Covid-19 : ce que l'on sait de la mort à l'hôpital de Garches d'une femme faussement vaccinée
Une quinquagénaire est décédée d'une forme grave du Covid-19, début décembre. Elle avait acheté un faux pass sanitaire quelques mois auparavant.
Arrivée à l'hôpital sans antécédents médicaux, cette mère de famille âgée de 57 ans souffrait d'une forme grave de Covid-19. Lors de son admission à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), début décembre, elle avait assuré être vaccinée en présentant un faux certificat acheté à un médecin en août.
Cette fausse déclaration a induit en erreur l'équipe médicale, qui n'a pu lui procurer le traitement adéquat à temps. Son état s'est rapidement détérioré, jusqu'à son décès, a expliqué l'établissement, vendredi 10 décembre. "Si cela peut avoir un impact sur les gens qui se baladent avec un faux certificat et sur les collègues qui délivrent de faux certificats, ce sera une bonne chose, parce que c'est une histoire bien triste", a confié à franceinfo le professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l'hôpital. Franceinfo revient sur ce que l'on sait de cette histoire.
Elle a menti lors de son admission aux urgences
Selon son mari, cette femme a contracté le Covid-19 en s'occupant de leur fils de 13 ans, qui lui-même aurait été contaminé au collège, rapporte BFMTV. Rapidement, son état s'est dégradé, l'obligeant à se rendre aux urgences de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.
Dès son admission, elle a assuré avoir bénéficié d'un schéma vaccinal complet. Les équipes médicales l'ont alors prise en charge en suivant le protocole appliqué aux personnes vaccinées. Mais sa santé a continué à se détériorer alors qu'elle ne présentait aucun antécédent médical, ne souffrait d'aucune comorbidité et était trop jeune pour faire partie des personnes à risque.
Alertées par la gravité de son cas, "qui a progressé rapidement vers une atteinte respiratoire sévère", a expliqué à franceinfo Djillali Annane, les équipes soignantes ont réalisé de nombreux examens complémentaires, dont une recherche d'anticorps contre le coronavirus. "C'était la première fois que nous voyions une femme jeune, sans antécédent médical connu, a priori vaccinée, et qui développait une forme de la maladie remarquable par sa sévérité", relate le professeur.
Elle avait un faux pass sanitaire pour garder son emploi
Ce sont les résultats des tests de détection d'anticorps qui ont révélé la fraude à la vaccination. La quinquagénaire n'avait en effet reçu aucune dose de vaccin contre le Covid-19. "Lorsque nous avons eu la révélation du fait qu'elle n'avait pas été vaccinée, nous avons mieux compris son histoire clinique", précise Djillali Annane.
Face aux soignants, le mari a reconnu que son épouse utilisait depuis août un faux pass sanitaire afin de conserver son emploi d'hôtesse d'accueil. "Si on avait su que ma femme n’était pas vaccinée, elle aurait été sauvée. Mais mon épouse ne voulait pas que je le dise. (…) Elle avait peur des poursuites judiciaires", a expliqué son mari sur BFMTV.
Lui-même vacciné, il a assuré auprès du professeur Djillali Annane avoir "eu du mal à convaincre son épouse" de se vacciner. Celle-ci a préféré obtenir une fausse attestation de vaccination auprès d'un médecin exerçant à Nice, selon BFMTV. Une attitude vivement critiquée par le chef du service de réanimation.
"A tous mes collègues qui prescrivent de faux certificats de vaccination, je veux dire qu'ils ne rendent pas service à leurs patients, et qu'ils les trompent !"
Djillali Annane, chef du service de réanimation de l'hôpital de Garchesà franceinfo
De son côté, le praticien niçois assure être victime d'une usurpation de carte professionnelle. La conseillère presse du maire de Nice a confirmé à BFMTV qu'il y avait eu "plusieurs dizaines d'usurpations avec sa carte, mais aussi avec celles d'autres médecins". "Avec d'autres confrères, il a porté plainte contre un centre qui aurait délivré des centaines de pass sanitaires cet été, écrit la chaîne d'info en continu. Une enquête est en cours et la procédure de validation a depuis été renforcée."
Son traitement n'a pas pu être adapté
En mentant sur son statut vaccinal, la mère de famille a repoussé une prise en charge adaptée et diminué ses chances de survie. L'information, révélée tardivement, n'a pas permis aux soignants de modifier à temps le traitement, et la quinquagénaire est morte peu de temps après. Informée plus tôt, l'équipe médicale aurait pu "précocement lui administrer des anticorps neutralisants, dont on sait qu'ils sont efficaces pour réduire le risque de progression de la maladie", précise le professeur Djillali Annane. Un faux certificat de vaccination "ne protège pas contre le virus et peut aiguiller faussement le médecin qui vous prend en charge", a-t-il souligné.
Ce cas de fausse vaccination n'est pas isolé. L'Assurance-maladie recensait environ 36 000 QR codes frauduleux à la fin septembre. Dans le service du professeur Djillali Annane, le cas de cette femme ne serait pas le seul. "On a au moins un autre patient sans aucun anticorps, qui a une forme sévère et continue de dire avoir été vacciné." Le praticien insiste sur la nécessité d'informer les soignants de son statut vaccinal : "Il est fondamental d'assumer jusqu'au bout lorsqu'on décide de ne pas se faire vacciner, parce que la connaissance par le médecin de cette information peut parfois changer la façon dont on prend en charge."
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