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Violences intrafamiliales : 45 000 appels passés au 3919 pendant le confinement

Dans un rapport dévoilé mercredi, la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences dénombre près de 45 000 appels passés au 3919, numéro destiné aux femmes victimes de violences, entre le 16 mars et le 10 mai. Les points d'accueil dans les supermarchés ont de leur côté accompagné près de 500 personnes. 

Article rédigé par franceinfo
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29 400 appels ont été passés au 3919 en avril, trois fois plus que les mois précédents. (MARLENE AWAAD / MAXPPP)

Le 3919 a reçu près de 45 000 appels pendant le confinement entre le 16 mars et le 10 mai 2020, avec un pic à 29 400 appels en avril, soit trois fois plus que les mois précédents, révèle mercredi 29 juillet Élisabeth Moiron-Braud, la secrétaire générale de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), dans un rapport. Les points d'accueil dans les supermarchés ont permis d'accompagner près de 500 personnes, femmes, hommes ou enfants.

Selon ce rapport, alors que les victimes étaient confinées avec leurs agresseurs, les moyens de communication "silencieux" ont connu un "essor exceptionnel" : les signalements de violences sur les tchats ont été multipliés par 4,4 par rapport à la même période en 2019, et les signalements de violences intrafamiliales ont même été multipliés par 17. Par exemple, le tchat En avant toute(s) a participé à 370 conversations du 17 mars au 11 mai contre seulement 49 sur la même période en 2019. Par ailleurs, le nombre de sms reçus par le 114 a été multiplié par 3.

Sept femmes tuées par leur conjoint

Après la création de points d'accueil dans les pharmacies pour les victimes de violences intrafamiliales, 8 signalements ont été enregistrés, dont 5 ont donné lieu à des interpellations immédiates. En outre, jusqu'à 91 points d'accueil éphémères ont été mis en place dans des centres commerciaux pendant le confinement, surtout dans les régions Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, qui ont permis d'accompagner 412 femmes, 52 hommes et 33 enfants.

Le rapport indique que, pendant le confinement, 7 femmes ont été tuées par la personne avec laquelle elles étaient en couple, 6 hommes ont également été tués ainsi que 3 enfants. Les interventions des forces de l'ordre à domicile pour tout type de différend familial ont augmenté de 42% pendant cette même période par rapport à 2019, et sont toujours en hausse de 20% après le déconfinement. Au total, 2 900 faits de violences conjugales ont été enregistrés par les tribunaux durant le confinement, dont 430 ont déjà été jugés, mais le rapport rappelle que le fonctionnement de la justice était très altéré pendant la première vague de coronavirus.

Des outils à étendre et pérenniser

Les associations ont aussi aidé davantage de victimes, puisque le réseau d'associations France Victimes a pris en charge près de 12 500 personnes, contre 10 900 du 17 mars au 12 mai 2019, soit une hausse de 14%.

En conséquence, le rapport préconise d'étendre les horaires du 3919 pour qu'il soit disponible 7j/7 et 24h/24 - comme promis lors du Grenelle des violences faites aux femmes -, de maintenir le signalement des violences conjugales par sms au 114 alors que le dispositif était auparavant réservé aux personnes sourdes et malentendantes, de maintenir le signalement dans les pharmacies et former les pharmaciens, d'encourager la création de permanences dans les centres commerciaux, et de développer la communication du ministère chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes sur les applications Tiktok, Snapchat et WhatsApp pour atteindre les victimes les plus jeunes.

Dans un communiqué publié mercredi 29 juillet, la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno déclare que "les bonnes pratiques et initiatives innovantes prises durant cette période exceptionnelle" qui "ont fait leur preuve" devront être pérennisées "afin de toujours mieux repérer, protéger et accompagner les victimes".

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