À vrai dire. Covid-19 : la Suède est-elle un modèle à suivre ?
Dans la lutte contre la Covid-19, la Suède est souvent citée en exemple. Pour beaucoup de publications sur les réseaux sociaux, l'épidémie y serait mieux maitrisée malgré l'absence de confinement et de masque. Pourtant, ce pays nordique fait partie des vingt pays enregistrant la plus forte mortalité au monde, proportionnellement à la population. Par ailleurs, les Suédois se sont imposés une sorte d'auto-confinement. Explications dans [À vrai dire] de TV5MONDE.
Voici ce qu'on lit beaucoup sur les réseaux sociaux : "La Suède sans masque et sans confinement s'en tire vraiment mieux que nous" ou "La Suède n'a eu aucun confinement, aucun masque et ça va mieux là-bas qu'ici".
Regardons d'abord les chiffres. La Suède fait partie des vingt pays enregistrant la plus forte mortalité au monde : en moyenne, 66 morts pour 100 000 habitants. Le chiffre est malgré tout inférieur à celui de la France : 80 morts pour 100 000 habitants.
La France, où deux confinements et le port du masque ont été imposés. Alors est-ce à dire que ces mesures n'ont servi à rien ? Et que les Suédois ont continué à vivre comme si de rien n'était ?
En réalité, ce n'est pas du tout le cas. Le gouvernement suédois n'a pas milité pour le masque sanitaire. Il est rarement porté dans les rues de Stockholm. Mais les habitants ont une autre tactique, selon Ulrika Björkstén, journaliste scientifique à la Radio publique suédoise : "C'est évident que les gens (NDLR : en Suède) font très attention à garder la distance recommandée. On est dans une ville très étendue par rapport à Paris, on n'a pas le même genre de foules, c'est assez facile à Stockholm de garder la distance physique."
Autre point : le confinement. Il n'a jamais été rendu obligatoire mais les autorités sanitaires l'ont très fortement recommandé.
Pour Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale, à Genève, "les Suédois ont une très bonne recherche, de très bons "académiques" et lorsqu'ils délivrent une recommandation, le peuple les écoute. Il n'attend pas la force de la loi. Par exemple, on n'a pas fermé les bars et les restaurants mais les bars sont très souvent fermés. Et quand ils sont ouverts, il y a 25% d'affluence".
Dans les faits, la chute de fréquentation des lieux publics en Suède a été très comparable à celle de pays confinés.
Les Suédois n'ont réalisé que 45% de leurs déplacements habituels fin novembre. Ce n'est pas beaucoup plus que les 32 ou 33% constatés à Paris, Barcelone ou Bruxelles par l'application Citymapper.
Quant aux lieux de travail : la fréquentation a chuté de 27% ces derniers jours en Suède. Exactement la même baisse constatée en France, selon les statistiques de Google.
Ulrika Björkstén ajoute que "la description qu'il n'y a pas eu de mesures est fausse. Il y a eu un grand abaissement des contacts entre les gens, dans les transports publics de Stockholm, le métro était vide. J'ai dû le prendre dans certaines situations, et le wagon était complètement vide, on était seul dans un wagon. Alors il est clair que les gens ont respecté les recommandations."
Des Suédois très disciplinés dans un pays peu dense. On pourrait donc imaginer que la mortalité aurait pu être bien inférieure avec des mesures contraignantes. C'est en tout cas ce que semble montrer les pays voisins, la Finlande et la Norvège avec respectivement 7 et 6 morts pour 100 000 habitants dans ces deux pays.
Pour résumer : les Suédois ont pratiqué une forme d'auto-confinement depuis le mois de mars, certes beaucoup moins drastique qu'en France ou qu'en Espagne. Ils auraient pu obtenir de meilleurs résultats encore si on compare avec les Norvégiens ou les Finlandais.
Des mesures plus restrictives ont d'ailleurs été annoncées par le gouvernement suédois ces dernières semaines, alors que l'épidémie repartait à la hausse.
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