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Coronavirus : la Suède s'interroge sur sa stratégie de non confinement

Le seul pays européen à avoir refusé le confinement face au corovirus se pose des questions sur cette stratégie, car la situation sanitaire s’est dégradée.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des habitants se promènent dans les rues de Stockholm, en Suède, le 19 avril 2020. (FREDRIK SANDBERG / TT NEWS AGENCY / AFP)

Face au coronavirus, la Suède refuse le confinement strict, mais le gouvernement commence à douter. Pour comprendre, examinons les chiffres. Ce pays de 10 millions d’habitants compte désormais 14 400 personnes contaminées et surtout 1 540 décès. Le bilan reste beaucoup moins lourd qu’en France, en Italie ou en Espagne.

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Mais la Scandinavie n’est pas un foyer majeur du virus. Lorsqu'on compare la Suède à ses voisins (qui eux ont choisi le confinement), les statistiques ne sont pas avantageuses : le pays compte dix fois plus de victimes par nombre d’habitants que la Finlande, quatre fois plus que la Norvège. Le nombre de victimes a beaucoup augmenté depuis le 10 avril.

Immigrés et personnes âgées en première ligne

La pandémie touche essentiellement deux catégories de populations en Suède. D’une part les personnes âgées dans les maisons de retraite : dans la capitale, Stockholm, près de la moitié des maisons de retraite sont touchées par le virus. D’autre part les immigrés, qui représentent quand même un quart de la population totale dans le pays. Le taux de contamination y est trois fois supérieur à la moyenne, en particulier parmi les immigrés d’origine somalienne. Cette particularité s’explique en partie par une mauvaise maîtrise de la langue (ils n’ont donc pas nécessairement bien compris toutes les consignes), et par leurs conditions de logement : ils sont plus pauvres que la moyenne donc vivent dans des quartiers à forte densité, ce qui favorise la propagation du virus.

Du coup, les pouvoirs publics ont fait légèrement évoluer leur position. Il n’y a toujours pas de confinement au sens où les écoles, les bars, les restaurants, les salles de sport, les centres commerciaux, sont ouverts. Mais les règles de distanciation sociale sont largement appliquées. Et les Suédois, d’eux-mêmes, limitent leurs déplacements : la fréquentation des transports en commun a baissé de moitié.

Sous la pression de nombreux scientifiques via des appels parus dans la presse, le gouvernement a aussi durci certaines règles en se dotant de pouvoirs élargis jusqu’à la fin juin. Les universités et les stades de football sont désormais fermés ; et la limitation des rassemblements supérieurs à 500 personnes a été prolongée. Les pouvoirs publics ont également décidé de développer les tests. L’objectif, à la fin du mois d'avril, est d’atteindre 100.000 tests par semaine.

L'objectif maintenu de l'immunité collective

Mais ce n’est pas une remise en cause fondamentale de la politique de non confinement. Le gouvernement suédois continue de parier sur la stratégie de l’immunité collective, selon laquelle près de 60% de la population contracte le virus et développe des anticorps, ce qui protégerait mécaniquement les 40% restants.

L’épidémiologiste qui conseille les pouvoirs publics, Anders Tegnell, persiste et signe et demeure confiant dans cette stratégie. Selon lui, la capitale Stockholm, est proche d’avoir atteint cette immunité collective, et le pays tout entier pourrait l’atteindre le mois prochain. La Suède maintient donc ce pari en se disant qu’elle sortira aussi économiquement moins affaiblie de la crise, puisqu’elle n’a pas vraiment mis ses activités à l’arrêt. Certaines grosses entreprises, comme le constructeur automobile Volvo, ont d’ailleurs décidé de relancer leurs usines à partir d’aujourd’hui. En résumé, la Suède maintient sa stratégie atypique.

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