Témoignages "J'étais dans la vie, pas dans la survie"... Quatre ans après, rencontre avec ces "nostalgiques" du confinement

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Emmanuel Macron fait des annonces à la télévision sur le coronavirus, le13 avril 2020. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)
Il y a quatre ans, Emmanuel Macron annonçait un confinement général de la population pour tenter de freiner l'épidémie de Covid. Franceinfo a rencontré des hommes et des femmes qui gardent un très bon souvenir de cette période.

On se souvient tous de ce moment : d'abord, la fermeture des crèches, des établissements scolaires et des universités, puis les lieux considérés comme "non essentiels"... Et enfin, le confinement. Nous étions alors le soir du 16 mars 2020. Pour la majorité des gens, le confinement qui avait décrété pour le 17 mars 2020 rappelle de mauvais souvenirs. Mais, pour d'autres, il représente une période dorée, hors du temps et propice à la réflexion et à la prise de décision. Franceinfo a rencontré trois "nostalgiques" de cette période.

Thierry, 55 ans, libéré du travail

"Une merveille". Voilà comment Thierry décrit le confinement qu'il a vécu il y a quatre ans. Ce fleuriste de 55 ans se souvient avec le sourire et les yeux qui brillent de ces semaines où il a dû rester cloîtré chez lui. "J'ai la chance d'avoir une maison avec un jardin à Bruxelles et, en plus, il a fait beau pendant cette pérode. J'ai pu m'occuper de mon jardin, m'occuper de moi, ne pas penser au travail, me recentrer, raconte-t-il avec émotion. Je suis à mon compte et j'étais content de ne pas avoir à rendre de comptes, ça devenait léger", confie Thierry.

"C'était un temps suspendu qui nous a enlevé de la réalité."

Thierry, fleuriste, 55 ans

à franceinfo

Thierry admet toutefois que "c'était une espèce de fausse légèreté", car les problèmes financiers existaient bien. "En Belgique, on n'a pas eu d'aides, mais je n'ai pas été malheureux du tout. Au contraire, ça m'a permis de prendre conscience qu'on pouvait vivre avec beaucoup moins", se souvient-il. Ce fleuriste qui voyage beaucoup pour son travail a eu l'impression, il y a quatre ans, de se rapprocher du mode de vie qu'avaient connu ses parents.

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"Je viens de la campagne et on vivait plus simplement. Ça a remis des pendules à l'heure", confesse Thierry. Pendant cette période "j'étais dans la vie, estime Thierry. Je n'étais pas dans la survie du système qui nous oppresse". Le fleuriste a le sentiment d'avoir, au contraire, quitté quelques temps une forme de prison. "Étant artisan indépendant, on est constamment en train de devoir payer sa liberté", regrette-t-il.

Khadija, 43 ans, libérée de son ex

Khadija, elle, est prise d'un rire franc lorsqu'on l'interroge sur son souvenir du confinement. "Pour moi, c'est un bon souvenir parce que je me suis séparée de mon ex", s'amuse-t-elle. C'est bien le confinement qui lui a permis de prendre cette décision assure cette agent de service de 43 ans. "C'était stressant de me retrouver tout le temps, tout le temps avec lui. Comme on a changé nos horaires pendant le confinement, quand j'arrivais il était là, quand je partais il était là parce que lui ne travaillait pas. Ça m'a poussé à prendre une décision", raconte-t-elle. Cette décision, Khajida la mûrissait depuis un moment, mais c'est bien cet aléa de la vie qui lui a fait sauter le pas.

"Je n'avais pas le courage, mais avec le confinement, je me suis dit 'je peux y arriver en fait'"

Khadija, 43 ans

à franceinfo

Son compagnon a finalement quitté le domicile "tout de suite", à la fin du confinement, se souvient-t-elle. Et Khadija ne dirait pas non à un nouveau confinement. "Parce que là au moins, je serai toute seule, sans personne pour me stresser, juste moi et mes enfants", lance-t-elle, bravache.

Théodore, 23 ans, retourné en enfance

Alors que plusieurs études montrent que la crise sanitaire a fortement affecté le moral des jeunes, Théodore, 23 ans, fait lui aussi figure de contre-exemple. Cet étudiant en théâtre avait 19 ans au début de l'épidémie de Covid, et l'annonce du confinement a été un vrai soulagement. "J'étais en école de théâtre, au cours Florent, j'avais une échéance pour une épreuve que je devais faire et j'avais une minute de prête sur 15", se remémore Théodore.

"On va dire que le destin m'a souri"

Théodore, 23 ans

à franceinfo

Au-delà de cette anecdote, Théodore considère que le confinement lui a été largement bénéfique. À cette période, il n'était pas certain du chemin qu'il souhaitait prendre dans ses études. "Ça m'a permis de prendre du temps, en réalité j'étais content" du confinement, lâche Théodore. "Je pense que ça sourit aussi aux gens qui n'ont pas beaucoup de vie sociale, qui n'ont pas énormément d'amis, qui n'ont pas des routines de sortie le soir. C'était mon cas, je suis un peu une taupe", confesse l'étudiant.

"Il y avait aussi le bénéfice de pouvoir se recentrer, ne rien faire, j'était pluôt apaisé en réalité", se souvient Théodore qui a aussi pris plaisir à se dédouaner de responsabilités. "C'est mon père qui me nourissait", se souvient-il. Pour Théodore, cette période de confinement a finalement pris la forme d'une régression bienvenue : "Pouvoir jouer à la console toute la journée chez moi ! Un délire d'enfant..."

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