"S'il avait un peu réfléchi avant, peut-être qu'on aurait évité ça" : la colère des Israéliens contre leur gouvernement après l'annonce du reconfinement du pays
Les autorités reconfinent le pays pour trois semaines face à l'augmentation de la circulation du coronavirus.
Le gouvernement israélien a décidé de reconfiner le pays pour trois semaines à partir du vendredi 18 septembre à 14 heures, pour freiner la nouvelle accélération du coronavirus. Sur les trois mois de première vague du Covid-19, il y avait eu 300 morts. Depuis trois mois, la deuxième vague en a quasiment fait trois fois plus. Neuf millions d'Israéliens sont concernés : interdiction de sortir à plus de 500 mètres de chez soi, écoles fermées, télétravail encouragé, commerces non essentiels fermés... tout cela alors que débutent les grandes fêtes juives.
La crise sanitaire mal gérée ?
À Jérusalem, les habitants sont très mécontents. Debbie sort d'une librairie, elle en veut beaucoup au gouvernement : "En Israël il y a le 'maintenant' et le 'plus tard'. Et maintenant nous voici aux jours de fête. Et soudain le gouvernement se réveille et réalise qu'il y a beaucoup de cas de coronavirus et donc il décide de tout fermer. Mais s'il avait un tout petit peu réfléchi avant, peut-être qu'on aurait évité ça."
David le libraire devra théoriquement fermer car il est considéré comme un commerce non essentiel. Mais il fera tout pour garder sa minuscule boutique ouverte . "Les gens ont toujours besoin de livres, surtout pendant le confinement, explique David. Vous ne pouvez pas tout le temps regarder la télé. C'est une situation difficile, on va essayer de rester ouvert, on va prendre les précautions, un seul acheteur à la fois et on offrira un bon service aux clients."
Coup dur pour les restaurants
Les restaurateurs, qui se remettent à peine du premier confinement devront aussi fermer et Yorav prévoit une période compliquée. C'est le patron de Yéoushouah, une des plus célèbres brasseries de Jérusalem. Il s'attendait à un gros chiffre d'affaires début d'octobre mais en sera privé. "Soukkot est la période la plus chargée pour nous. Donc là, c'est très mauvais, s'inquiète-t-il. Le restaurant va survivre, oui, on a les reins solides... Mais comment payer les employés ?"
La période des fêtes juives est toujours très intense en Israël avec Soukkot, la fête des cabanes, dans trois semaines, Kippour, le grand Pardon, dans deux semaines et ce week-end Rosh Hashana, la nouvelle année juive. Cette fois, chacun devra rester chez soi. Eshli, qui se promène avec sa mère en fauteuil roulant est très déçue : "Tous les parents seront seuls, comme à Pâques où on a eu la même histoire. Normalement c'est joyeux, on part en vacances en famille et là tout est annulé. À cause de la règle des 500 mètres, on ne pourra même pas aller dîner chez mes parents."
C'est très strict, très dur, très triste
Eshli, habitante de Jérusalemà franceinfo
La colère ne se limite pas à Jérusalem, beaucoup d’Israéliens ne font plus confiance au gouvernement. Dimanche soir, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou et sa famille se sont envolés pour Washington pour y signer les accords de paix entre Israël et Bahreïn et les Émirats Arabes Unis. Des dizaines de manifestants ont tenté, en vain, de l'empêcher d'accéder à l'aéroport de Tel Aviv.
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