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Coronavirus : ce que l'on sait du premier cas de réinfection "grave" par le variant identifié en Afrique du Sud

Un patient a été infecté par ce variant, alors qu'il avait déjà attrapé le Covid-19, dont il avait guéri, en septembre.

Article rédigé par franceinfo
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Le personnel de l'hôpital Louis-Mourier, à Colombes (Hauts-de-Seine), travaille dans l'unité de soins intensifs dédiée aux patients atteints du Covid-19, le 9 novembre 2020. (ALAIN JOCARD / AFP)

Un premier cas de réinfection grave par le variant 501.V2 du coronavirus, identifié en Afrique du Sud, a été décrit par des chercheurs français, ont annoncé vendredi 12 février les hôpitaux de Paris (AP-HP). "Ce cas illustre le fait que le variant peut être responsable d'une réinfection grave après une première infection légère" avec le coronavirus classique, écrivent les chercheurs dans leur étude, parue mercredi dans la revue Clinical Infectious Diseases (lien en anglais). "C'est, à notre connaissance, la première description d'une réinfection avec le variant sud-africain causant un Covid-19 sévère, quatre mois après une première infection modérée", ajoutent-ils. Voici ce que l'on sait de cette réinfection. 

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Un patient déjà infecté en septembre

Le cas décrit par les chercheurs français est celui d'un patient de 58 ans. En septembre 2020, cet homme, qui a des antécédents d'asthme, souffre de fièvre et a des difficultés à respirer modérées. Une infection au Covid-19 est diagnostiquée avec un test PCR. Les symptômes disparaissent en quelques jours et l'homme est testé négatif à deux reprises en décembre.

En janvier, il est réadmis aux urgences de l'hôpital Louis-Mourier (AP-HP) de Colombes (Hauts-de-Seine) pour des difficultés respiratoires et de la fièvre. Son test PCR est à nouveau positif et le séquençage génétique réalisé montre la présence de mutations caractéristiques du variant 501.V2, identifié en Afrique du Sud. Sept jours plus tard, le patient développe un syndrome de détresse respiratoire aiguë, qui nécessite qu'il soit intubé et placé sous respirateur artificiel. Il était toujours dans un état critique au moment où l'étude a été soumise à publication dans la revue médicale.

L'immunité de la première infection insuffisante

Au début de son hospitalisation, des tests sérologiques ont décelé chez l'homme la présence d'anticorps prouvant une infection passée. Cela suggère que "l'immunité développée à l'issue de la première infection n'a pas permis d'éviter la réinfection par le variant", souligne l'AP-HP dans un communiqué. Pour les chercheurs, il ne s'agit pas d'un réveil de la première infection : "Le virus responsable du premier épisode infectieux n'a pas pu faire l'objet d'un séquençage", explique l'AP-HP, "toutefois, la survenue de la première infection un mois avant la première description du variant en Afrique du Sud, et trois mois avant son premier signalement en France, écarte [cette] possibilité."

"C'est la première fois qu'on décrit une infection sévère avec un variant donc avec une souche virale différente de celle de la première infection et qui indique que l'immunité développée par ce patient lors de sa première infection n'a pas été suffisante", s'inquiète auprès de franceinfo le professeur Jean-Damien Ricard, chef du service de médecine intensive et réanimation de l'hôpital Louis-Mourier. "Le variant peut échapper à la réponse immunitaire, que ce soit celle construite après une infection naturelle ou post-vaccinale", alerte également Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique, sur Europe 1.

Le même traitement que la première fois

Des cas de réinfection par des variants du virus ont déjà été documentés dans la littérature scientifique, mais le plus souvent, le deuxième épisode était moins sévère que le premier. Jean-Damien Ricard souligne toutefois que "même si la deuxième infection a été beaucoup plus sévère que la première, elle reste similaire à celle des autres formes graves" connues du coronavirus. Pour traiter ce patient une deuxième fois, "on utilise le même schéma thérapeutique" que lors de la première infection, précise-t-il. "On a aucune inquiétude sur une moindre efficacité des traitements : pour le moment, il n'y a strictement aucune alerte de ce point de vue-là", conclut le professeur.

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