Coronavirus : en Normandie, l'espoir d'une épidémie endiguée et peut-être d'une diminution proche
Deux TGV médicalisés quittent la région parisienne mercredi 1er avril pour rallier la Bretagne et tenter de désengorger les services de réanimation franciliens. L'épidémie est aussi présente dans l'ouest de la France mais demeure pour le moment contenue.
A Rouen, aujourd’hui, plus de la moitié des appels au Samu sont liés au coronavirus. Bien sûr, ici aussi, au centre hospitalier universitaire, les personnels ne comptent plus leurs heures et les traits des visages sont de plus en plus tirés : "C'est extrêmement lourd, impressionnant. On travaille deux jours et on est fatigué, exténué", témoigne Mylène, infirmière. "Ce n'est pas comme d'habitude, pas du tout".
Rien de vraiment étonnant, l’épidémie en une semaine a gagné du terrain, en Normandie comme partout ailleurs : "On a triplé le nombre de patients qui sont arrivés au CHU", confirme Guillaume Laurent, le directeur général adjoint de l’hôpital. "A l'heure actuelle, il y a 150 patients hospitalisés en raison d'une infection au Covid-19, dont une cinquantaine sont en réanimation."
"On a profité de tout ce qui s'est passé dans le Grand Est"
Contrairement à d'autres hôpitaux en Île-de-France ou dans le Grand Est, le CHU de Rouen garde pour le moment une marge de manoeuvre puisque la capacité d’accueil en réanimation a été portée à 140 lits. La situation est donc encore sous contrôle. Une raison à cela ? Le retour d’expérience : les hôpitaux de l’ouest ont eu le temps de réagir et de s’organiser. "On a profité de tout ce qui s'est passé dans la région Grand Est, on a eu beaucoup de contacts avec nos collègues de l'est", explique le Professeur Bertrand Dureuil, chef du Pôle réanimation anesthésie et Samu du CHU de Rouen. "Ça nous a aidé à nous organiser, à mieux organiser les équipes et leur donner un calendrier, un plan de développement qui soit adapté à l'épidémie", précise-t-il.
Ainsi, avant même le début de la crise dans le département, l'hôpital a mis en place des services séparés pour les suspicions de covid-19, la direction a transformé des blocs opératoires en salle de réanimation après l’annulation des interventions chirurgicales. La préparation a pu se faire jusqu’au moindre détail pour éviter d'être débordé, comme pour le gel hydroalcoolique, fabriqué désormais en interne.
Une vague contenue ?
Mais pour le Professeur Dubreuil, le plus grand espoir réside dans le confinement. Débuté il y a deux semaines alors que la densité du virus était encore faible dans cette région, il espère en voir les premiers effets très prochainement. "On a l'impression - mais c'est encore un peu diffus - que la vague a été en quelque sorte "écrétée" et que l'on verra peut-être dans les jours qui viennent au moins un plateau, et on l'espère, une réduction", s'avance le professeur. "La Normandie, qui est en frontière de l'Île-de-France est une région un peu expérimentale".
On sera peut-être parmi les premiers à observer cette évolution de l'épidémie, qui est absolument terrible par ailleurs.
Le professeur Bertrand Dureuil, chef du pôle réanimation anesthésiste et Samu au CHU de Rouenà franceinfo
Et comme un symbole, garé devant l’entrée des urgences réservées aux suspicions de Covid-19, un camion de pompier avec cette inscription en noire : "confiné = vies sauvées". C'est bien évidemment la condition pour éviter la vague. Au soir du 31 mars, le dernier décompte de l’Agence régionale de Santé en Normandie faisait état tout de même de dix nouveaux décès en 24 heures, en Seine-Maritime.
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