Reconfinement : pourquoi rallonger les vacances de février paraît compliqué... mais pas impossible
Face à la propagation des variants du coronavirus, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, suggère de rallonger d'une semaine les vacances d'hiver. Une option étudiée par le ministère de l'Education mais qui risque de poser des difficultés aux enseignants, aux élèves et à leurs parents.
Alors que le gouvernement étudie l'hypothèse d'un reconfinement, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy suggère de le coupler à un allongement des vacances de février pour ralentir la propagation des variants du coronavirus. "On peut imaginer de fondre toutes les zones en une seule, de décider de fermer les écoles trois semaines au lieu de deux, et de confiner sur cette période", explique-t-il, mardi 26 janvier, dans une interview à Libération. Les établissements scolaires ne rouvriraient qu'au début du mois de mars, dans le scénario proposé par le professeur Delfraissy. Mais cette fusion des zones A, B et C – une option qui fait partie "des pistes étudiées", explique le ministre de l'Education nationale – pose un certain nombre de difficultés pratiques.
Parce que les enseignants et les établissements ont besoin de temps pour s'y préparer
Toucher au calendrier scolaire, à dix jours du premier jour des vacances de la zone A, est un sujet extrêmement sensible pour les enseignants qui manifestent mardi pour demander, notamment, un plan d'urgence pour l'école. "On a à peu près une proposition par jour et on le voit sur le terrain, il est impossible de s'y préparer", déplore Guislaine David, co-secrétaire générale et porte parole du SNUipp-FSU, le syndicat du primaire. "Vous savez, les enseignants s'organisent dans leur progression tout au long de l'année", ajoute la syndicaliste. Du point de vue des enseignants, il n'est donc pas anodin de se priver d'une semaine de cours. Guislaine David se dit aussi inquiète pour les "difficultés" que cette semaine sans école supplémentaire représenteraient pour les familles.
"Il faut qu'on sache d'ici la fin de semaine. Le problème c'est le temps qui passe", plaide sur franceinfo Didier Georges, principal du collège La Grange-aux-Belles dans le 10e arrondissement à Paris, membre du syndicat SNPDEN-Unsa, le Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale. "S'il faut rallonger les congés, on le fera. Mais on n'a pas besoin de rallonger les congés, avance le chef d'établissement. Il suffit de déclarer qu'on se met en enseignement en distanciel pendant une semaine. On continue à travailler, on leur envoie des cours on leur fait faire des exercices". Didier Georges reconnaît toutefois que cette option d'une semaine de cours à distance entraînerait un "surplus de travail" pour les enseignants.
Parce que cela risque de "coûter cher" aux élèves
Une semaine de vacances en plus, c'est aussi, logiquement, une semaine de cours en moins dans une scolarité déjà bien perturbée par l'épidémie de Covid-19. "Ça n'aurait pas été nuisible si ça avait été tout à fait exceptionnel, pointe le principal de collège Didier Georges. La problématique, c'est que ces enfants-là n'ont pas eu de cours en présentiel de mars à juin, pour la majorité d'entre-eux, et que ça commence à faire beaucoup." "Ça va coûter aux élèves", abonde Guislaine David, du SNUipp-FSU. D'autant que certains, ayant parfois décroché de l'enseignement à distance lors du premier confinement, ont pris du retard dans leurs apprentissages.
Un allongement des vacances d'hiver pourrait se révéler particulièrement préjudiciable aux bacheliers. En effet, le ministre de l'Education nationale a annoncé jeudi que les épreuves de spécialité du bac 2021, qui devaient se dérouler en mars, seront finalement transformées en contrôle continu. Avec cette formule, chaque heure de cours supprimée est une chance de réussite en moins.
Parce que c'est un potentiel casse-tête pour les familles
Changer le calendrier des vacances scolaires risque également de chambouler l'organisation et les projets de nombreuses familles. Dans le cas où le ministère décidait, par exemple, d'étaler les trois semaines recommandées par Jean-François Delfraissy entre le 12 février et le 7 mars, tous les parents ayant pris des congés hors de cette période seraient contraints d'annuler ou de modifier leurs réservations et, surtout, de trouver un moyen de faire garder leurs enfants.
"Nous avons demandé aux différentes compagnies aériennes et à la SNCF de faire en sorte que les billets qui ont déjà été achetés soient échangeables, annulables, jusqu'à trois jours avant le départ pour la SNCF", indiquait Jean-Baptiste Djebbari ministre délégué aux Transports, lundi, sur franceinfo. Des plateformes de location proposent également des assurances annulation en raison du Covid-19.
La question de la garde des enfants semble, à priori, plus complexe. Toutes les familles n'ont pas les moyens de faire appel à un ou une baby-sitter. Si l'allongement des vacances était associé à un confinement, tel que le défend le président du Conseil scientifique, les entreprises pourraient être amenées à favoriser davantage le télétravail, comme ce fut le cas au printemps dernier lors du premier confinement. Les parents seraient donc à la maison pendant ces vacances de février rallongées pour leurs enfants, avec les contraintes que l'on connaît lorsqu'il faut gérer vie domestique et vie professionnelle. Mais quid des travailleuses et travailleurs des métiers dits essentiels ? Les soignants, mais aussi les caissières, éboueurs... Lors du premier confinement, leurs enfants avaient été accueillis dans des classes ouvertes spécialement pour eux. Rien ne dit que ce type de dispositif sera reconduit si le troisième confinement a lieu pendant les vacances scolaires.
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