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Coronavirus : "Le plan de soutien doit être de grande ampleur pour éviter des faillites en cascade", prévient Eric Heyer de l'OFCE

Pour le directeur du département analyse et prévision de l'OFCE, l'épidémie de coronavirus va engendrer "un choc sans précédent" sur l'économie française. 

Article rédigé par franceinfo
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Eric Heyer, directeur du departement analyse et prevision de l'OFCE, lors d'une conférence de presse, le 23 octobre 2013. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Le plan de soutien doit être très important, très vite et de grande ampleur pour éviter des faillites en cascade", estime Éric Heyer, le directeur du département analyse et prévision de l'Office français des conjonctures économiques (OFCE), jeudi 26 mars sur franceinfo. L'Institut national de la statistique (Insee) a publié, jeudi, sa première estimation statistique des conséquences économiques de la pandémie de Covid-19Les mesures de confinement entrainent une perte d'activité économique d'environ 35% actuellement en France

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Pour Éric Heyer, c’est à l’État de supporter le coût de cette crise pour permettre un vrai rebond économique après le confinement. Il annonce aussi "un choc sans précédent au cours des mois à venir".

franceinfo : Est-ce qu’il y a des secteurs qui ne se remettront pas de cette crise ?

Éric Heyer : Non, on ne peut pas parler de secteurs. Il y aura peut-être des entreprises au sein de ces secteurs qui vont avoir de plus grandes difficultés que d’autres. Mais globalement, il faut aussi prendre en compte la réponse de politique économique pour savoir si, justement, les entreprises qui ont été les plus touchées vont pouvoir s'en remettre. Globalement, ce que nous dit aujourd'hui l’Insee, une analyse avec laquelle nous sommes d’accord à l’OFCE, c’est qu’il va y avoir un choc sans précédent au cours des mois à venir. Ce choc sans précédent peut effectivement mettre à mal un certain nombre d'entreprises. C'est là où il sera extrêmement important que le gouvernement permette à ces entreprises de survivre à ce choc. Cela veut dire que le plan de soutien doit être très important, très vite et de grande ampleur pour éviter des faillites en cascade.

Ce qui a été annoncé jusqu'à maintenant, est-ce à la hauteur ?

Il faut quand même être encore extrêmement prudent dans l'évaluation. Celle de l’Insee est un peu plus pessimiste que l'évaluation du gouvernement, si on prend celle qui figure dans le projet de loi de finances rectificative, qui est le premier élément. Il va falloir sans doute que le plan soit supérieur. Globalement, les sommes qui sont en jeu peuvent paraître raisonnables de ce point de vue-là, mais attention, une grande partie de ces sommes-là ne sont pas des dépenses en tant que tel, mais c'est juste des garanties ou des avances. Pour les entreprises, c'est très bien de geler pendant un mois ou deux un certain nombre de dépenses, type fiscalité. Mais s’il faut qu'elles remboursent dès que ça repart assez, alors on voit bien que cela peut poser des problèmes. Il y a un petit jeu entre : est-ce que c'est gelé ou est-ce que c'est complètement annulé ? Ça sera dans le coût budgétaire une somme plus importante si on devait complètement l'annuler, mais ce serait un peu plus en adéquation avec le discours du président.

L'économie française pourra-t-elle se relever et par quels moyens ?

Le levier, c’est de faire en sorte que le coût qui est lié à ce confinement, ce coût économique, ne soit pas supporté par les acteurs privés, ni par les entreprises ni par les citoyens ou, en tout cas très faiblement par ces actifs privés. Que ce soit l'acteur public qui supporte ce coût-là. On sait qu'après un tel confinement, il peut y avoir un fort rebond. Mais ce fort rebond va être conditionné par le fait que : est-ce qu'il y aura la demande ? Est-ce que les ménages vont consommer ? Ça va dépendre aussi de leur pouvoir d'achat. Si vous avez trop amputé le pouvoir d'achat pendant la phase de confinement, le rebond sera faible du côté de la demande. Et si rebond il y a, si la demande existe, il faut aussi qu'il y ait une offre à mettre en face de cette demande. Ça veut dire que les entreprises soient là. Il faudrait que l'intégralité de ce coût, c'est quasiment 3 points de PIB nous dit l’Insee par mois de confinement, soit pris en charge par les finances publiques pour permettre d'avoir un rebond une fois que le confinement sera arrêté. Si le rebond a lieu, alors l'économie française se remettra relativement facilement de ce choc économique. En revanche, si le coût économique est porté par les acteurs privés, alors le rebond sera beaucoup long et donc les traces sur l'économie seront beaucoup plus durables.

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