"Pour décembre, on ne sera pas en situation d'ouvrir", estime Francis Peduzzi, directeur du Channel, théâtre à Calais
Emmanuel Macron a indiqué que les salles de spectacle, cinémas et théâtres vont pouvoir rouvrir le 15 décembre, à la fin de la période de confinement. Une annonce qui était attendue par les professionnels du secteur. Néanmoins le directeur du Channel à Calais pense que le mois de décembre sera aussi perdu pour ce théâtre labelisé Scène nationale.
Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé mardi 24 novembre que les salles de spectacles et les cinémas vont pouvoir rouvrir le 15 décembre mais "les choses ne sont pas si simple que ça", a tempéré Francis Peduzzi, directeur du Channel, un théâtre labellisé Scène nationale à Calais, invité de franceinfo ce mercredi. "Pour décembre, on ne sera pas en situation d'ouvrir parce qu'il y a encore trop d'inconnues, trop de choses qui nous échappent", a-t-il affirmé. "Pour les premiers spectacles de janvier, on verra". Francis Peduzzi attend de "savoir quelles seront les conditions de réouverture" pour les théâtres et cinémas.
franceinfo: Êtes-vous prêts pour la réouverture, annoncée par le président le 15 décembre pour les théâtres et cinémas ?
Francis Peduzzi: Les choses ne sont pas si simples que ça, en tout cas pour le Channel. Nous sommes un lieu où la venue au spectacle n'est pas le seul enjeu. Nous avons une librairie, un restaurant et la venue au spectacle relève de quelque chose d'un peu extraordinaire et exceptionnel. Donc, déjà, il y a en premier lieu comme une amputation. Mais au-delà de ça, je pense que ce qui est important, ce sont les paramètres, c'est-à-dire la manière dont les choses vont s'appliquer, qui sont jusqu'à présent de la responsabilité des préfectures. Une chose comme la disposition des gens dans la salle permet, ou pas, de répondre à la possibilité d'ouverture d'une salle. Si par exemple il y a une distance physique d'un siège entre chaque spectateur, on réduit les jauges de moitié. Nous on est une salle de 500 places. Est-ce que ça vaut le coup de d'organiser la représentation pour 250 personnes en sachant qu'il y en a 250 qui ne pourront pas rentrer ?
Vous ne souhaitez pas rouvrir la salle de spectacle tant que tout le reste ne pourra pas rouvrir ?
C'est un enjeu parce que il y a deux manières de concevoir l'accueil des spectateurs. Soit c'est simplement de lui livrer un spectacle, presqu'un acte de consommation banal ou alors de lui offrir une expérience. Et nous, le lieu tel qu'on l'a imaginé, tel qu'on l'a conçu, c'est vraiment ça, il y une espèce de totalité qui fait qu'il y a un esprit, une atmosphère. C'est un peu plus que venir au spectacle, alors bon, on va composer avec la réalité. Mais toutes ces dimensions-là, on est obligés de les prendre en compte. On va bien analyser les choses, mais en tout cas pour décembre, on ne sera pas en situation d'ouvrir, parce qu'il y a encore trop d'inconnues, trop de choses qui nous échappent.
Quel horizon et quelles conditions vous fixez-vous pour pouvoir rouvrir ?
On devrait retrouver l'intégrité du lieu à partir du 20 janvier. Donc pour les premiers spectacles de janvier, on verra. La première chose que j'attends, c'est de savoir quelles seront les conditions de réouverture. Si on nous dit on peut rouvrir, mais que pour 100 personnes, ce n'est pas la même chose que si on peut faire une salle pleine. Si c'est une distance physique entre des familles ou entre les individus, comme c'était un moment le cas, ce n'est pas la même chose non plus. Et puis l'autre aspect c'est que j'ai aussi envie de retrouver très vite l'intégrité de ce lieu, ce qu'il est, sa nature profonde, son âme. Et ça je sais qu'on le retrouvera, normalement, vers le 20 janvier. Avant ça, on va essayer de composer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.