Coronavirus : "Il y a eu une cacophonie sanitaire européenne", affirme l'eurodéputée Véronique Trillet-Lenoir
L'eurodéputée LREM assure que l'Union européenne en a "très vite tiré les leçons".
"Il y a eu une cacophonie sanitaire européenne" dans la gestion de l'épidémie de coronavirus, a reconnu dimanche 31 mai sur franceinfo l'eurodéputée LREM Véronique Trillet-Lenoir, spécialiste des questions de santé pour le groupe Renew Europe, membre de la Commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. Mais l'Union européenne en a "très vite tiré les leçons" assure Véronique Trillet-Lenoir. L'Europe a "un projet de nivellement par le haut des systèmes santé", et l'Agence du médicament "aura un pouvoir beaucoup plus important pour prévenir les pénuries". Le budget du plan santé européen est "vingt-trois fois supérieur à ce qui avait été imaginé avant la crise", ajoute l'eurodéputée.
franceinfo : Pourquoi l'Europe lutte de manière aussi dispersée contre le virus ?
Véronique Trillet-Lenoir : Il y a des grandes différences d'un pays européen à l'autre. Tout d'abord, l'épidémie n'a pas frappé avec la même intensité tous les pays européens. Certains ont dû ferrailler contre des clusters, ce qui a été le cas de la France, par exemple. D'autre part, il y a également des différences en matière de densité de population, puisqu'on se rend compte que l'épidémie est d'autant plus virulente qu'elle s'adresse à des grandes métropoles ou à des zones fortement peuplées. Et puis la culture vis-à-vis de la prévention n'est pas la même dans tous les pays. Il y a eu une cacophonie sanitaire européenne. La bonne nouvelle, c'est que l'Union européenne a très vite tiré les leçons. Dans un premier temps, elle a pris des mesures de mobilisation des réserves de médicaments, de financement de la recherche, de transferts de patients d'un pays. Il y a eu un effort financier significatif de la Banque centrale européenne. Et puis il y a 48 heures, il y a eu une proposition inédite de la Commission européenne d'un budget dédié à la santé de presque 10 milliards d'euros, basé non pas sur un nouvel impôt pour les Européens, mais sur une mutualisation d'investissements. Globalement, ce plan de santé est destiné à tirer les leçons de la crise, à protéger les citoyens européens des crises ultérieures.
La santé, qui n'était pas une compétence communautaire, est en train de le devenir ?
Un petit peu, et de façon intéressante puisqu'à côté des leçons immédiates à tirer de la crise, l'Union européenne tire également les enseignements de notre dépendance médicamenteuse vis à vis des pays tiers, en particulier de l'Inde et de la Chine. Il y a un plan important de lutte contre les pénuries qui s'assortira probablement d'un plan d'équité d'accès à des médicaments à des prix abordables. Il y a un plan très important de financement de la recherche pour un équivalent de 100 milliards d'euros sur la santé et en particulier sur les vaccins avec le défi mondial de produire tous ensemble un vaccin qui sera accessible à tous les citoyens du monde. Et puis il y a un projet de nivellement par le haut des systèmes de santé, sans pour autant toucher aux prérogatives nationales, mais en aidant les pays européens à faire le virage numérique, à s'orienter davantage vers la prévention, à ne pas oublier le social et les déserts médicaux.
Est-ce que les leçons vont être tirées afin que l'Europe soit davantage armée pour la prochaine crise sanitaire ?
C'est exactement l'idée. Panifier des crashs tests stratégiques, planifier la préparation, renforcer la réserve stratégique en médicaments, s'organiser pour avoir un corps médical européen d'intervention en urgence, faire jouer la solidarité et la coordination européenne. Les compétences de l'Union européenne resteront des compétences d'appui, mais avec des agences qui seront renforcées, qui pourront mieux faire l'état des lieux épidémiologiques, donner des recommandations fortes. L'Agence du médicament aura un pouvoir beaucoup plus important pour gérer les stocks, pour prévenir les pénuries. Donc, oui, il y a un vrai projet de plan santé européen. Le budget prévu est vingt-trois fois supérieur à ce qui avait été imaginé avant la crise.
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