Cet article date de plus de quatre ans.

Coronavirus : qui sont les patients les plus vulnérables face au Covid-19 ?

Les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques ou d'insuffisance respiratoire sont les plus exposées aux risques liés à la maladie.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Intervention des services d'urgence liée à l'épidémie de coronavirus, le 2 mars 2020 à la maison de retraite Etienne Marie de la Hante à Crépy-en-Valois. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

L'épidémie de coronavirus continue de se propager dans l'Hexagone. Selon le dernier bilan rendu public dimanche 8 mars par le ministre de la Santé, Olivier Véran, 1 126 personnes sont contaminées et, parmi elles, 19 personnes sont mortes. La France est le deuxième pays européen le plus affecté derrière l'Italie, très durement touchée. Mais en cas de contamination tout le monde n'est pas exposé de la même façon aux risques liés au Covid-19. Franceinfo détaille qui sont les personnes que l'épidémie met le plus en danger.

Les personnes âgées

Le taux de létalité du virus augmente avec l'âge, selon l'analyse la plus complète à ce jour publiée le 17 février par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CCDC). Celle-ci montre aussi que les enfants sont moins touchés. Jusqu'à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas, à 0,2%, puis passe à 0,4% chez les quadragénaires, 1,3% chez les 50-59 ans, 3,6% chez les 60-69 ans et 8% chez les 70-79 ans. Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus vulnérables avec un taux de mortalité de 14,8%. Des caractéristiques inquiétantes pour l'Italie, pays européen le plus touché par l'épidémie et qui est aussi celui dont la population est la plus composée de seniors (23% de la population). En France, le ministère de la Santé a de son côté recommandé ces derniers jours de porter une attention particulière aux aînés.

Les personnes âgées sont les plus vulnérables face au virus et doivent être protégées.

Direction générale de la Santé

 A Crépy-en-Valois, un des premiers foyers de l'infection en France, cette infirmière libérale en tournée, suivie par France 3, veille particulièrement à cette population.

Après les recommandations du président de la République, qui a appelé vendredi à "limiter les visites au maximum" dans les maisons de retraite, le ministère de la Santé demande également d'éviter que les enfants de moins de 15 ans ne rendent visite à leurs ascendants âgés, une mesure déjà en place dans le Haut-Rhin.

Les malades cardio-vasculaires 

Les données statistiques autour des victimes chinoises donnent également des indications sur les facteurs de risque des malades chroniques. Le taux de mortalité est ainsi de 10,5% parmi les personnes déjà atteintes par une maladie cardiovasculaire (insuffisance cardiaque, antécédents liés à des AVC ou des infarctus...) et de 7,3% chez les personnes diabétiques. Les patients qui souffrent d'hypertension (6%) ou d'un cancer (5,6%) présentent aussi un taux de mortalité plus élevé, alors qu'il tombe à 0,9% chez les personnes en bonne santé.

On retrouve ces profils parmi les victimes d'autres pays. Ainsi, en Italie, parmi les 14 premières victimes, l'une était hospitalisée pour un cancer, un autre avait fait un infarctus quelques jours plus tôt, un troisième souffrait de pathologies du cœur et était sous dialyse, et au moins deux autres présentaient de graves maladies. "Quand on parle d'un mort lié au coronavirus, on ne précise presque jamais la raison pour laquelle il est mort", réagit ainsi le médecin et animateur de télévision Michel Cymes. 

Quand quelqu'un de 85 ans meurt du coronavirus, ce n'est pas le coronavirus qui le tue, mais plus souvent les complications qui atteignent des organes qui n'étaient pas en bon état.

Michel Cymes (médecin)

à l'AFP

Mais les millions de personnes souffrant de ces maladies ne doivent pas paniquer pour autant. Pour le professeur français Jean-Christophe Lucet de l'hôpital Bichat, cité par l'AFP, le risque concerne avant tout les patients atteints des formes sévères de ces maladies. "Il faut être extrêmement clair" sur ce point, souligne-t-il à l'AFP. "Le patient qui a un diabète, le patient qui a une hypertension artérielle, ce sont des patients qui ne sont pas des patients à risque", rassure-t-il.

Les insuffisants respiratoires

Autres malades chroniques à risques : les insuffisants respiratoires. Toujours selon les statistiques chinoises, le taux de létalité grimpe à 6,3% chez les patients atteints de ces maladies (insuffisance respiratoire, asthme, bronchopneumopathie chronique obstructive...). Jean-Christophe Lucet considère que, outre les patients atteints de "maladies cardiaques graves", "les patients à risques sont ceux qui ont des maladies respiratoires sévères, par exemple des bronchopneumathies chroniques obstructives (BPCO) avancées".

Un constat relevé par l'association défendant les patients atteints de cette maladie, France BPCO. "Arrêtez de parler des vieux, des enfants (quasiment aucun n'est touché, heureusement), des diabétiques, des cardiovasculaires parce que (...) le Covid-19 détruit les poumons et ce n'est pas les asthmatiques non plus qui sont en danger vital, mais bien les 700 000 BPCO au stade sévère que nous sommes et dont personne ne parle", s'indigne-t-elle dans un communiqué.

Dans toute épidémie se transmettant par voie respiratoire, les individus à plus haut risque sont (...) les BPCO, dont les plus affectés sont au stade d'insuffisants respiratoires.

France BPCO

communiqué

Maladie méconnue, la BPCO est due à une inflammation et une obstruction progressive des bronches. Ses symptômes : bronchite chronique (toux grasse pendant plusieurs mois chaque année), bronchites à répétition ou sensation progressive de manque d'air. "Particulièrement handicapante, elle touche en France entre 5 et 10% des adultes", selon l'agence sanitaire Santé publique France.

Les fumeurs et... les hommes

Caractéristique notable du Covid-19, les hommes sont davantage menacés que les femmes par une issue fatale. Alors qu'ils représentent 51,4% des cas confirmés dans cette étude, ils pèsent pour presque les deux-tiers des décès (63,8%), selon l'étude chinoise. Cela pourrait s'expliquer "au moins en partie" par la proportion plus élevée de fumeurs parmi les hommes, pointe Cécile Viboud, épidémiologiste au National Institutes of Health (Etats-Unis), auprès de l'AFP. D'après une étude publiée par The New England Journal of Medicine (en anglais), le tabac figure effectivement parmi les paramètres qui augmentent le risque de décès.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.