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À Ramallah, des DJ mixent à leur balcon pour faire danser les habitants malgré le coronavirus

Un couvre-feu a été instauré dans le siège de l’Autorité palestinienne en raison de l'épidémie de Covid-19. Pourtant, la vie nocturne, qui fait la renommée de la ville, continue.

Article rédigé par franceinfo - Alice Froussard, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
À Ramallah, la vie nocturne continue d'être animée malgré le couvre-feu imposé en raison de l'épidémie de coronavirus, le 23 avril 2020. (ALICE FROUSSARD / RADIO FRANCE)

De la musique électro, du hip-hop, les dernières sorties du moment ou encore des grands classiques de la musiques arabe : peu importe où vous habitez, à Ramallah, vous pouvez ouvrir vos fenêtre et faire la fête le jeudi soir, grâce aux DJ qui mettent l'ambiance depuis leur balcon, en pleine pandémie de coronavirus.

C’est Raed Jaser, la trentaine, qui a eu cette idée. En temps normal, il organise des soirées. Aujourd'hui, c'est sur son balcon qu'il se prépare. "Beaucoup de gens s’ennuient de rester chez eux aussi longtemps, alors on a décidé de faire un événement qu’on a appelé 'Flash-mob Covid-19'," explique-t-il. 

L’idée, c’est d’inviter les habitants à sortir sur leur balcon, sur leurs toits, et des DJ mixent pour eux : cinq DJ dans cinq quartiers de Ramallah.

Raed Jaser

à franceinfo

Il y a même des DJ dans le quartier d’Al Masyoun, près des hôtels transformés en centre de quarantaine pour les malades du coronavirus. En tout cas, les habitants sont réceptifs : certains chantent, applaudissent, dansent, d’autres se contentent d’écouter, accoudés à leur balcon, une Taybeh à la main (la bière locale palestinienne).

De la vie malgré le couvre-feu

L’idée, c’est surtout de montrer que, même pendant un couvre feu à Ramallah, il y a de la vie, et que les habitants peuvent partager la musique avec leurs voisins. La première session a eu lieu fin mars. Un essai, et énormément de retours positifs. L'évènement est devenu hebdomadaire, coordonné avec la police palestinienne et la municipalité. Les quartiers choisis sont les moins conservateurs, ceux où il y a le plus de jeunes.

Sur le balcon de Raed, l’organisateur, là où mixe l’un des DJ, nous sommes à quelques mètres de la Moqata3a, le palais présidentiel palestinien. Mais Ramallah est un oasis de liberté dans le conservatisme des Territoires palestiniens. Une ville en pleine effervescence, avec une vie culturelle intense où l’on retrouve la jeunesse palestinienne branchée, engagée, celle qui a aussi fait ses études à l’étranger.

La majorité des habitants viennent aussi d’autres villes de Cisjordanie. Cela veut dire moins de poids familial, plus de liberté, et donc plus de possibilités. Si le confinement continue, les organisateurs aimeraient faire la même chose dans d’autres villes palestiniennes, comme Jénine, Hebron, ou Naplouse. Cela risque d’être compliqué, ces villes étant bien plus conservatrices. En tout cas, Ramallah, étrangement calme et silencieuse par rapport à d’habitude depuis le début de la pandémie, retrouve un peu de vie… tous les jeudis.

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