Coronavirus : attention au retour de "l'arnaque au président", ou "aux faux ordres de virement"
C'est un appel à la vigilance que lance sur franceinfo la police nationale. Des escrocs très organisés ciblent depuis le début de la crise sanitaire le milieu médical, en jouant sur le manque de masques et de gel hydroalcoolique.
Ce type d'arnaque est apparu il y a une dizaine d'années. Les policiers spécialisés l'appellent dans leur jargon "l'arnaque au président", ou "aux faux ordres de virement". L'escroc, très sophistiqué, se fait passer, par téléphone ou par mail pour quelqu'un qu'il n'est pas. Souvenez-vous, par exemple, de la retentissante affaire du faux Le Drian, l'usurpation d'identité du ministre des Affaires étrangères pour obtenir près de 70 millions d'euros.
Les établissements de santé devenus une cible
Depuis trois semaines, ces réseaux criminels ont changé de cible, pour s'adapter en quelque sorte à la pandémie de coronavirus.
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Hôpitaux, Ehpad, pharmacies, grossistes, collectivités sont désormais dans leur viseur. La commissaire Anne-Sophie Colbois est la cheffe de l'Office central de répression de la grande délinquance financière . Elle détaille le mode opératoire :
Ils profitent de la situation de sidération dans laquelle beaucoup se trouvent, insistent sur l’urgence, et donc les contactent en se faisant passer pour un fournisseur habituel, connu de la société en question.
La commissaire Anne-Sophie Colbois de l’OCRGDFà franceinfo
"Ils expliquent qu’ils viennent de recevoir un stock de masques, poursuit la commissaire, que ce stock disparaît à vue d’oeil et donc qu’il faut absolument que dans l’urgence, le pharmacien, l’hôpital commande des masques pour pouvoir en bénéficier. Ils fournissent un RIB pour pouvoir obtenir le paiement et bien sûr ce RIB-là est celui d’un compte qui est lié aux escrocs et non pas le compte habituel du fournisseur que la société connaît bien".
Des millions d’euros de préjudice
Plusieurs enquêtes sont actuellement en cours, pour des préjudices de plusieurs millions d'euros. À Rouen par exemple, une entreprise pharmaceutique s'est fait délester de plus de six millions et demi d'euros. Elle a passé une commande massive de masques et de gel hydroalcoolique à une société fantôme.
Pour éviter ces arnaques très lucratives pour la grande criminalité, la commissaire Colbois conseille de "ne pas céder à l’urgence même si les circonstances peuvent nous y pousser. Rester calme. Parler de la commande avec un autre collègue pour voir quel est son avis. Et dans le moindre doute, contacter sa banque pour essayer de rapatrier les fonds avant de venir éventuellement déposer plainte".
Les réseaux criminels sévissent sur tout le territoire, mais aussi en Belgique et en Suisse, où les enquêteurs français travaillent avec leurs homologues francophones.
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