Alzheimer : l'espoir d'une nouvelle piste de prévention ?
De nombreux chercheurs travaillent dans le but de guérir les patients atteints de la maladie d'Alzheimer, ou au moins d'en réduire et d'en retarder les symptômes.
Le groupe de recherche du Dr Joachim Herz de l'Université UT Southwestern explore une approche différente. Au lieu de guérir la maladie, les scientifiques tentent de la prévenir. Comment ? En étudiant les mutations génétiques et les mécanismes moléculaires qui pourraient être à l’origine de la pathologie. Selon une étude, publiée le 30 octobre dans la revue eLife, inhiber l’action d’une protéine pourrait prévenir l'apparition de la maladie d'Alzheimer chez les patients qui ont une prédisposition génétique à la maladie.
A lire aussi : Alzheimer : catégoriser les malades pour mieux les soigner
Agir à l'origine de la maladie
Les mutations génétiques associées à la maladie d'Alzheimer à début tardif (qui se manifeste à partir de 60 ans) sont nombreuses, mais la plus importante est la mutation du gène de l'ApoE. Il existe plusieurs variantes de ce gène, mais une variante en particulier, ApoE4, est associée à un risque de développer la maladie d'Alzheimer dix fois plus important.
"Si nous bloquons l'action négative d'ApoE4 tôt, nous pourrons peut-être prévenir l'apparition de la maladie d'Alzheimer chez beaucoup de personnes, afin qu'elles ne tombent pas malades du tout", a déclaré le Dr Herz. Les chercheurs ont donc étudié le gène et la protéine qu’il produit, dans le but de bloquer son action.
A lire aussi : Alzheimer : pourquoi la recherche piétine
ApoE4 bloque le trafic de molécules dans les neurones
La mutation ApoE4 est associée à la perte de mémoire observée chez les patients. Elle favorise également la formation, dans les neurones, d'agglomérats de b-amyloïde, responsables des plaques caractéristiques observées chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
Mais comment ce gène agit-il ? Les chercheurs ont découvert que cette mutation provoquait un défaut dans le "trafic cellulaire" des neurones. Dans les cellules neuronales, il se produit en effet un grand va-et-vient des vésicules contenant les molécules nécessaires à la communication neuronale. Si cette activité est perturbée, les neurones ne fonctionnent pas comme ils le devraient.
Les chercheurs ont identifié le problème : ApoE4, qui se trouve dans des vésicules dont l'environnement est acide, forme des agglomérats et altère le transport des molécules.
Une approche thérapeutique potentielle
La solution ? Rendre les vésicules moins acides, pour empêcher ApoE4 de se modifier et assurer ainsi le bon transport des molécules à l'intérieur des neurones.
Les chercheurs ont donc utilisé une molécule pour rendre les vésicules des neurones moins acides. Dans les cellules en laboratoire, cette approche a fonctionné et a restauré la fonctionnalité des cellules. De ce résultat au développement de la thérapie préventive, il y aura un long chemin à parcourir, mais cette première étape est importante et laisse imaginer au chercheur que "Un simple comprimé pourrait un jour neutraliser le risque d'apparition tardive de la maladie d'Alzheimer".
Par la rédaction d'Allodocteurs.fr
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.