséquence de la mobilisation des chirurgiens, des opérations ont été déprogrammées dans les établissements privés, tandis que certaines urgences ont été transférées vers l'hôpital public. Des grèves des gardes sont également à prévoir ce week-end voire au-delà. Ce mouvement exprime un "ras-le-bol qui est énorme", selon Claude Bronner, président de l'Union généraliste. Il "sera extrêmement suivi ", a promis Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF, qui renouvelle son appel à la "désobéissance civile" sur France Info.

De nombreux cabinets médicaux de médecins libéraux sont restés fermés vendredi partout en France. Notamment à Bordeaux où exerce Jean-Luc Delabant, médecin généraliste. Pour lui, cette loi est une façon de faire faire des économies à la Sécurité sociale, sur le dos du patient : "Quand quelqu'un veut faire diminuer les dépenses de santé, il faut qu'il influe sur celui qui les prescrit. Et aujourd'hui, c'est le médecin. C'est lui qui ordonne les arrêts de travail, les médicaments et les examens complémentaires. Quels sont les moyens de pression ? Il n'y en a pas trente-six : il faut tenir le stylo du médecin, et le retenir pour faire des économies. "

Jean-Luc Delabant, médecin généraliste à Bordeaux : "Si quelqu'un est malade, il appelle le 15"
Pas d'inquiétude toutefois à avoir, assure le ministère de la Santé. "Toutes les dispositions nécessaires" ont été prises "pour que chaque patient puisse être pris en charge dans de bonnes conditions", les agences régionales de santé pouvant réquisitionner des praticiens. Pourtant, la Fédération hospitalière de France est inquiète pour les hôpitaux publics, "laissés seuls" face "aux besoins de santé des Français" quand "certains feront fi de leurs obligations".

 

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