Colonies éducatives, "parcours buissonniers", écoles ouvertes... A quoi vont ressembler les vacances de vos enfants ?
Le ministère de l'Education a dévoilé samedi son dispositif "vacances apprenantes". Il doit permettre aux enfants de rattraper d'éventuelles lacunes pédagogiques causées par le confinement, tout en se divertissant.
"L'été 2020 sera différent de tout ce que nous avons connu". Jean-Michel Blanquer l'a assuré à Ouest-France. Le ministre de l'Education a dévoilé samedi 6 juin son mode d'emploi pour les vacances estivales des enfants, pendant lesquelles s'appliqueront des règles sanitaires imposées par la pandémie de coronavirus.
Jean-Michel Blanquer souhaite que "tous les enfants puissent partir et s'amuser tout en rattrapant une partie de ce qui n'a pas pu être fait pendant l'année scolaire". Entre écoles ouvertes et "parcours buissonniers", franceinfo fait le point sur ce qui attend les jeunes cet été.
Des "vacances apprenantes" et des écoles ouvertes
Le dispositif "vacances apprenantes" doit permettre à un million d'enfants d'avoir accès à un été plus studieux pour rattraper une partie du retard accumulé pendant la période de confinement.
Pour ce faire, le ministre de l'Education table en partie sur l'ouverture estivale de 2 500 établissements scolaires (de la primaire au lycée) dans les villes et les territoires ruraux. L'emploi du temps devrait comprendre un renforcement scolaire, le matin, et des activités culturelles et sportives, l'après-midi. Le ministre espère que 400 000 élèves pourront en bénéficier, contre 70 000 aujourd'hui. Par ailleurs, les modules de soutien scolaire, gratuits, seront renforcés à la fin du mois d'août "pour que les élèves puissent se roder avant la rentrée scolaire et rattraper éventuellement des choses".
Ce rattrapage pédagogique nécessitera la présence de 25 000 membres du personnel encadrant, soit cinq fois plus qu'aujourd'hui. Le ministre "compte sur la mobilisation" des partenaires associatifs de l'Education nationale "comme sur celle des professeurs", a-t-il indiqué à Ouest-France.
Pour les plus grands, le ministre de l'Education a expliqué sur BFMTV vouloir mettre en place un "été pro".
Certains lycées professionnels seront ouverts avec des ateliers de cuisine, de menuiserie, de charpenterie...
Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Educationsur BFMTV
L'initiative rendra possibles certains rattrapages, tandis que les "élèves n'étant pas en vacances [pourront] quand même avoir des activités", a détaillé Jean-Michel Blanquer.
Des "parcours buissonniers" et des colonies éducatives
Outre les écoles ouvertes, les enfants pourront s'inscrire dans des "parcours buissonniers". "Ce sera une façon très originale d'inventer de nouvelles colonies de vacances, en petits groupes", a affirmé le ministre de l'Education sur BFMTV. Ce dispositif permettra à des jeunes de moins de 17 ans de partir "à la campagne ou en zone littorale, à la découverte de la nature et du patrimoine local". Ils seront hébergés en internat ou dormiront sous une tente. Quelque 50 000 enfants devraient bénéficier de ces séjours courts. Parmi eux, 10 000 pourront "être pris en charge par la Fédération du scoutisme français", s'est réjoui Jean-Michel Blanquer dans Ouest-France.
L'État financera également 300 000 places en centres de loisirs et 250 000 en colonies de vacances apprenantes.
Nous développons aussi des contenus éducatifs dans les colonies de vacances (...) pour que les enfants aient par exemple des apprentissages en français, en mathématiques mais aussi en langues
Jean-Michel Blanquersur franceinfo
Ces places seront réservées en priorité aux familles les plus modestes. Interrogé par franceinfo, le ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, a ainsi souhaité que "200 000 enfants viennent des quartiers prioritaires, parce que dans ces quartiers le confinement a été particulièrement difficile".
Du côté des organisateurs, le doute persiste quant à la faisabilité de l'ensemble de l'opération. "On a un peu de mal à comprendre comment organiser des colonies apprenantes en moins d'un mois", a confié Olivier Ducelier, membre de l'Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et formation en langues (Unosel), qui regroupe plusieurs responsables de colonies de vacances.
Une plateforme ouvrira vendredi prochain sur le site du ministère de l'Education, afin de permettre aux familles de voir ce qui est proposé près de chez elles, et pour que les communes inscrivent des groupes.
Un protocole sanitaire pour les structures d'hébergement
Les colonies de vacances pourront donc de nouveau accueillir des enfants à partir du 22 juin, aussi bien dans les départements orange que verts. Toutefois, la pandémie de coronavirus impose des règles strictes, détaillées dans un protocole sanitaire relatif à la reprise des accueils collectifs de mineurs avec hébergement (PDF), publié lundi 8 juin.
Le nombre d'enfants hébergés dans les colonies ne sera pas limité, mais les organisateurs devront "tenir compte du respect de la distanciation sociale et des gestes barrières". Le port du masque ne sera obligatoire que pour lesencadrants et les enfants de plus de 11 ans, "lorsque la distanciation physique n'est pas possible". Les activités seront organisées par petits groupes de 15 enfants, et ces derniers devront se laver les mains avant et après les échanges d'objets (ballons, crayons, jouets, etc.)
En outre, les lits devront être espacés d'un mètre. Les lits superposés seront autorisés, à condition que les enfants soient couchés tête-bêche. Les chambres seront aérées plusieurs fois par jour. Pour les nuits à la belle étoile, il sera possible pour les enfants de dormir sous des tentes, à condition qu'elles permettent le respect des règles de distanciation physique.
Enfin, "la restauration doit être envisagée sous forme de panier ou de plateaux-repas" distribués aux enfants. Dans les cas où une telle organisation n'est pas possible, l'accès aux réfectoires devra se faire en limitant au maximum les files d'attente.
Certains organisateurs de colonies de vacances et de centres de loisirs pointent du doigt la lourdeur d'un tel protocole. Il "est difficilement réalisable", estime Emeline Midol, directrice d'un centre de loisirs dans le Doubs, auprès de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
[Le protocole sanitaire] complique les caractères éducatifs du vivre-ensemble et de la mixité sociale dans les colonies.
Emeline Midol, directrice d'un centre de loisirs dans le Doubsà France 3 Bourgogne-Franche Comté
"Il est probable qu'une majorité des adhérents n'organiseront pas de colonie cet été, malheureusement et avec beaucoup de regrets", déplore de son côté Olivier Ducelier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.