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Coronavirus 2019-nCoV : comment la Chine s'isole du monde

Des frontières fermées, des liaisons aériennes coupées, des millions d'habitants confinés... Depuis le début de l'épidémie apparue en Chine, le pays se ferme progressivement. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP - Alice Galopin
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une rue vide à Hangzhou, à 175 kilomètres de Shanghai (Chine), le 5 février 2020. (NOEL CELIS / AFP)

Au fil des semaines, la Chine se confine, offrant des scènes dignes de films de science-fiction. Depuis l'apparition, fin décembre, de l'épidémie de coronavirus 2019-nCoV, à Wuhan, dans la province du Hubei, la Chine s'est progressivement coupée du monde.

Selon un dernier bilan fourni par les autorités chinoises, mercredi 5 février dans la soirée, plus de 24 000 personnes ont été contaminées par le virus dans le pays 560 personnes en sont mortes. Face aux critiques sur sa gestion de la crise, le gouvernement a reconnu des "défaillances" et a étendu les mesures de confinement et les restrictions. Usines à l'arrêt, liaisons aériennes et terrestres coupées, habitants cloîtrés chez eux... voici comment la Chine s'isole jour après jour.

Des villes confinées

Depuis le 23 janvier, la ville de Wuhan, d'où est partie l'épidémie, et ses 11 millions d'habitants, sont en quarantaine. Les rues, les gares et les transports en commun sont déserts. Dans la province du Hubei, où se situe Wuhan, un nombre grandissant de villes imposent des restrictions de déplacements à des dizaines de millions d'habitants supplémentaires.

Wuhan, épicentre du nouveau coronavirus, transformée en ville fantôme
Wuhan, épicentre du nouveau coronavirus, transformée en ville fantôme Wuhan, épicentre du nouveau coronavirus, transformée en ville fantôme

Dans le Henan, province limitrophe du Hubei, la municipalité de Zhumadian a ordonné qu'une seule personne par foyer soit autorisée à quitter son domicile, une fois tous les cinq jours, tout en promettant des primes en cas de dénonciation de personnes venues du Hubei, rapporte l'AFP. 

Les restrictions de déplacements ont récemment été étendues au-delà du foyer de l'épidémie. Trois grandes villes de la province du Zhejiang, à plusieurs centaines de kilomètres de Wuhan, ont ainsi imposé ces mesures à quelque 18 millions de personnes, depuis mardi. 

Dans certains arrondissements de Hangzhou, une métropole technologique et touristique située à 150 kilomètres de Shanghai, une seule personne par foyer est dorénavant autorisée à sortir tous les deux jours. "S'il vous plaît, ne sortez pas, ne sortez pas !", peut-on entendre dans des haut-parleurs, qui appellent également à dénoncer les personnes originaires du Hubei. 

Le confinement s'étend désormais à certaines lointaines régions industrielles du Nord-Est, aux confins de la Sibérie.

Des entreprises à l'arrêt

Paralysée par ces restrictions, l'économie chinoise pourrait être durablement pénalisée. Les habitants désertent commerces et restaurants, mettant en péril certaines entreprises chinoises

Les congés du Nouvel An lunaire ont été étendus jusqu'à la fin de la semaine dans de nombreuses provinces et la plupart des entreprises resteront fermées jusqu'au 9 février au moins. 

C'est dans la province du Hubei que les premières usines ont été fermées. Les sites du groupe PSA à Wuhan resteront à l'arrêt jusqu'au 14 février. D'autres grandes enseignes mondiales ont également tiré le rideau. Le géant du sport Nike a par exemple fermé la moitié de ses magasins dans le pays. Tout comme la chaîne de cafés Starbucks, pour qui la Chine est le second marché mondial, avec 4 000 points de ventes sur tout le territoire.

Mercredi, c'était au tour de l'avionneur européen Airbus d'annoncer que sa ligne d'assemblage d'A320 à Tianjin, près de Pékin, resterait fermée pour une durée indéterminée.

Des frontières terrestres fermées

La Chine se retrouve également coupée de ses voisins. La Russie a annoncé, jeudi 30 janvier, son intention de fermer ses 4 250 kilomètres de frontière avec la Chine pour lutter contre la propagation du virus. Une mesure entrée en vigueur le jour même. La Mongolie et le Kazakhstan ont pris des décisions similaires. 

A Hong Kong, les autorités ont fermé la quasi-totalité des points de passage avec la Chine. Le territoire a enregistré mardi la première mort, sur son sol, d'un patient atteint du nouveau coronavirus, un homme de 39 ans qui s'était récemment rendu à Wuhan, épicentre de l'épidémie.

Des liaisons aériennes coupées

Plusieurs compagnies aériennes, dont British Airways, Air Canada, Lufthansa, American Airlines, United Airlines ou Delta ont suspendu ou vont prochainement suspendre leurs vols vers la Chine continentale. Air France KLM a également pris cette décision, dès le 31 janvier. La compagnie a décidé de stopper "tous ses vols réguliers" vers et en provenance de la Chine continentale, jusqu'au 9 février. Des "vols spéciaux de et vers Shanghai et Pékin" sont toutefois mis en place "afin d'assurer le vol retour de ses clients et de ses salariés", a indiqué la compagnie aérienne dont les vols vers la Chine représentent 4,5% de l'activité. 

La compagnie Cathay Pacific, basée à Hong Kong, souffre particulièrement de cette situation. Elle a demandé à ses 27 000 employés, mercredi, de prendre trois semaines de congés sans solde.

En Indonésie, des milliers de touristes chinois risquent fort d'être bloqués à Bali alors que le pays suspend mercredi à minuit ses liaisons aériennes avec la Chine. Au moins 5 000 touristes chinois se trouvaient toujours sur l'île touristique mercredi, selon le consul général de Chine à Bali. 

Des voyageurs venus de Chine refusés à l'entrée de plusieurs pays

A l'étranger, les voyageurs venus de Chine sont de moins en moins les bienvenus. Depuis le 31 janvier, les Etats-Unis interdisent l'entrée sur le territoire des étrangers ayant séjourné en Chine dans les 14 derniers jours. Les citoyens américains s'étant rendus dans les deux semaines précédentes dans la province du Hubei seront placés en quarantaine pendant 14 jours maximum.

La Russie a quant à elle mis fin à la possibilité, pour les Chinois, d'entrer sans visa sur son territoire afin d'y faire du tourisme et a arrêté de leur délivrer des visas de travail en raison de l'épidémie.

De son côté, le gouvernement irakien a annoncé dimanche qu'il n'autoriserait aucun étranger en provenance de Chine à entrer dans le pays. L'Irak, où des centaines de ressortissants chinois travaillent sur des champs pétroliers lucratifs, n'a pas de liaisons aériennes directes avec la Chine.

Enfin, les visiteurs en provenance de Chine sont toujours autorisés à se rendre à Hong Kong, mais, à partir de samedi, ils seront soumis à une période de quarantaine obligatoire de deux semaines, a annoncé mercredi la cheffe de l'exécutif Carrie Lam. Une décision qui s'applique à tous, qu'ils soient résidents de Hong Kong, citoyens de Chine continentale ou ressortissants étrangers. En revanche, Carrie Lam a refusé de fermer totalement la frontière, malgré la forte pression de l'opinion publique. 

Des ressortissants étrangers rapatriés 

Le pays se vide de ses ressortissants étrangers. Des Allemands, des Japonais et des Américains vivant en Chine ont d'ores et déjà été rapatriés dans leurs pays respectifs. La France a pris une décision similaire. Un premier avion a rapatrié 182 personnes de Wuhan le 31 janvier. Un second avion a atterri à Istres (Bouches-du-Rhône), dimanche, avec 254 personnes à bord, dont 64 Français. 

Le Brésil est le dernier pays en date avoir pris cette décision. Le gouvernement brésilien a prévu de mobiliser mercredi deux avions pour rapatrier de Chine au moins une trentaine de Brésiliens, placés en confinement à Wuhan. 

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