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Coronavirus : obsèques en Dordogne, collège dans la Vienne, abattoir en Vendée… Ce que l'on sait des clusters identifiés avant le déconfinement

Plusieurs mini-foyers de contamination ont été identifiés ces derniers jours en France. Voici ce que l'on sait de ces nouveaux clusters.

Article rédigé par franceinfo
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Un bâtiment du collège Gérard-Philipe, à Chauvigny (Vienne), où plusieurs personnes infectées par le coronavirus ont été identifiées. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Quatre mini-foyers et autant de rappels à la réalité. Malgré le déconfinement, effectif à partir de ce lundi 11 mai, le coronavirus continue à circuler en France, comme l'illustre la découverte plusieurs foyers d'infection, en Dordogne, dans la Vienne, en Vendée ou encore dans les Hauts-de-Seine.

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Y compris dans les zones vertes (c'est le cas de la Dordogne, de la Vienne et de la Vendée), "il faut considérer que le virus est là, il est en embuscade, il circule", met en garde l'infectiologue Anne-Claude Crémieux, interrogée par franceinfo. "On le sait, plus de la moitié des personnes qui sont infectées sont peu symptomatiques ou asymptomatiques, donc les chaînes de transmission sont pratiquement invisibles", explique-t-elle. Franceinfo fait le point sur ces nouveaux clusters.

Des participants à une cérémonie d'obsèques en Dordogne

Comment a-t-on découvert ce foyer ? Un habitant de Vergt (près de Périgueux) présentant des symptômes du Covid-19, se rend chez son médecin le 30 avril et se voit prescrire un test de dépistage, qui se révèle positif. Six jours plus tôt, l'homme avait assisté aux obsèques d'un proche, dans le village voisin d'Eglise-Neuve-de-Vergt. Le défunt, âgé de 51 ans, n'était pas mort du Covid-19.

Que sait-on de l'enquête épidémiologique ? Alertée, l'Autorité régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine a déclenché la "procédure habituelle de traçage" des cas contacts par "cercles concentriques" : famille et environnement professionnel, mais aussi les pompes funèbres et le personnel d'hospitalisation à domicile du défunt, dont l'épouse a été testée positive.

Au total, neuf personnes, dont huit dans cette famille, se sont révélées positives,  sur les quelque 150 tests effectués. Les 43 derniers résultats, rendus dimanche, se sont tous révélés négatifs, selon l'ARS. Les personnes dépistées positivement, toutes isolées, ne présentaient pas ou peu de symptômes.

Les mesures barrières ont-elles été respectées ? "C'est vraiment l'illustration de ce que l'on ne souhaite pas vivre dans les trois semaines (...) : relâchement, réunions familiales, enfants, petits-enfants, grands-parents, voisins, voisines… On se retrouve à une trentaine et, au bout du compte, une seule personne va contaminer un nombre très significatif et derrière, ça va mobiliser beaucoup de monde", a mis en garde le préfet de la Dordogne, Frédéric Périssat.

La cérémonie d'obsèques s'était tenue à l'église dans les règles, sans excéder 20 personnes, selon les informations de France Bleu Périgord. Par la suite, au cimetière et lors d'un repas familial, le nombre de participants aurait été plus important. Le fils du défunt a rejeté ces accusations, samedi, affirmant que "tout a été fait dans les règles". "Nous étions 20 à l'église, avec des gants et des masques. Au funérarium, on n'était pas plus. Chacun est allé voir le corps, un par un. Au cimetière, on était peut-être une trentaine, mais à l'intérieur des grilles, nous n'étions que la famille proche. Les autres étaient dehors", assure-t-il. Il affirme également qu'il n'y a pas eu de réunion familiale dans la soirée.

La situation est-elle maîtrisée ? Selon le directeur de l'ARS, Michel Laforcade, la "situation a été maîtrisée en une semaine" autour de ce foyer qui "ne devrait pas avoir d'incidence sur ce département". La Dordogne est peu touchée par l'épidémie, comme les autres départements de la région Nouvelle-Aquitaine. L'agence sanitaire a toutefois réitéré son appel à "la responsabilité citoyenne pour veiller au respect le plus strict des gestes barrières".

Des enseignants dans un collège de la Vienne

Comment a-t-on découvert ce foyer ? Un membre de l'équipe de direction du collège Gérard-Philipe de Chauvigny, près de Poitiers (Vienne), a été testé positif, jeudi 7 mai. La semaine précédente, cette personne avait participé à une réunion de préparation de la reprise des cours dans l'établissement, prévue le 18 mai.

Que sait-on de l'enquête épidémiologique ? Après la découverte de ce premier cas de coronavirus, l'ensemble des personnes en contact avec le premier malade (soit une vingtaine de personnes) ont été mises en quatorzaine. Parmi eux, trois ont été dépistés positifs.

A la demande du maire de Chauvigny, l'ARS Nouvelle-Aquitaine a élargi les tests aux agents et enseignants travaillant dans les écoles de la commune et 64 personnes ont été dépistées samedi. "A ce stade, 60 tests ont déjà pu être analysés, tous sont négatifs", a annoncé l'ARS le lendemain. Dix personnes devraient être encore dépistées lundi.

La situation est-elle maîtrisée ? A priori, toutes les personnes présentes au collège lors de la préparation de la rentrée ont été identifiées et testées. Le dépistage de tous les enseignants et membres du personnel des écoles de la ville est une mesure de précaution supplémentaire. "De ce fait, le collège ne dispose plus, in situ, d'équipe de direction, et voit le nombre d'agents mobilisables de la collectivité territoriale réduit", explique la direction académique dans un communiqué relayé par France 3 Nouvelle-Aquitaine.

La reprise des cours a donc été reportée au mercredi 27 mai dans ce collège, à la fin de la quatorzaine des personnels concernés par le Covid-19. Avant d'accueillir les professeurs, les élèves et tout le personnel, les locaux vont être minutieusement nettoyés par les services du conseil départemental, ainsi que tous les objets potentiellement touchés par les personnes placées en isolement.

Des salariés d'un abattoir de Vendée

Comment a-t-on découvert ce foyer ? Plusieurs personnes travaillant dans un abattoir des Essarts-en-Bocage (Vendée) ont été identifiées à l'hôpital comme porteuses du coronavirus. L'Agence régionale de santé Pays de la Loire a alors prévenu la direction de l'entreprise Arrivé (connue sous la marque Maître Coq), qui gère cet abattoir.

Que sait-on de l'enquête épidémiologique ? Des tests ont été effectués dès samedi sur des salariés. Les locaux de l'entreprise ont été mis à disposition pour effectuer les dépistages. Sur 261 personnes testées samedi, quatre se sont révélées positives, toutes "asymptomatiques", a expliqué Dylan Chevalier, l'un des responsables de l'entreprise, à France Bleu Loire Océan.

Compte tenu de la durée d'incubation du virus, "le travail d'identification des sujets contacts à risque" a démarré "dès ce dimanche 10 mai", ont indiqué la préfecture et l'ARS dans un communiqué commun. "Toute personne considérée à ce titre comme 'sujet contact' sera aussi testée et invitée à s'isoler dans l'attente des résultats."

La situation est-elle maîtrisée ? Il est trop tôt pour l'affirmer, car tous les salariés n'ont pas été testés. Une deuxième série d'environ 400 tests (portant à près de 700 le nombre de tests pendant l'opération) doit être menée lundi auprès du personnel restant. "Chaque personne testée positive fera l'objet d'un isolement et d'un accompagnement par les autorités sanitaires", selon la préfecture et l'ARS. Parmi les quelques salariés identifiés comme positifs en amont du dépistage, "plusieurs sont guéris et rejoignent leur poste progressivement", indique par ailleurs Dylan Chevalier. 

Des résidents d'un foyer de jeunes travailleurs à Clamart

Comment a-t-on découvert ce foyer ? Tout est parti de l'arrivée d'un nouveau salarié dans un foyer de jeunes travailleurs de Clamart (Hauts-de-Seine), selon Le Parisien. Ce jeune homme "devait commencer plus tôt, mais sa colocataire était atteinte du Covid-19, alors il a été placé en quatorzaine. Ensuite, son médecin l'a autorisé à reprendre le travail", explique au journal le directeur de l'association Jeunesse, qui gère l'établissement.

Trois jours plus tard, le jeune homme ressent les premiers symptômes. Le test s'avère positif. D'autres jeunes salariés consultent le docteur Jean-Paul Hamon, médecin généraliste à Clamart et par ailleurs président de la Fédération des médecins de France. C'est lui qui révèle l'existence de ce cluster au journal Le Télégramme.

Que sait-on de l'enquête épidémiologique ? Sur les 49 résidents, 28 ont déjà été testés. Quinze le seront lundi. Six résidents, qui étaient confinés ailleurs, ne sont pas concernés par le dépistage.

Huit cas de contamination ont été confirmés au total. Ce chiffre ne porte que sur les 20 résultats qui étaient connus dimanche. Il s'agit du premier jeune homme ayant développé les symptômes et de sept autres personnes, toutes asymptomatiques.

La situation est-elle maîtrisée ? Il est difficile de l'affirmer, car tous les résidents n'ont pas encore obtenu leurs résultats. L'ARS Ile-de-France doit se rendre sur place, lundi, pour tester les autres résidents et mettre en œuvre les mesures de confinement pour les cas contact.

Par ailleurs, "il est clair que certaines personnes n'ont pas respecté les mesures barrières", au moment où elles ont reçu les résultats de leur test positif, selon le docteur Jean-Paul Hamon. "Quand on leur a annoncé ça, ils ont cru à une blague, parce qu'ils n'ont présenté aucune fatigue, aucune courbature", a-t-il déclaré sur franceinfo. En apprenant le diagnostic, les jeunes contaminés se sont approchés des autres résidents qui venaient aux nouvelles et "ont fait mine de leur courir dessus en disant : 'je vais te donner le virus'", selon lui.

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