Coronavirus : d’American Airlines à British Airways, le transport aérien se cloue au sol
Jusqu’à 90% de vols supprimés dans les deux prochains mois, des dizaines de milliers d’employés en chômage technique et des avions au parking. C’est le bilan, partiel et provisoire, de la contamination au coronavirus dans le transport aérien.
Il y a 180 090 cas d'infection déclarés, et au moins 7 063 décès : c'est le dernier bilan de la pandémie de coronavirus qui frappe le monde entier, mardi 17 mars. Pour endiguer la propagation, jour après jour, les frontières se ferment, les populations se confinent et l'activité s'éteint.
>> Coronavirus : suivez toutes les dernières informations dans notre direct
Dans le transport aérien, c'est un coup d'arrêt qui est donné aux liaisons aériennes transatlantiques, avec l'interdiction d’accès au territoire américain pour les ressortissants de l’Union européenne continentale, des Britanniques et des Irlandais.
Très affecté par la crainte d’une contamination et l’annulation de nombreux voyages, le secteur aérien souffrait déjà d’une grande désaffection depuis le début de l’année. Mais jusque-là, la baisse du nombre de réservations n’avait pas suscité de réaction drastique des opérateurs.
Mais cette mi-mars marquera un tournant, avec une majorité des dix plus grandes compagnies aériennes au monde au point mort. D’American Airlines à British Airways en passant par Ryanair, toutes annoncent un coup d’arrêt à leur programme de vols, avec parfois jusqu’à 90% des capacités supprimées, des flottes d’avions clouées au sol et des plans massifs de chômage partiel. franceinfo fait un tour d’horizon.
Air France KLM*
Air France-KLM va "devoir, au cours des prochains jours, réduire progressivement son activité de manière très significative". En d’autres termes, précise le groupe dans un communiqué, ce sont 70 à 90% des sièges habituellement disponibles qui seront supprimés sur les deux mois à venir. Et l’ensemble de la flotte de gros porteurs du groupe, les A380 d’Air France et les B747 de KLM, qui resteront au parking. Des mesures de chômage partiel, qui restent à présenter aux instances représentatives du personnel, pourraient d’ores et déjà concerner l’ensemble des salariés pour les six prochains mois.
American Airlines
Le premier transporteur aérien mondial, avec 204 millions de passagers au compteur en 2018, selon l’Iata (l’association internationale du transport aérien), suspend trois liaisons internationales longue distance sur quatre, dès le 6 mai. Ce qui revient, pour American Airlines, à clouer au sol l’ensemble de sa flotte de gros porteurs. Les vols intérieurs ne sont pas épargnés : la compagnie américaine prévoit de réduire sa desserte aux États-Unis de 20 % en avril et de 30% en mai.
Pour faire face, American Airlines a reporté six sessions de recrutement et de formation de personnels de bord et étudie la possibilité de faire de même avec les programmes destinés aux pilotes.
Delta
Deuxième compagnie aérienne mondiale (193 millions de passagers en 2018), Delta a pris acte de la baisse des réservations sur ses vols en réduisant ses capacités sur les vols intérieurs et sur les liaisons internationales : -10 à 15% aux États-Unis, et -20 à 25% pour les autres destinations. Les vols vers l’Europe sont supprimés "pour les 30 prochains jours", a annoncé Ed Bastian, le PDG de Delta, précisant que cette période "pourrait être étendue".
"C'est la plus forte réduction de capacités dans l'histoire de Delta, supérieure au nombre de vols supprimés en 2001", a souligné Ed Bastian faisant allusion à l'attentat contre le World Trade Center, et renonçant par ailleurs à toucher son salaire pendant les six prochains mois. Car en interne, le bilan va être lourd : le transporteur gèle les embauches et propose un plan de départs volontaires à ses employés. Enfin, pour limiter l’immobilisation d’appareils, l’associé d’Air France-KLM dans l’alliance SkyTeam pourrait envoyer en pré-retraite ses appareils les plus anciens.
IAG
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, International Consolidated Airlines Group (IAG) est le propriétaire de British Airways, la troisième compagnie aérienne européenne, ainsi que de Iberia, Aer Lingus, Vueling et Level. Soit 113 millions de passagers en 2018. Comme les autres, IAG a annoncé une baisse drastique de ses capacités en avril et mai : -75% !
Aux mêmes maux, les mêmes remèdes : les plus vieux avions mis au rebut mais, surtout, des contrats de travail suspendus et des réductions du temps de travail des employés.
Lufthansa
Pour "réduire les conséquences financières de la baisse de la demande", la compagnie aérienne allemande, propriétaire d’Austrian Airlines, de Brussels Airlines, d’Eurowings et de Swiss, coupe jusqu’à 90% de ses capacités de transport long courrier et n’opèrera pas plus d'un vol sur cinq sur les destinations intra-européennes régulières en avril. Parmi les 150 gros porteurs immobilisés par cette réduction de capacité, les quatorze Airbus A380 de la flotte du 6e transporteur mondial, dont les taux de remplissage ne dépassent pas 35%, rapporte Air Journal.
Norwegian*
La compagnie low cost norvégienne, très engagée sur les routes transatlantiques, paie le prix fort de la fermeture des frontières européennes et américaines : entre le 13 et le 29 mars, ce sont quelque 4 000 vols Norwegian qui sont annulés au départ d'Amsterdam, Barcelone, Madrid, Oslo et Paris. Soit une suppression de 85% du programme, qui se traduira, malgré le moratoire sur les taxes sur l'aviation proposé par les autorités norvégiennes, par le placement au chômage technique de 7 300 employés, soit 90% de son effectif.
Ryanair
La compagnie aérienne irlandaise, 6e transporteur mondial en 2018, a annoncé ce lundi son intention de clouer au sol la plupart de ses avions, visant une baisse de capacité de 80%, dans les sept à dix jours à venir. Après avoir cessé de desservir l’Italie, l’Espagne et la Pologne, elle n’exclut pas de suspendre plus largement ses opérations. "Dans les pays où la flotte n'est pas immobilisée, les restrictions de distance sociale peuvent rendre les vols impossibles. Pour avril et mai […] une mise à la terre complète de la flotte ne peut être exclue", dit le transporteur dans un communiqué.
Southwest Airlines
Troisième compagnie aérienne mondiale, avec 164 millions de passagers transportés en 2018, Southwest Airlines n’a toujours pas annoncé de changement dans son plan de charge. Sans doute parce que la compagnie ne dessert pas aujourd’hui de zones réputées à risque. Pour l’instant, en dehors d’une symbolique baisse de 10% du salaire de son patron, Gary Kelly, si des mesures d’économies sont prises, elles ne concernent que des personnels qui ne relèvent pas du cœur d’activité. Mais la porte-parole a annoncé ce week-end qu’une réduction à court terme du programme de vols était "sérieusement à l’étude".
United
"Nous travaillons nuit et jour pour maintenir autant de revenus que possible pour vous", ont assuré les dirigeants de United Airlines à leurs quelque 96 000 employés ce week-end. La compagnie aérienne basée à Chicago a annoncé son intention de réduire de moitié ses capacités de vol en avril et mai, principalement sur les grandes liaisons internationales. Une baisse inédite, qui se traduira par un gel des embauches, 300 appareils cloués au sol et la suspension des livraisons de nouveaux aéronefs.
(*) Compagnies hors top 10.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.