Coronavirus : droits de visite dans les Ehpad, port du masque, écoles... Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Edouard Philippe et Olivier Véran
Lors d'une conférence de presse de plus de deux heures, dimanche, le Premier ministre et le ministre de la Santé ont notamment esquissé les contours du déconfinement.
"La crise sanitaire (...) n'est pas terminée." Après bientôt cinq semaines de confinement, il ne faut pas relâcher les efforts, a martelé le Premier ministre, Edouard Philippe, aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran, du directeur général de la santé, Jérôme Salomon, et de l'infectiologue Florence Ader, lors d'un "point de situation" sur l'épidémie de Covid-19, dimanche 19 avril.
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Le Premier ministre a par ailleurs évoqué les "principes que nous avons retenus pour préparer le plan" de déconfinement. Il s'agit du "respect des gestes barrières", de "la multiplication des tests rapides" et de "l'isolement des porteurs du virus", a précisé Edouard Philippe. Voici les principales informations qu'il faut retenir de son intervention.
Plus de 19 700 personnes sont mortes en France depuis le début de l'épidémie
Un mois de confinement a ralenti la contagion, sans la stopper. Le nombre d'hospitalisations et d'admissions en réanimation recule depuis plusieurs jours mais le bilan continue de s'alourdir, avec 19 718 morts depuis le début de l'épidémie (395 supplémentaires en 24 heures) dans le pays, dont 12 069 en milieu hospitalier et 7 649 au sein des établissements sociaux et médicaux.
Il y a "30 610 malades hospitalisés", avec 810 nouveaux patients admis ces dernières 24 heures. "Mais le solde est négatif, avec 29 patients en moins", a indiqué Jérôme Salomon, le directeur général de la santé. Au niveau des cas graves, il y a actuellement 5 744 malades en réanimation en ce moment. Pour le 11e jour consécutif, il s'agit d'un solde négatif avec 89 malades en moins dans les services de réanimation.
"Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus"
"Notre vie, à partir du 11 mai, ça ne sera pas exactement la vie d'avant le confinement. Pas tout de suite, et probablement pas encore avant longtemps", a prévenu Edouard Philippe. "Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus", a aussi indiqué le Premier ministre, qui n'a néanmoins pas détaillé tout de suite son plan pour l'après-11 mai, qui sera présenté "dans les 15 jours", a-t-il promis.
Il a néanmoins évoqué l'objectif du déconfinement : "préserver la santé des Français" et "assurer la continuité de la vie de la nation" ("produire pour nous nourrir, pour avoir accès à l'énergie, pour nous transporter, préparer les générations futures aux générations futures qui seront les leurs", etc). La crise économique n'en est qu'à son "début", a en effet prévenu le Premier ministre, évoquant "la plus forte récession depuis 1945" avec un recul du PIB de "près de 10%".
Les gestes barrières et la distanciation sociale resteront en vigueur après le 11 mai
Edouard Philippe a rappelé l'importance de maintenir les "gestes barrières" et la "distanciation sociale" après le 11 mai. Les commerces actuellement fermés en raison de la crise sanitaire ne pourront rouvrir qu'à ces conditions, a-t-il déclaré.
"Quel que soit le commerce en question", les files d'attente devront être organisées pour respecter une distance minimale de plus d'un mètre entre les clients, et des mesures comme "la mise à disposition de gel hydroalcoolique à l'entrée du magasin ou juste avant la caisse devront être mises en œuvre", a précisé le Premier ministre.
Les cafés et les restaurants resteront en revanche fermés car leur activité "ne permet pas de limiter dans un premier temps la circulation du virus". C'est "un crève-cœur et une angoisse considérable" pour "tous ceux qui vivent de cette activité", a-t-il concédé.
En ce concerne le reste de l'activité économique, "lorsque c'est possible, le maintien du télétravail" devra être la règle et quand ça n'est pas possible, l'organisation de l'entreprise devra respecter les "gestes barrières", a aussi indiqué Edouard Philippe.
Le port du masque pourrait être "obligatoire" dans certains lieux
La France produit aujourd'hui chaque semaine 8 millions de masques "grand public" (qui répondent à des normes mais ne sont pas des masques chirurgicaux ou FFP2) par semaine. L'objectif est d'atteindre "17 millions de masques grand public" chaque semaine d'ici le 11 mai. A partir de cette date, le port du masque sera en effet probablement "obligatoire" dans certains lieux, comme les "transports en commun", a indiqué Edouard Philippe.
Il n'y aura pas de tests généralisés
Le gouvernement espère pouvoir réaliser, à partir du 11 mai, 500 000 tests PCR par semaine (contre 25 000 aujourd'hui). Mais comme l'a indiqué le ministre de la Santé, seules les personnes symptomatiques et les personnes ayant été au "contact" de malades seront testées après le déconfinement, justifiant cette mesure par le fait que si l'on teste une personne asymptomatique le lundi, rien n'indique que cette personne ne sera pas contaminée le mardi. "Aucun pays au monde ne teste toutes les personnes asymptomatiques", a aussi indiqué Olivier Véran.
"Les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai"
"Nous devons commencer à rouvrir les écoles pour répondre à l'impératif de continuité de la vie de la nation", a insisté le Premier ministre, à propos de l'annonce très critiquée faite lundi 13 avril par Emmanuel Macron. "Les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai et ne fonctionneront pas partout le 11 mai dans les conditions dans lesquelles elles fonctionnaient (...) avant les mesures de confinement", a néanmoins prévenu Edouard Philippe.
Parmi les hypothèses envisagées, les écoles des territoires avec le moins de cas pourraient ouvrir "plus rapidement" ou de manière "plus large", "des moitiés de classes" pourraient se relayer "une semaine sur deux" et enfin, les locaux pourraient être utilisés "de façon différente, avec l'utilisation des espaces plus larges que les simples classes pour faire cours".
Un "droit de visite" va être possible pour les personnes en Ehpad
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé la mise en place d'un "droit de visite", dès lundi, dans les Ehpad et les établissements accueillant des personnes en situation de handicap. Ce droit de visite "exceptionnel", se fera "à la demande du résident", et ne concernera "pas plus de deux personnes [de la famille du résident] en même temps". Il sera toujours impossible de "toucher la personne" (...) mais un "contact visuel" sera donc possible lors de ces visites. Elles seront supervisées par les établissements eux-mêmes.
Les stocks de matériel de protection et de médicaments sont toujours critiques
"Nous allons déstocker cinq millions de masques supplémentaires pour les ambulanciers (...), aides à domicile, manipulateurs radio" et autres soignants, a indiqué Olivier Véran. Il sera ensuite possible pour "les malades" et "les personnes fragiles" de "solliciter des masques", mais "ça va prendre du temps", a indiqué le ministre de la Santé.
Par ailleurs, les "surblouses, charlottes, tabliers, gants" manquent encore pour les personnels soignants. "Nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes du personnel soignants mais nous faisons le maximum", a-t-il reconnu. Les stocks de "médicaments de réanimation" font aussi l'objet d'une vigilance particulière, en cas de "rebond de l'épidémie".
Le ministre de la Santé appelle à la continuité des soins
Olivier Véran s'est inquiété de la "baisse des consultations" pour des motifs autres que le coronavirus et a rappelé l'importance de continuer à consulter, par exemple en utilisant la téléconsultation.
Les voyages à l'étranger ou les mariages cet été ne sont "pas raisonnables"
Edouard Philippe ne juge "pas raisonnables" les voyages à l'étranger cet été. "Il ne m'apparaît pas complètement raisonnable d'imaginer qu'un mariage avec 200 personnes dans un endroit confiné soit immédiatement réalisable", a également prévenu le Premier ministre.
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