Coronavirus : "Il faut valoriser les soignants et ça passe par des augmentations de salaire très importantes", estime Aurélien Tâché
Le député du Val d'Oise, marcheur dissident, propose d'augmenter de 200 euros les personnels soignants. Il s'agit de l'une des 30 mesures d'un programme transpartisant pour un "monde d'après" validé par 66 parlementaires de différents partis politiques.
Ils ne viennent pas des mêmes bancs, mais ils veulent dessiner un "monde d’après" plus écologique et plus social. 66 députés viennent de se mettre d’accord autour d’un début de programme commun, qui comprend déjà 30 propositions. Une série de mesures initiée par les marcheurs dissidents Matthieu Orphelin et Paula Forteza, et par le député - toujours membre de la République en Marche - Aurélien Tâché. Invité de franceinfo mercredi 13 mai, ce dernier propose notamment d’augmenter de 200 euros les personnels soignants, si méritants pendant cette crise du coronavirus, en mettant à contribution les Français les plus riches.
franceinfo : Avec ces propositions, vous voulez interpeller les Français, et la majorité?
Aurélien Tâché : Tout à fait. Nous avons lancé cette démarche avec mes collègues Paula Forteza et Matthieu Orphelin et nous avons été rejoints par plus de 60 autres parlementaires qui viennent d'horizons politiques différents - certains de la majorité, d'autres qui sont soit socialistes, écologistes ou du centre - afin de pouvoir réfléchir à ce que devrait être ce jour d'après la crise, cette réinvention, comme a pu aussi évoquer le président de la République à plusieurs reprises. Nos propositions sont sorties aujourd’hui. 30 propositions autour de quatre grands thèmes: santé, sobriété, solidarité, souveraineté. Et donc, nous avons vraiment des choses extrêmement intéressantes qui ont été construites avec des milliers citoyens. C'est près de 100 000 personnes qui se sont connectées pour apporter leur soutien (sur la plate-forme "Le monde d’après"). Près de 10 000 personnes ont contribué. Et nous sommes très fiers de porter ces propositions aujourd'hui de manière transpartisane dans le débat public et bientôt à l'Assemblée nationale.
L'une de ces mesures, c’est de proposer 200 euros d’augmentation pour les personnels soignants…
Tout à fait. Nous avons considéré que les personnels soignants que nous applaudissons chaque soir à nos fenêtres méritaient mieux que des applaudissements et nos concitoyens le considèrent aussi. Je pense notamment aux aides soignants, mais aussi aux agents hospitaliers dont on parle peu et qui ont fait fonctionner les hôpitaux pendant toute la crise. Il faut pouvoir véritablement valoriser leur métier et ça passe par des augmentations de salaire très importantes. Tant mieux si ces propositions font presque l'unanimité dans la majorité, ces propositions ont vocation à être reprises. Nous, notre but, c’est vraiment de pouvoir porter des choses qui soient constructives. S'il y a vraiment cet engagement de 200 euros, c'est une excellente chose. Il y a des propositions qui feront plus débat, j'en suis certain aussi.
Vous souhaitez notamment une contribution exceptionnelle sur le patrimoine, est-ce à dire que vous voulez remettre l'impôt sur la fortune?
Nous ne souhaitons pas revenir sur l'ISF mais nous pensons qu'effectivement, pour financer toutes les priorités sociales et environnementales que nous appelons de nos vœux, il faudra aussi faire des choix politiques et que ces choix politiques ne doivent pas exclure un financement par ceux qui en ont le plus les moyens, par ceux qui ont le plus de patrimoine. On doit pouvoir faire appel à nos concitoyens qui sont les plus favorisés et les plus aisés, pour financer justement, par exemple, cette augmentation de 200 euros pour les personnels soignants. Cela nous paraît juste d'avancer dans ce sens. On peut imaginer une contribution exceptionnelle qui serait demandée sur ceux qui ont l'épargne et le patrimoine le plus important, mais dont on dirait d'emblée qu'elle s'éteindrait, par exemple, après la prochaine loi de finances. Elle pourrait ne porter que sur le budget de l'année prochaine. Nous avons aussi réfléchi à des recettes plus pérennes, pour financer évidemment l'ensemble des mesures. Par exemple, une taxe sur les transactions financières qui, elle, serait permanente et permettrait aussi de financer bon nombre des priorités que nous avons soulevées dans le jour d’après.
Est-ce que ça passe par la création d'un nouveau groupe à l'Assemblée nationale?
Non, pas nécessairement. Nous avons eu avec cette plateforme justement, l'occasion de démontrer que nous pouvions proposer de manière transpartisane. Je ne sais pas s'il y aura ou non un nouveau groupe à l'Assemblée la semaine à venir. Mais non, je ne le souhaite pas particulièrement. Je verrai quand les choses se présenteront, si elles se présentent. En tout cas, ce que je peux dire, c'est qu’avoir soixante six parlementaires prêts à s'engager, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent, sur des sujets comme ceux là, ça me semble être une nouvelle manière de faire de la politique. Ça me semble être conforme à ce que cette majorité avait aussi dit qu'elle ferait en arrivant en 2017, à savoir trouver des majorités de projets et d’idées. Ce qu'elle n'a pas assez fait à mon sens. Et c'est pour cela que nous avons lancé cette démarche et que nous espérons qu'elle va se poursuivre. Pour l'instant, ce qui compte pour moi, c'est de porter ces propositions avec force et de trouver un maximum de gens pour former une majorité de projet autour de ces propositions. Nous sommes déjà 66. J'espère que nous serons encore plus nombreux quand elles arriveront à l'Assemblée nationale.
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