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Coronavirus : le Covid-19 va-t-il devenir une maladie saisonnière comme la grippe ?

Ce virus est trop nouveau pour qu'on le sache, répond la direction générale de la santé.

Article rédigé par franceinfo
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La ville de Nice distribue des masques et du gel hydroalcoolique à du personnel soignant le 27 mars 2020. (VALERY HACHE / AFP)

Va-t-on devoir apprendre à vivre avec le Covid-19 dans les années à venir ? Disparaîtra-t-il avec les beaux jours, pour éventuellement réapparaître dans quelques mois ? Sera-t-il semblable aux grippes qui sévissent l'hiver en France ? Ces questions n'ont pour l'instant pas vraiment de réponses. "Il est trop tôt pour le savoir", répond la direction générale de la santé. Elle souligne qu'on en apprend "tous les jours sur ce nouveau virus" et qu'il convient de rester extrêmement prudent. Alors que le cap du demi-million de cas confirmés dans le monde a été officiellement franchi, selon un bilan dévoilé jeudi 26 mars par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), franceinfo tente d'y voir plus clair.

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Pourquoi le Covid-19 pourrait-il devenir saisonnier ?

Telle est l'hypothèse émise, entre autres, aux Etats-Unis, par le directeur de l'Institut national des maladies infectieuses, Anthony Fauci. Cet "éminent immunologiste de 79 ans est devenu le visage de la lutte contre le Covid-19 outre-Atlantique, depuis qu'il a été nommé par le gouvernement à la tête de la task force américaine", explique Vanity Fair. Ce médecin a relevé, mercredi 25 mars, lors de son point-presse quotidien à la Maison Blanche, que le coronavirus commençait à se répandre dans les pays de l'hémisphère sud, où l'hiver arrive. 

Il est ainsi probable que le Covid-19 puisse revenir selon des cycles saisonniers, a-t-il prévenu, en soulignant le besoin urgent de trouver un vaccin et des traitements efficaces. "S'ils [les pays de l'hémisphère sud] connaissent une épidémie importante, il nous sera indispensable d'être prêts à faire face à un deuxième cycle", a mis en garde l'expert. "Cela rend encore plus importante la nécessité de développer un vaccin, de le tester rapidement et de faire en sorte qu'il soit prêt et disponible pour ce prochain cycle", a-t-il ajouté.

Le Covid-19 vit-il mieux en hiver ?

C'est possible. Anthony Fauci a laissé entendre que le Covid-19 se portait mieux par temps froid que dans un climat chaud et humide, faisant écho à une étude préliminaire chinoise allant dans ce sens. Cela s'expliquerait par le fait que les gouttelettes expulsées par les malades subsistent plus longtemps à l'air libre dans le froid, et que les défenses immunitaires sont affaiblies en hiver.

"Une étude de l'université chinoise de Beihang publiée le 3 mars 2020 sur le site scientifique SSRN a modélisé les contacts entre les patients des grandes villes chinoises croisés avec des données météorologiques. Elle conclut 'qu'une température élevée et une humidité relative élevée réduisent considérablement la transmission de Covid-19", rapporte le site Futura-Sciences qui ajoute que les chercheurs estiment que sa contagiosité pourrait chuter avec les beaux jours. Mais des taux d'infection réduits ne sont pas pour autant synonymes d'éradication du virus, simplement de propagation moins rapide. La direction générale de la santé pointe ainsi que la maladie se répand désormais en Afrique, dans des pays chauds.

Où en est-on des traitements et vaccins ?

L'hypothèse d'un virus saisonnier qui pourrait réapparaître chaque hiver, comme la grippe, rend plus essentielle encore la question des traitements et des vaccins. Mais il faudra attendre. Anthony Fauci a estimé qu'il faudrait "un an à un an et demi avant de distribuer un vaccin efficace et sûr." Deux essais cliniques sont actuellement en cours en Chine et aux Etats-Unis pour des vaccins, donc, qui ne pourront pas être disponibles sur le marché avant 2021.

Du côté des traitements, le médiatique professeur Didier Raoult promeut en France l'hydroxychloroquine, une molécule utilisée notamment contre le paludisme. Mais l'efficacité de ce médicament contre le Covid-19 n'est pas encore validée scientifiquement. Les chercheurs explorent d'autres pistes, dont la majorité repose sur des antiviraux, seuls ou combinés : lopinavir, ritonavir, darunavir (utilisés pour traiter les infections au VIH, un virus à ARN comme le Sars-CoV-2), remdesivir (testé contre Ebola) ou encore favipiravir ou umifénovir (grippe et autres virus). Les résultats sont encore mitigés.

Est-il possible que la population s'immunise seule ?

Reste la réponse de "l'immunité collective". "Pour que le Covid-19 devienne saisonnier, note Le Figaro, il faudrait que la population ne soit pas protégée contre lui. Si une majorité de la population mondiale est contaminée, elle développera une immunité dite de groupe, ou collective. Au-delà de ce seuil d'infections, le virus, qui cherche constamment à s'amplifier, ne parviendra plus à circuler". C'est d'ailleurs la réponse qu'avait tentée d'imposer, dans un premier temps, le Royaume-Uni, avant de devoir y renoncer par crainte de voir ses hôpitaux submergés. Ironie de l'histoire, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, qui avait prôné cette solution, est désormais lui-même contaminé. Cette voie paraît donc impraticable.

Les plus optimistes peuvent espérer qu'une autre hypothèse, également évoquée par Le Figaro, devienne réalité : d'autres maladies de la famille des coronavirus n'ont jamais pris de formes saisonnières. Le quotidien cite ainsi le MERS-CoV, apparu en 2012 au Moyen-Orient, qui "n'est jamais revenu de manière saisonnière" et le Sras, qui a fait plus de 800 morts en 2002, puis s'est "éteint très rapidement". Reste désormais à savoir si le Sars-CoV-2 suivra la même trajectoire.

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