Coronavirus : sept questions pas si bêtes pour sauver vos vacances
Après le confinement, vous ne rêvez que de cela : les grandes vacances. Mais comment peuvent-elles se dérouler avec cette crise sanitaire ? Franceinfo vous aide dans vos projets.
Après deux mois de confinement pour juguler la pandémie de coronavirus, beaucoup ont la tentation du grand air. Ainsi, 59% des Français (contre 55% en 2018) comptent voyager cet été, d’après une enquête BVA citée le 8 juin par le journal spécialisé L'écho touristique. "Sans surprise cette année, les Français comptent partir en majorité en France (...) et ce, surtout à la mer. Seuls 8% envisagent de s’évader à l’étranger", précise le média.
A quelques semaines du début de la période estivale, et alors que l'état d'urgence sanitaire prend fin le 10 juillet, vous devez forcément vous demander comment vont se passer ces vacances sans précédent. Franceinfo vous propose un tour d'horizon autour de sept questions.
Puis-je passer des (bonnes) vacances en France sans inquiétude sanitaire ?
Deux raisons doivent vous rendre optimiste. D'une part, l'épidémie reflue en France, selon les derniers chiffres disponibles. D'autre part, les professionnels du tourisme continueront à suivre un protocole sanitaire alliant règles de désinfection et, si possible, distanciation physique d'un mètre minimum entre clients.
Comment se traduisent concrètement ces nouvelles règles ? Dans les 8 000 campings de France, "on garde les fondamentaux, c'est-à-dire la piscine, qui est autorisée, et les animations", explique à franceinfo le président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air, Nicolas Dayot. Toutefois, diverses exigences s'imposent, comme désinfecter les lieux de vie commune plusieurs fois par jour, allouer un espace de 4m2 par usager dans les sanitaires, ou encore distribuer du gel hydroalcoolique.
La piscine des campings ne devra pas compter plus de 2 personnes pour 3m2 de surface d’eau, mais cela correspond à une fréquentation habituelle.
Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein airà franceinfo
En revanche, les animations, déclare-il, vont connaître certains aménagements : "le club enfants comptera neuf personnes maximum, donc des petits groupes". Les adultes devront, eux, dire adieu aux bals et aux soirées disco. Distanciation physique oblige, la danse "corps à corps" sera proscrite. Par ailleurs, les grands rassemblements pour des jeux d'apéro sont remplacés par des "quiz numériques" ou par un animateur itinérant qui se déplacera dans les différents coins du village. Aucun problème ne se pose pour les restaurants : la terrasse est de rigueur, surtout l'été.
De telles mesures devraient peu ou prou être suivies dans toutes les résidences touristiques. La fin de l'état d'urgence sanitaire, le 10 juillet, pourrait-elle toutefois changer la donne ? Du côté des campings, Nicolas Dayot estime "très vraisemblable" que les règles "s'appliquent tout l'été". En revanche, Valérie Boned, secrétaire générale des Entreprises du voyage (qui fédère tours-opérateurs et agences de voyages), "espère que les protocoles sanitaires vont être allégés".
Puis-je aller à la mer ?
Oui, si vous ne craignez pas la foule. "La mer tire très bien son épingle du jeu. Le littoral représente plus de la moitié des réservations dans les campings", constate Nicolas Dayot. Valérie Boned croit même que cette tendance s'est accentuée cette année.
Plus encore que d'habitude, les Français souhaitent aller au bord de la mer : 54% de ceux qui veulent partir plébiscitent le littoral ! Seuls 24% préfèrent la campagne, 12% la montagne et 9% les vacances dans une grande ville.
Valérie Boned, secrétaire générale des Entreprises du voyageà franceinfo
"Les gens en ont ras-le-bol d’être confinés en milieu urbain !" résume-t-elle en riant. Visiblement, les vacanciers parient sur l'absence de restriction sur les plages. Ont-ils raison ? Tout dépendra de la circulation du virus. Malgré la fin de l'état d'urgence sanitaire, l'Etat pourra, en cas de foyer épidémique, restreindre localement l’offre de transport, réduire la circulation des personnes ou fermer à nouveau certains lieux accueillant du public.
Voilà pour la théorie. Dans la pratique, l'heure est à l'accélération de l'ouverture des plages en mode bronzette, et non uniquement en mode "dynamique" (baignade et promenade). Début juin, nombre de maires ont ainsi décidé d'autoriser de nouveau le farniente, à condition que les parasols se tiennent à bonne distance les uns des autres. On l'a vu dans les Landes, les Charentes-Maritimes, ou encore à Saint-Nazaire. Dans l'Hérault, on a pu, dès la fin mai, poser sa serviette sur la plage de Leucate (à condition de réserver, selon Le Parisien). Même chose dans le Var. A moins d'une reprise de l'épidémie, la possibilité de se prélasser sur le sable semble donc acquise en juillet. Il restera encore au gouvernement à préciser les contours des animations et des sports collectifs autorisés.
Est-ce que ces vacances vont me coûter plus cher ?
Après la stupeur liée au confinement, les réservations, bien plus tardives que de coutume, s'accélèrent. Au point de faire monter les prix ? Non, assurent plusieurs acteurs du secteur, tant le tourisme est encore en berne. "Les professionnels veulent attirer les clients pour vendre !" s'exclame Valérie Boned.
Nicolas Dayot est du même avis. "La perte probable de fréquentation pourrait, au contraire, nous faire craindre une tentation de baisse des prix", analyse-t-il, même s'il pense que les campings vont "sauver les meubles", avec 80% de leur chiffre d'affaires qui est assuré en juillet et en août.
Comme nous accueillons une majorité de familles issues des classes populaires et moyennes attachées au rapport qualité-prix, augmenter les prix aurait un effet négatif immédiat sur les réservations.
Nicolas Dayotà franceinfo
Cependant, il constate aussi que "la hausse des charges [liées aux obligations sanitaires] entraînera une dégradation de la marge. C'est la raison pour laquelle nous demandons au gouvernement une poursuite de l’exonération des charges sociales patronales au 3e trimestre. Pour compenser". A la mi-mai, le directeur général de Village vacances France (VVF), Stéphane Le Bihan, avait également affirmé sur franceinfo que le prix des vacances n'augmenterait pas. "Parce que l'enjeu aujourd'hui, c'est de faciliter les départs en vacances", avait-il commenté.
Y a-t-il des solutions pour occuper mes enfants ?
Clairement moins que les années précédentes. Les centres aérés vont rouvrir, mais avec une capacité d'accueil diminuée à cause des obligations sanitaires. Quant aux colonies de vacances, qui doivent s'organiser très en amont, elles ont été touchées de plein fouet par les conséquences de la pandémie. Le protocole sanitaire les a refroidis. "Je ne vous cache pas que l'immense majorité [des organisateurs de séjours pour enfants] est extrêmement pessimiste à l'heure actuelle sur la faisabilité des colonies cet été", a affirmé, le 6 juin sur franceinfo, Olivier Ducelier, membre de l'Union nationale des organisations de séjours éducatifs, linguistiques et formation en langues.
Directrice de la stratégie éducative et sportive de l'Union des centres sportifs de plein air (UCPA), Laure Dubos espère pour sa part que l'association pourra maintenir au moins 70% de son volume habituel d'activités.
A l'exception de quelques stages de foot et de rugby pour les mineurs, qui sont en suspens, l'UCPA va maintenir tout son panel d'activités tournées vers la nature et la montagne.
Laure Dubos, directrice de la stratégie éducative et sportive du groupe UCPAà franceinfo
Pour se relancer dans ce contexte difficile, l'UCPA, comme d'autres structures, va se joindre au dispositif "vacances apprenantes" lancé par le ministère de l'Education nationale. "On va essayer, détaille Laure Dubos, d’intégrer ce dispositif qui cible les quartiers prioritaires et implique un 'zéro reste à charge' pour les familles. En tout, le gouvernement souhaite faire partir 250 000 enfants [sur un million au total : ceux qui ne partent pas seront accueillis dans les écoles]. Si nous, à l'UCPA, arrivons à en faire partir 40 000, nous serons contents".
Est-ce qu'il sera simple de se déplacer ?
Puisque le "verrou des 100 km" a sauté dans toute la France début juin, libre à vous de circuler au volant de votre véhicule. En revanche, si vous comptez louer une voiture cet été, prenez garde. Pour des raisons liées à l'arrêt des activités pendant le confinement, il y aura moins de voitures de tourisme disponibles, signalent plusieurs entreprises contactées, comme Avis et Europcar. Dès lors, "la demande pourrait dépasser l'offre cet été"... avec le risque d'une montée des tarifs.
Si vous préférez le train, où le port du masque est pour l'instant obligatoire, la SNCF a mis en vente trois millions de billets à moins de 50 euros (TGV Inoui et Ouigo, trains Intercités) pour des voyages dans toute la France cet été. Par ailleurs, le service Junior & Cie sera remis en activité à partir du 27 juin, avec un bémol : les enfants ne seront acceptés qu'à partir de 6 ans (contre 4 ans auparavant).
La SNCF a annoncé dans un premier temps que 100% du trafic en France serait assuré d'ici fin juin. Devant un nombre de réservations jugé trop faible, elle a ensuite fait machine arrière, tout en précisant que les suppressions ne concernent "qu'un peu moins de 5% des trains". Les lignes vers l'international connaissent, pour leur part, une reprise progressive mais limitée. La SNCF promet que les billets (TGV Inoui et Ouigo, Intercités et TER en correspondance) pourront être échangés et annulés sans frais jusqu'au 31 août.
Comment faire si vous avez envie d'aller plus loin ou plus vite ? Concernant les voyages en avion, Air France garde son programme vers 100 destinations en domestique et en Europe jusqu’à fin juin. "Sur l'Europe, on devrait atteindre 35% de nos capacités en juillet et 40% en août. Ce sera plus fort sur le domestique : 85%", a indiqué le service de presse de la compagnie. Signalons au passage la fin des restrictions de vols vers la Corse : depuis le 3 juin, les Français peuvent prendre l'avion vers l'île de Beauté sans besoin d'une "raison impérieuse".
Comment me faire rembourser si mes vacances ont été annulées ?
Si vos vacances ont été annulées en raison de "circonstances exceptionnelles" liées à la pandémie, le recours à l'ordonnance du 25 mars s'applique. Pour toute annulation d’un voyage entre le 1er mars et le 15 septembre, les professionnels du tourisme ont le choix : soit vous proposer un report de votre séjour, soit vous donner un avoir valable pendant 18 mois, que vous ne pouvez pas refuser. Ainsi, le gouvernement autorise exceptionnellement qu’il n’y ait pas de remboursement immédiat. Toutefois, bien qu'obligé d’accepter l'avoir, vous n’êtes pas pour autant contraint de l’utiliser. Vous pouvez le mettre de côté et vous faire rembourser lorsqu’il ne sera plus valable, c’est-à-dire dans un an et demi.
Selon le site officiel de l'administration française, cet avoir concerne les voyages à forfait achetés auprès d'un tour-opérateur ou d'une agence de voyage, les services (hébergement, location de véhicule, visite dans un parc de loisirs ou encore cure thermale) vendus par des professionnels qui les fournissent eux-mêmes, et les voyages scolaires commercialisés par des associations.
En revanche, cette ordonnance ne concerne pas les simples vols, pour lesquels vous devez être remboursés dans les sept jours. Cette règle de l'Union européenne n'a pas été respectée par plusieurs compagnies (dont Air France) frappées par la pandémie. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a d'ailleurs décidé en mai de les poursuivre en justice, a indiqué le magazine Capital.
Et si je veux aller hors de France ?
Dans quels pays étrangers peuvent se rendre les Français ? Le 3 juin, l'Italie leur a rouvert ses frontières, comme à tous les touristes européens. Serbie, Bulgarie, Estonie, Lettonie et Croatie (avec confirmation d'une réservation touristique) sont également accessibles.
Allemagne, Belgique, Luxembourg et Suisse prévoient de rouvrir leurs frontières le 15 juin. L'Espagne devrait accueillir dès le 21 juin et non le 1er juillet des touristes européens, affirme dimanche 14 juin le quotidien espagnol El País. Les annonces contradictoires de Madrid ont toutefois semé le doute sur la date exacte de l'allègement des restrictions. Au Portugal, la réouverture des liaisons aériennes et terrestres pour l'ensemble des ressortissants de l'Union européenne est attendue pour début juillet.
En ce qui concerne la Grèce, le ministère des Affaires étrangères conseille aux touristes souhaitant s'y rendre de privilégier les réservations à partir du 1er juillet. A cette date, les principales restrictions devraient être levées. Rappelons au passage qu'il est toujours utile en Europe de se munir de la carte européenne d'assurance maladie, fournie gratuitement par la Sécurité sociale sur simple demande.
Si vous voulez vous rendre hors d'Europe, consultez les conseils aux voyageurs donnés par le Quai d'Orsay, pays par pays. Pour les Etats-Unis, par exemple, le site rappelle que les visiteurs en provenance de la zone Schengen, dont fait partie la France, sont interdits d'entrée sur le territoire américain (sauf les résidents permanents). Renseignez-vous également auprès de l'ambassade française de votre destination.
Valérie Boned relève déjà chez les tours opérateurs et agences de voyages un "frémissement [concernant les] réservations vers la Grèce, ou encore vers les Canaries et les Baléares". Elle note aussi une demande importante pour la Tunisie ou le Maroc, malgré les restrictions toujours en cours (quarantaine obligatoire en Tunisie). "Elles seront peut-être levées plus vite que prévu", espère-t-elle.
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