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Coronavirus : "La ville est morte mais on est encore vivants", le directeur de l'Alliance française raconte la vie à Wuhan

En Chine, la ville de Wuhan, épicentre du coronavirus 2019-nCoV, est sous quarantaine depuis le 23 janvier.

Article rédigé par franceinfo, France Culture
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une rue déserte de Wuhan après l'interdiction des véhicules non essentiels dans le centre de la ville, dimanche 26 janvier 2020.  (REUTERS)

"La ville de Wuhan est morte mais on est encore vivants", a raconté mercredi 29 janvier sur France Culture Thomas Barthel, directeur de l'Alliance française de Wuhan en Chine. La métropole de onze millions d'habitants au centre de la Chine, épicentre du coronavirus 2019-nCoV, est coupée du monde depuis le jeudi 23 janvier par un cordon sanitaire draconien. "Tout le monde reste chez soi. On regarde ce qu'on a dans le frigo combien de jours on peut tenir", a-t-il raconté.

franceinfo: Depuis une semaine, la ville est mise en quarantaine. Qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Thomas Barthel : Depuis jeudi dernier, le 23 janvier, les choses se sont bloquées. Le 23 janvier, les gares et l'aéroport ont fermé, les transports en commun se sont arrêtés, les services de livraison ont été interdits puis tous les véhicules à moteurs ont eu interdiction de circuler. La ville est tombée dans une apathie totale en une journée, elle a été mise sous quarantaine et ça a entraîné une petite panique chez les gens. La ville est devenue morte en une journée, les gens se sont retrouvés confinés chez eux. Tout le monde reste chez soi. On regarde ce qu'on a dans le frigo combien de jours on peut tenir. Certains magasins et supermarchés sont ouverts, approvisionnés, les horaires sont aménagés.

Donc tout est au ralenti ?

A l'intérieur de la ville, l'interdiction de circuler a depuis été levée. On voit le trafic de la ville reprendre, mais tout est au ralenti. Petit à petit, les gens sortent de chez eux, certains bougent un peu à vélo, etc. La ville est morte mais on est encore vivants.

Vous avez décidé de rester à Wuhan pour le moment. Pourquoi ?

On est sûrs que la situation va durer plusieurs semaines, mais on n'a peu de visibilité sur un blocage qui durerait plusieurs mois. Les autorités chinoises prennent des mesures vraiment exceptionnelles et impressionnantes pour neutraliser ce virus donc on a envie d'avoir confiance dans une résolution assez rapide de la situation. Comme le rapatriement en France entraîne une quarantaine de 15 jours, avec un retour indécis sur Wuhan, cela fait préférer à certains de passer la quarantaine ici plutôt qu'en France. Car lorsque la situation sera débloquée, il faudra récupérer ce mois de février qu'on sait déjà très mauvais pour les activités de la vie.

Les gens paraissent-ils inquiets ? Ils se promènent-ils avec des masques ?

Les masques sont obligatoires. Même les lunettes et les gants sont obligatoires. Les habitants ici portent des masques de temps en temps, mais en ce moment, c'est tout le monde. Cette époque de l'année correspond aux vacances du Nouvel an chinois, donc de toute façon l'activité de la ville et de la Chine est un peu au ralenti. La situation ne change donc pas trop par rapport à cette période de l'année. L'alliance française devait rouvrir ses portes demain, le 30 janvier. On sait déjà qu'on a interdiction d'ouvrir. La date de reprise de l'activité n'est pas fixée, on attend les consignes officielles. Mais on s'attend à un report en février, voire plus tard.

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