Covid-19 : ce qu'il faut retenir des dernières modélisations rassurantes de l'Institut Pasteur
Au moment où les restrictions sanitaires s'allègent, les modélisations de l'Institut estiment que le nombre de cas positifs au Covid-19 en mars devrait être "très inférieur au pic de la vague de janvier".
Faut-il craindre une nouvelle vague de contaminations au Covid-19 ? C'est la question à laquelle l'Institut Pasteur a tenté de répondre. Selon une étude publiée jeudi 10 mars (PDF), les experts estiment que "dans tous les scénarios explorés, le pic des cas (en mars) reste très inférieur au pic de janvier".
Selon le rapport précédent de l'Institut Pasteur, publié le 21 février (PDF), BA.2, un sous-variant d'Omicron, ne devait pas provoquer à lui seul de "rebond important de l'épidémie". Ce rebond était "possible", selon les modélisations, "si les Français relâchaient leurs comportements". Or, à compter du lundi 14 mars, de nombreuses restrictions vont être levées. Le masque ne sera plus obligatoire à l'école. Le protocole sanitaire ne sera plus appliqué en entreprise. Enfin, le pass vaccinal ne sera plus requis, de même que le masque dans les magasins.
Alors que depuis une semaine, le nombre de contaminations est en légère hausse, après une période de baisse depuis le pic de la dernière vague, fin janvier, et qu'Olivier Véran a, vendredi 11 mars, fait état d'un frémissement de la pandémie, Franceinfo fait le point sur les résultats de ces nouvelles modélisations.
La progression sans surprise du sous-variant d'Omicron BA.2
"Notre modèle a correctement prédit la dynamique de la proportion de BA.2 parmi les cas Omicron, constate l'Institut Pasteur. Le modèle anticipait que 29% et 45% des cas Omicron seraient BA.2 les 14 et 21 février ; les données flash disponibles le 9 mars indiquent 25% et 40% de cas BA.2 parmi les cas Omicron à ces dates."
>> Covid-19 : ce que l'on sait du sous-variant d'Omicron BA.2 détecté en France
Lors de la dernière semaine de février, le sous-variant BA.2 représentait en effet 43% des nouveaux cas positifs au coronavirus, selon Santé publique France (PDF). D'après des données préliminaires de ce même point épidémiologique, il devrait néanmoins devenir majoritaire dès la première semaine de mars (52% des nouvelles contaminations).
Un plateau de contaminations atteint plus tôt que prévu
Selon les modélisations de février, l'Institut Pasteur faisait "l'hypothèse que les Français augmenteraient leurs contacts à partir du 1er mars, conduisant à un plateau des contaminations début mars". Mais "le plateau des contaminations a été observé légèrement plus tôt, suggérant que ces changements ont eu lieu avant le 1er mars".
Les Français auraient donc eu davantage de contacts dès la fin du mois de février. La courbe des infections au Covid-19 est proche "des projections obtenues sous l'hypothèse qu'à partir du 22 février, les Français ont augmenté leurs contacts d'environ 40% par rapport aux niveaux de janvier-février". Ce niveau supplémentaire d'intensité des contacts, +40%, est "légèrement supérieur à celui mesuré en décembre 2021", où "les taux de transmission (...) étaient à peu près 30% supérieurs aux taux de transmission de janvier-février".
Des taux de transmission jusqu'à 130% après la levée des restrictions
Dans cette étude, l'Institut Pasteur part d'hypohèses de taux de transmission élevés. En effet, "le relâchement des mesures de contrôle le 14 mars devrait encore pousser à la hausse les taux de transmission", rapporte l'Institut.
Les scénarios se basent donc sur des taux de transmission "50%, 70%, 100% ou 130% supérieurs aux niveaux de janvier-février". A titre de comparaison, les taux de contacts de novembre 2021 étaient "à peu près 60-70% supérieurs" à ceux de début 2022 et ceux de décembre, 30% supérieurs.
En mars, un pic des cas "très inférieur" à celui de janvier
Deux scénarios ont été modélisés par l'Institut Pasteur. Le premier explore l'hypothèse d'un relâchement des mesures – et donc de l'augmentation des contacts – le 14 mars. Mais "en pratique", "les Français pourraient anticiper le relâchement des mesures" barrières et avoir davantage de contacts avant le 14 mars. Un second scénario se base donc sur un changement des habitudes une semaine avant, dès le 7 mars.
"Dans tous les scénarios explorés, le pic des cas reste très inférieur au pic de janvier, conclut l'Institut. Il pourrait dépasser 100 000 cas quotidiens en mars dans les scénarios où les taux de transmission augmentent de façon très importante suite au relâchement des mesures de contrôle." Cela serait supérieur aux chiffres actuels mais largement inférieur aux chiffres constatés pendant la dernière vague fin janvier.
En effet, 58 336 cas positifs ont été dénombrés quotidiennement en moyenne sur la semaine précédant le 10 mars. L'inflexion est déjà observable, avec 74 818 cas positifs sur la seule journée du jeudi 10 mars.
Mais cela reste bien loin du plus fort de la vague épidémique du début d'année, où 501 635 nouvelles contaminations avaient été observées sur la journée du 25 janvier. Les projections de l'Institut Pasteur pour mars sont donc cinq fois inférieures au record de contaminations observé depuis le début de la pandémie.
Des projections potentiellement "trop optimistes"
Néanmoins, en préambule de l'étude, l'Institut Pasteur appelle à prendre avec précaution ces résultats encourageants, qui écartent la possibilité d'une nouvelle vague épidémique dès mars.
Cette étude n'a pas intégré "le déclin progressif de l'immunité, ce qui pourrait rendre" les projections "trop optimistes". De même, "l'impact du climat" n'a pas été pris en compte pour ces modélisations.
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