"Ça va être très difficile de repartir" : familles et professeurs s'interrogent sur la réouverture des écoles à partir du 11 mai
Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé lundi 13 avril que le déconfinement se fera par étapes, à partir du 11 mai. Parmi les premiers établissement à rouvrir leurs portes : les crèches, les écoles, les collèges et les lycées.
Il étaient les premiers à devoir rester à la maison, plus de 12 millions d’élèves vont progressivement retrouver le chemin des classes à partir du 11 mai. Lors de son allocution télévisée sur la crise sanitaire du coronavirus, Emmanuel Macron a assuré ce lundi 13 avril que les crèches, les écoles, les collèges et les lycées pourraient rouvrir progressivement dans quatre semaines. Une annonce plutôt inattendue après différents avis scientifiques pour prolonger la fermeture des établissements scolaires. La mesure ne fait pas non plus l'unanimité parmi les familles et les professeurs.
>> Coronavirus : suivez l'évolution de la crise sanitaire dans notre direct
Cette annonce était inattendue de nombreux Français qui ont suivi l'allocution présidentielle. Assise à côté de ses deux enfants, Corinne, institutrice dans deux écoles à Paris, ne s’attendait pas du tout à retourner en classe aussi vite. "Là, je suis interdite", lâche l'enseignante qui tablait sur une fermeture longue des établissements scolaires et ne croyait pas possible un retour à l'école avant l’été. "Ça va à revers de tout ce qu'ont fait les autres pays. Dans les rapports et les avis des scientifiques, la fermeture des écoles c'est tellement important ! Les enfants étant porteurs sains, c'est vraiment la dernière chose que l'on rouvre. C'est très étonnant."
Même étonnement à plusieurs centaines kilomètres de là. En Haute-Savoie, Maryse, Marc et leur fille Melly, 16 ans, ne s'attendaient pas à une telle annonce. Les parents ont du mal à y croire, en tout cas ils se posent de nombreuses questions. "Ce qui est étonnant, c'est que les écoles ont été fermées en premier, sous-entendu que c'était des lieux de propagation importants, et là on les rouvre en premier, c'est là-dessus qu'il y a une petite surprise", estime le père de famille.
Comment réadapter les établissements ?
Les propos du chef de l’État sur l’aménagement de règles particulières pour revenir à l’école ne rassurent pas Corinne, qui doit gérer 20 élèves en CE2 et 28 en CM2. "On est 28 dans une toute petite classe, les élèves sont à 50 centimètres les uns des autres. On n'a aucun moyen de les mettre à une distance respectable. Sur le plan matériel, c'est inimaginable."
Melly doute elle aussi de la capacité de son établissement à s'adapter aux nouvelles règles sanitaires. "On ne peut pas passer de 'Tous chez soi' à se retrouver dans un lieu à plusieurs centaines, collés à la récré, dans des classes. Et même s'ils veulent réadapter, ça va être compliqué de tout réaménager, de tout réadapter pour un mois, pour revoir les emplois du temps, c'est incohérent", déplore la lycéenne.
On a un peu l'impression qu'on rouvre les garderies.
Corinne, professeure des écoles
"Retrouver des gens, pouvoir ressortir ça a des bons côtés", se réjouit toutefois Melly. La reprise des cours le 11 mai prochain, "moi je reste sceptique sur ça" , réagit sa mère. "Il va falloir remobiliser les troupes, car les cours à distance ce n'est pas aussi bien que les cours sur papier, donc je pense que ça va être très difficile de repartir", estime Maryse.
Depuis un mois, Corinne fait la classe à distance pour ses élèves et pour ses deux enfants. "On ne rouvre pas le supérieur. On rouvre les écoles mais en considérant que c'est des garderies. Les gens vont pouvoir retourner travailler." Seul point positif selon l'enseignante : elle va pouvoir renouer le fil avec la poignée d’élèves que cette période fragilise.
Une reprise des cours le 11 mai dépend de toute façon de l'évolution de l'épidémie. "Le déconfinement, le 11 mai, n’est pas une certitude mais un objectif", a précisé le ministre Christophe Castaner, ce mardi 14 avril.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.