Après un an de crise du Covid-19, l'assurance chômage au bord du gouffre en Italie
Le système d'assurance chômage a du mal à faire face à l'augmentation des demandes. Les indemnités prennent parfois plusieurs mois à être versées.
"En théorie j'aurais dû toucher le chômage. Mais entre mars et septembre, je n'ai rien eu !" À Rome, sur le Campo dei fiori, les vendeurs de fleurs et de fruits sont de retour, mais les restaurants restent fermés. Barbara, 25 ans, est employée depuis septembre dans un magasin récemment reconverti dans la vente de masques. Mais pendant plusieurs mois, elle était au chômage, sans le sou.
En Italie, près d'un an après le début de la pandémie, la situation politique et économique devient inquiétante. Sur le front du chômage, d'importants retards sont constatés dans le versement des indemnités. Ils peuvent prendre plusieurs mois.
Des employeurs obligés d'avancer l'allocation chômage
"J'ai vécu sur mes économies et j'ai fait ce que j'ai pu, explique Barbara, ma famille m'a aidée, et puis j'ai reçu toutes mes indemnités en novembre. J'étais pourtant en règle depuis le début, mais j'ai dû attendre l'Inps."
L'Inps, c'est en quelque sorte le Pôle emploi italien, l'organisme chargé de verser les allocations chômage. Mais parfois, ce sont les employeurs qui doivent avancer l'argent. Dans le Trastevere, Paola Manco tient une pizzeria qui ne peut plus faire que de la vente à emporter.
Elle a six employés qu'elle a payés de sa poche lors du premier confinement : "Heureusement on a pu aider nos employés, on leur a avancé le chômage entre mars et mai. Ensuite, toutes les indemnités sont arrivées en même temps. C'était un peu compliqué à gérer, mais maintenant le système est quand même devenu plus fluide."
Des milliers d'indemnités en attente
Sauf que les retards continuent de s'accumuler, selon les propres chiffres de l'Inps. Guglielmo Loy est syndicaliste, il est le président du conseil de vigilance de l'organisme : "Il y a encore plus de 100 000 demandes d'allocations en attente. Il faut en moyenne deux à trois mois pour obtenir les indemnités, mais certains peuvent attendre jusqu'à quatre ou cinq mois..."
"Ce sont des gens qui n'ont pas d'autres revenus pour vivre, qui ne peuvent pas se permettre d'attendre. Je pense qu'il faut des mesures administratives urgentes pour répondre à ces problématiques !"
Guglielmo Loy, président du conseil de vigilance de l'Inpsà franceinfo
Dans ces 100 000 demandes en attente, il peut parfois y avoir plusieurs salariés regroupés. Cela pourrait donc représenter plusieurs centaines de milliers d'indemnités. Selon la Banque d'Italie, les salariés au chômage ont perdu en moyenne 27% de revenus l'an dernier. Le gouvernement a pour l'instant interdit les licenciements en Italie.
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