Covid-19 : ce que l'on sait de la situation en Martinique, reconfinée, et en Guadeloupe, où un couvre-feu est décrété
Ces mesures sanitaires font suite à la forte dégradation des indicateurs épidémiques et à la difficulté des hôpitaux à faire face, dans des territoires où la population est peu vaccinée.
Alors que l'Hexagone se prépare à l'extension du pass sanitaire et s'inquiète de la dégradation des indicateurs de la pandémie, des mesures plus drastiques ont été annoncées, mercredi 28 juillet, dans plusieurs territoires français. Un confinement va être mis en place en Martinique à partir de vendredi soir, s'ajoutant au couvre-feu déjà en vigueur. En Guadeloupe, un couvre-feu sera instauré ce week-end pour trois semaines, et l'état d'urgence sanitaire a été déclaré, tout comme à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.
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Ces annonces mettent en lumière la situation particulière de ces quatre territoires des Antilles. Franceinfo vous explique les mesures prises et l'évolution locale de la pandémie de Covid-19.
La Martinique confinée pour trois semaines
Un nouveau confinement débutera vendredi à 19 heures en Martinique, pour au moins trois semaines, a annoncé le préfet, Stanislas Cazelles, mercredi. Il a promis "une clause de revoyure mi-août". L'île était déjà en état d'urgence sanitaire et un couvre-feu y était en vigueur entre 21 heures et 5 heures du matin. Il débutera désormais à 19 heures. Les voyageurs en provenance de l'Hexagone doivent justifier d'une vaccination ou d'un motif impérieux.
En journée, les Martiniquais devront se munir d'une attestation justifiant d'un motif impérieux pour se déplacer au-delà d'un rayon de 10 km autour de leur domicile (que l'on peut visualiser sur le site Géoportail). Cette attestation est en ligne sur le site de la préfecture. Sur la plage, la préfecture leur recommande de rester en mouvement.
Les restaurants et salles de sport, où le port du masque n'est pas permanent, vont fermer. Les activités culturelles, en revanche, pourront se poursuivre. Les commerces resteront ouverts, "compte tenu de la bonne application du port du masque", a justifié le préfet. Il a par ailleurs recommandé de privilégier le télétravail. La liste complète des nouvelles règles est accessible sur le site de la préfecture.
La Guadeloupe sous couvre-feu, deux îles voisines en état d'urgence sanitaire
L'état d'urgence sanitaire a été déclaré par le gouvernement en Guadeloupe, à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, mercredi à minuit (il l'avait été le 14 juillet à la Martinique et à La Réunion, et était toujours en vigueur en Guyane). Ce régime d'exception est nécessaire pour prendre des mesures de restrictions de la circulation comme le confinement ou le couvre-feu.
Ce dernier va être instauré à partir de vendredi soir, pour trois semaines, et sera en vigueur entre 21 heures et 5 heures du matin. Les activités sportives sur la voie publique sont limitées à 50 participants, au lieu de 500 à l'heure actuelle. Par ailleurs, les voyages depuis l'Hexagone nécessiteront un motif impérieux à partir de lundi pour les personnes qui ne sont pas vaccinées.
La préfecture de Saint-Martin et Saint-Barthélemy n'a pas encore annoncé quelles dispositions allaient être prises en conséquence de l'état d'urgence sanitaire.
Une forte hausse du nombre de cas positifs
Ces mesures locales aux Antilles s'expliquent par une situation épidémique plus compliquée qu'en France. En Martinique, les différents indicateurs, visibles sur ce tableau de bord du gouvernement, sont au rouge. Le taux d'incidence connaît une hausse spectaculaire, et s'élevait dimanche (selon le dernier chiffre disponible) à 995 cas pour 100 000 habitants, contre 629 une semaine plus tôt. Il y est le plus élevé de France, où l'incidence moyenne est de 191. Le taux de positivité des tests est aussi très élevé en Martinique, à 16,5% samedi dernier, même s'il a légèrement baissé en quelques jours.
En Guadeloupe, l'incidence est pour l'instant plus faible (290 cas pour 100 000 habitants dimanche), mais son explosion est encore plus inquiétante : elle a plus que triplé en une semaine (86,8 le dimanche précédent). Le taux de positivité des tests est passé dans le même temps de 2,67% à 4,13%. "Nous avons devant nous un pic épidémique d'une brutalité que l'on n'avait jamais vue en Guadeloupe", a alerté le préfet jeudi sur franceinfo, tout en rappelant que la population de Guadeloupe, "vieillissante et dont un quart est atteinte d'affections de longue durée", était "très fragile" face au virus.
La situation n'est pas meilleure dans deux autres départements d'outre-mer également placés en état d'urgence sanitaire : en Guyane, le taux d'incidence est de 243,6 et à La Réunion, il atteint 322,81 et a presque doublé en une semaine. Un confinement partiel en journée, renforcé d'un couvre-feu, sera également mis en place dans l'île de l'océan Indien à partir de ce week-end.
En Martinique, un CHU saturé
Davantage encore que les indicateurs épidémiques, c'est la situation hospitalière qui est mise en avant pour justifier le recours au reconfinement en Martinique. "Le CHUM [Centre hospitalier universitaire de Martinique] a atteint un niveau de saturation", écrit la préfecture dans son communiqué mercredi. L'occupation des lits de réanimation atteignait mercredi 115,4% des capacités habituelles, alors qu'elle était de 50% une semaine plus tôt. En un mois, le nombre d'hospitalisations quotidiennes a été multiplié par dix. Le CHUM et l'Agence régionale de santé (ARS) ont lancé un appel aux professionnels de santé pour venir "renforcer les équipes hospitalières."
En Guadeloupe, l'effet de la hausse des contaminations "est encore mesuré, mais on sait qu'il va arriver très vite, a prévenu le préfet jeudi. Les appels aux urgences ont été multipliés par dix en une semaine", explique-t-il. Le taux d'occupation en réanimation était de 81,5% mercredi, contre 51,9% une semaine plus tôt. Le plan blanc a été déclenché lundi, permettant d'ouvrir huit lits de réanimation supplémentaires sur l'île.
Comme la Martinique, la Guadeloupe a demandé l'aide de la réserve sanitaire, et devrait recevoir des renforts à partir du 2 août. Jeudi, le président de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, a affirmé sur RTL que "quelques" malades pourraient y être transférés "dans les prochains jours".
Une vaccination encore peu répandue
Si le préfet de la Guadeloupe voyait dans la reprise épidémique le résultat d'un "relâchement assez évident" dans le respect des gestes barrières, la faible couverture vaccinale de l'île, et celle des autres territoires fortement touchés, joue un rôle dans la situation. Au 25 juillet, 20% de la population avait reçu au moins une dose d'un vaccin contre le Covid-19 en Martinique et en Guadeloupe (ainsi qu'en Guyane). En dehors de l'outre-mer, aucune région n'affiche un taux inférieur à 57%.
"Il y a un rejet qui est complexe à comprendre", note le préfet de Guadeloupe Alexandre Rochatte. En avril, outre une méfiance plus grande vis-à-vis de la vaccination, le nombre plus faible de doses livées à ces départements était dénoncé. Une explication qui ne tient plus aujourd'hui, assure le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune, jeudi sur LCI : "Il n'y a pas de problèmes de doses nulle part en France. (...) Dans la diversité de nos territoires, on ne convainc pas forcément de la même façon".
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