"Beaucoup de souffrance et de fatigue psychique" : 150 000 hommes de la marine marchande bloqués en mer à cause du coronavirus
De nombreux équipages de marine marchande et de bâteaux de croisières se retrouvent aujourd’hui isolés, au large, sans savoir quand ils pourront retrouver la terre ferme.
Plusieurs dizaines de milliers de marins sont actuellement bloqués en mer à cause de l'épidémie de coronavirus : les normes sanitaires strictes mises en place compliquent considérablement la tâche des compagnies pour assurer leur relève. Sentiment d’abandon, dépression : trois cas de suicide ont récemment été constatés par les autorités maritimes. Cette épreuve psychologique, conséquence de la pandémie, est souvent très dure à vivre pour les gens de mer.
>> Retrouvez les dernières informations sur l'épidémie de Covid-19 dans notre direct
Cela fait 66 jours que Caio Saldanha, musicien de 31 ans, tourne en rond à bord d’un navire de la compagnie Royal Caribbean. "C’est angoissant, on est totalement impuissant et le fait qu’il y ait eu des suicides sur d’autres bateaux, ça nous inquiète vraiment."
On a l’impression de ne plus appartenir à cette Terre, d’être des pions de la compagnie.
Caio Saldanha, employé sur un navire de la Royal Caribbean
Ces employés de compagnies maritimes ont pourtant l’habitude de vivre au milieu des mers. "Il n’y a pas que l’isolement. Avoir une date de fin ça permet de se projeter, explique Camille Jégo ,dirige le dispositif d’aide psychologique en mer de Saint Nazaire. Il y a eu beaucoup de souffrance du fait que les ports ferment les uns après les autres et que les possibilités de relève s’amenuisent. C’est très fatigant psychiquement."
"Un grand bazar"
Pour la relève comme pour le débarquement de l’équipage, des discussions, des autorisations sont nécessaires entre les pays, avec les autorités portuaires. Chaque marin est un cas particulier, observe Jean-Marc Lacave, délégué général des Armateurs de France : "Vous avez des endroits où d’un port à l’autre, dans le même pays, la situation ne se règle pas de la même façon. C'est un grand bazar." Un gigantesque casse-tête pour les compagnies et une attente infernale pour les 150 000 marins immobilisés au large.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.