Coronavirus : même pendant le confinement, les livreurs à domicile continuent à pédaler
Pour éviter la propagation du coronavirus, le gouvernement a décidé de mettre en place un confinement pour deux semaines. Malgré tout, les livreurs à domicile sont autorisés à travailler sous certaines conditions.
"Vous pouvez continuer à commander". Ce mail a été envoyé par différentes plateformes de livraison de repas à domicile aux millions de Français confinés, en pleine pandémie de coronavirus. Les livreurs à domicile continuent de pédaler dans les rues vides, car si les restaurants ont baissé le rideau, la livraison à domicile est toujours autorisée par le gouvernement. Avec quelques règles à respecter.
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Une livraison sans contact systématisée
La livraison de repas à domicile reste autorisée "pourvu qu’elle se fasse sans contact", peut-on lire dans le guide des précautions sanitaires à respecter, disponible sur le portail de l'Économie, des Finances, de l'Action et des Comptes publics. Tout doit être fait pour que les personnes ne se croisent pas, du cuisinier à la personne chargée de la livraison... Jusqu'à la porte du consommateur. Ainsi, une "zone de récupération des repas doit être aménagée par le restaurant", où le livreur dépose son sac. Le personnel y met directement le repas. A l'arrivée, le livreur n'a plus qu'à sonner à la porte pour indiquer que la commande est disponible sur le paillasson, avant de partir.
Le guide rappelle que les gestes barrières doivent être "appliqués en permanence", autant par les restaurateurs que les livreurs. Ces derniers doivent aussi désinfecter leur matériel, que ce soit les surfaces et ustensiles en contact avec la nourriture, ou le matériel de livraison.
Ces consignes permettent de diminuer au maximum le nombre de contacts pour éviter que ce soient eux-mêmes des propagateurs de la maladie.
Cédric Oà franceinfo
Sur le papier, ces recommandations visent à rassurer les consommateurs, mais aussi à protéger les livreurs, comme le rappelait lundi 16 mars sur franceinfo Cédric O, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances et du ministre de l'Action et des Comptes publics, chargé du numérique.
J’ai échangé avec les plateformes de livraison de repas à domicile pour systématiser la livraison sans contact. Afin de protéger les livreurs et les clients, nous mettons en place des protocoles pour qu'il n'y ait aucun contact direct. #COVIDー19 #coronavirus pic.twitter.com/XtEYvq5IuT
— Cédric O (@cedric_o) March 16, 2020
Des recommandations partagées par les restaurants KFC, Mc Donad's, et les plateformes Uber Eats et Deliveroo. Cette dernière a aussi annoncé, mardi 17 mars, mettre en place un fonds de soutien aux livreurs "pour nous assurer que les livreurs qui travaillent régulièrement avec Deliveroo et qui ont contracté le virus, ou ont été mis en quarantaine par une autorité médicale, puissent bénéficier d'un soutien financier."
Un "scandale sanitaire" pour les livreurs
Mais ces mesures n'ont pas manqué de faire tressaillir les premiers concernés : les livreurs. Le collectif des livreurs autonomes de Paris (Clap), par la voix de son porte-parole Jérôme Pimot. "Les livreurs à vélo n'ont rien à faire dans la rue, ils devraient être indemnisés et confinés", a-t-il dénoncé mercredi 18 mars sur franceinfo. Cet ancien livreur réclame que les autorités communiquent sur une possible indemnisation des livreurs, sans quoi "ils continuent de travailler à cause de la pression financière".
A ce stade, il n'y a pas de mesures officielles de chômage partiel qui permettraient aux livreurs de se mettre en confinement, affirme le porte-parole du Clap : "On a trouvé quelques petites choses sur le site de l'Urssaf, mais tant qu'il n'y a pas d'annonces officielles, les livreurs ne sont pas informés et ils continuent de travailler."
Il y a une forme de psychose parmi les livreurs mais la pression financière fait qu'ils n'ont pas forcément le choix de travailler.
Jérôme Pimot, porte-parole du Clapà franceinfo
Même si le collectif invite les livreurs à participer à l'effort de confinement en évitant de travailler, "pour ceux qui ne peuvent pas s'arrêter parce qu'ils sont dépendant économiquement de leur activité, on les invite à prendre des mesures de sécurité". Des mesures très concrètes : demander aux clients de sortir de chez eux pour récupérer leur livraison en dehors de leur domicile. "On peut pas se permettre de pénétrer dans les immeubles en touchant les portes ou les poignées de portes, les digicodes." Des endroits "potentiellement contaminés", dit encore Jérôme Pimot, "tout comme les gants des livreurs qui travaillent beaucoup en scooter". Bref, le porte-parole du Clap résume la situation avec cette formule : "Le livreur est un vecteur du virus. (...) On veut donc faire comprendre que les clients doivent descendre de leur immeuble pour récupérer leur sac".
Le principal risque de propagation du virus, via les livreurs, sont LEURS GANTS obligatoires pour les scooters et très conseillés aux cyclistes, qui touchent portes d'immeubles et digicodes toute le journée.
— Jérôme PIMOT (@Eldjai) March 17, 2020
Parce que des gants, on ne peut pas les laver au gel hydroalcoolique. pic.twitter.com/UwkhgCmdzF
Le collectif en appelle à la responsabilité de chacun et à ne pas commander sur ces plateformes, afin qu'elles soient forcées à indemniser les livreurs. Aussi, il rappelle aux clients qu'il faut se laver les mains après avoir déballé les aliments du sac du restaurant apporté par le livreur, même si vous n'avez pas eu de contact avec lui.
D'autres restaurants ont préféré ne prendre aucun risque. La chaîne de restauration rapide américaine Burger King, qui gère aussi Quick, a décidé de fermer purement et simplement ses restaurants et d'arrêter jusqu'à nouvel ordre la livraison. "Il n'y a rien de plus important que notre santé à tous", assure la chaîne sur son site internet. "On ne vous embrasse pas, mais croyez-nous, le coeur y est."
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