"C'est le dixième hôpital que j'appelle..." : à Paris, un centre de régulation tente de répartir les maigres places en réanimation pour les malades du coronavirus
Comment trouver des lits de réanimation, pour soigner les malades les plus graves du coronavirus ? C’est le nerf de la guerre, en ce moment, particulièrement en Île-de-France.
Toute la journée, les opérateurs répètent inlassablement le même message au téléphone : "Bonjour, c'est la régulation Covid du Samu, je voulais savoir s'il est possible de vous envoyer un patient. Il est âgé de 64 ans. Il est intubé et ventilé". Malheureusement, souvent, la réponse est également trop souvent la même : "Vous êtes complets, avec trois patients déjà intubés sur les trois possibles. Bon, très bien, merci". La vague de malades du Covid-19 a bien touché l'Île-de-France : les services de réanimation sont saturés partout.
L’idée de ce centre de régulation, situé dans les locaux du "campus" de l’AP-HP, à l’hôpital Rothschild, est de soulager les services de réanimation déjà pleins en s’occupant de leur trouver des lits disponibles. Ces multiples tentatives prennent beaucoup de temps, les places se font extrêmement rares. Sur les 1 700 places environ que comptent les services de réanimation d'Île-de-France, une poignée sont encore disponibles (et pas très longtemps). C’est donc un flux extrêmement tendu, chaque site n’ayant qu’une ou deux places, très vite prises.
Une cellule qui fonctionne 24h/24
"Il est intubé et cela fait une demi-heure que j'essaie de lui trouver une place, mais il n'y en a plus du tout dans le département du Val d'Oise. J'ai essayé également dans toute la Seine-et-Marne, à Fontainebleau, Montereau, Nemours... Impossible de trouver une place", se désole Caroline Semama, qui bataille au téléphone. "Je vais essayer d'appeler à Tournan", explique-t-elle avec une once d'espoir. Une clinique privée se trouve là-bas.
Pour ce patient-là, j'en suis à dix tentatives, dix coups de téléphone.
Caroline Semama, chirurgienne affectée au centre de régulationà franceinfo
Caroline Semama est habituellement chirurgienne orthopédiste, en clinique. En ce moment, elle n’a donc plus d’activité, puisque toutes les opérations non urgentes ont été reportées. Elle passe beaucoup de temps dans cette cellule de régulation. Six volontaires se relaient, toutes les six heures, 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Beaucoup sont chirurgiens ou professeurs et acceptent de donner de leur temps.
Entre 5 minutes et 1h30 pour trouver une place
Sur leur écran d’ordinateur, ils peuvent constater le nombre de places de réanimation en temps réel, car il ne faut pas perdre une minute lorsqu'un patient attend une place. Alors les mots se font courts, presque télégrahiques : "Ambroise Paré, 2 places, mise à jour à 15h42, il y a cinq minutes, ça vaut le coup d'essayer", lance ainsi Christophe Leroi, l’un des coordinateurs de la salle.
Tous les établissements de santé de l’Ile de France participent à ce "pot commun" : hôpitaux publics, cliniques privées... Mais cela ne suffit pas toujours et l’angoisse de ne pas trouver de place est obsédante : "Je ne sais pas s'il va pouvoir tenir deux heures aux urgences...", explique ainsi au téléphone une opératrice.
En général, il faut à ces opérateurs, pour le moment, entre 5 minutes et 1h30 pour trouver une place en réanimation.
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