Covid-19 : couvre-feu, confinement, quarantaine... Tour du monde des différentes stratégies pour combattre le virus
Alors que le gouvernement vient de recourir au confinement local dans les Alpes-Maritimes et dans l'agglomération de Dunkerque, état des lieux des méthodes choisies par d'autres pays.
Confinement, reconfinement, quarantaine ? Les stratégies sont multiples pour endiguer l'épidémie de Covid-19 au fur et à mesure de la propagation du virus. Si, au printemps 2020, la majeure partie des Etats ont décrété des confinements, depuis l'automne chacun semble avoir trouvé sa propre tactique pour contenir l'épidémie. Franceinfo vous explique ces différents choix et fait le point sur leur efficacité.
Le couvre-feu, comme en France ou en Espagne
Solution préférée à un reconfinement, le couvre-feu est actuellement en vigueur en France depuis le 15 décembre. Il a été élargi le 16 janvier, avec un horaire de début avancé à 18 heures, au lieu de 20 heures auparavant. La mesure vise à limiter les déplacements, les regroupements et les repas à plusieurs en soirée. Mais son efficacité est discutée. Ainsi, en France, la moyenne des contaminations quotidiennes sur sept jours glissants tourne toujours autour de 20 000 cas.
Les Pays-Bas ont aussi opté pour cette solution depuis le 23 janvier. Son instauration a d'ailleurs provoqué une vague d'émeutes dans le pays, mais le gouvernement n'a pas reculé. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a même annoncé une prolongation de la mesure jusqu'au 15 mars. Depuis l'entrée en vigueur du couvre-feu, le nombre de cas quotidiens est passé de 5 000 à 4 000 dans le pays. L'Espagne l'a aussi mis en place. Avec une différence de taille néanmoins : les bars et restaurants restent ouverts la journée. Les résultats semblent toutefois mitigés : malgré une baisse du nombre de contaminations quotidiennes depuis le mois de février, les hôpitaux madrilènes restent débordés et plus de 8 000 cas quotidiens étaient encore recensés le 25 février.
Le confinement localisé, comme à Nice ou en Allemagne
Si l'épidémie reprend seulement sur une partie d'un territoire, il est possible de confiner uniquement cette région pour éviter la propagation du virus au reste du pays. C'est le choix fait par certaines régions en France, notamment dans les Alpes-Maritimes à compter du week-end du 27 février. Le taux d'incidence a dépassé les 700 cas pour 100 000 habitants dans la métropole niçoise le 22 février. Conséquence : le département va subir un confinement pour les deux prochains week-ends. L'agglomération dunkerquoise, où le taux d'incidence est de plus de 900, est également visée par cette mesure.
En Allemagne, le recours à cette mesure est acté depuis juin 2020, où le canton de Gütersloh, à l'ouest du pays, avait été mis sous cloche pendant une semaine après une recrudescence des cas de Covid-19. Mais cette stratégie localisée outre-Rhin s'explique aussi par un fonctionnement politique très déconcentré : chaque Land (région) applique des restrictions en fonction de l'évolution de l'épidémie. Les Länder disposent de nombreuses compétences en matière d'éducation. Ce sont eux qui décident notamment de la fermeture des écoles. L'ensemble des établissements scolaires, fermés depuis deux mois, devraient progressivement rouvrir à partir du 1er mars avec, selon les régions, des mesures variées : effectifs limités, port du masque ou encore aération des pièces.
Le confinement, comme au Portugal
Le confinement est désormais considéré par les gouvernements comme le dernier recours face au Covid-19. Le Portugal est l'un des derniers pays en date à avoir dû le décider à nouveau en raison d'une flambée des cas. Les habitants y sont en effet reconfinés depuis le 15 janvier, et le pays a fermé ses écoles une semaine plus tard. Les rues et les tramways de Lisbonne, habituellement emplis de touristes, sont désormais vides. Une situation qui pourrait "probablement" durer jusqu'à la mi-mars, selon les dires de la ministre de la Santé.
Cette méthode drastique a le mérite de l'efficacité. De 10 000 nouveaux cas quotidiens lors de la mise en œuvre du confinement, le pays est redescendu à environ 1 000 contaminations par jour au 25 février, selon les derniers chiffres de l'université Johns-Hopkins.
Le Portugal n'est pas le seul pays d'Europe du Sud à avoir fait ce choix. En Grèce, depuis le 7 novembre, les habitants ne peuvent sortir de chez eux qu'après avoir reçu un SMS du gouvernement les y autorisant. Le déplacement entre départements est interdit. Un couvre-feu a également été instauré à partir de 22 heures, avancé à 18 heures le week-end. Mais face à une flambée des cas dans la région d'Athènes, le gouvernement a aussi décidé de fermer les commerces non essentiels, les écoles, ainsi que les églises jusqu'au 28 février. Environ 1 500 cas sont détectés chaque jour dans le pays, dont la moitié dans la capitale.
Le déconfinement progressif mais "irréversible", au Royaume-Uni
A rebours de ces nouvelles fermetures, le gouvernement de Boris Johnson vient tout juste de dévoiler son plan de... déconfinement pour le Royaume-Uni. Après près de deux mois de restrictions et un hiver particulièrement rude, les Anglais pourraient bientôt être autorisés à se retrouver en extérieur et dans les lieux culturels, si les chiffres de l'épidémie continuent à se stabiliser. Alors qu'il comptait plus de 60 000 cas quotidiens de Covid-19 au début du mois de janvier, le pays recense aujourd'hui entre 8 000 et 10 000 contaminations par jour, des chiffres suffisants pour envisager la remise en service de plusieurs structures.
"Nous ne pouvons pas persister indéfiniment avec des restrictions qui affaiblissent notre économie, notre bien-être mental et physique, a expliqué Boris Johnson devant les députés. C'est pourquoi il est essentiel que cette feuille de route soit prudente mais aussi irréversible." L'objectif du gouvernement est de permettre la réouverture des écoles le 8 mars. Suivront les commerces non essentiels, les pubs et restaurants en extérieur ainsi que les musées le 12 avril et, enfin, le retour partiel des supporters dans les stades à partir du 17 mai. Toutes ces mesures ne concernent que le territoire de l'Angleterre : le pays de Galles et l'Ecosse, autonomes quant aux stratégies sanitaires, appliquent des mesures différentes.
La quarantaine stricte pour tout voyageur, comme en Israël
Ne pas fermer ses frontières aux voyageurs ayant un motif impérieux, mais imposer une quarantaine de 10 jours à l'arrivée : tel est le pari d'Israël pour lutter contre la pandémie. Dès leur descente d'avion, les voyageurs sont mis à l'isolement dans un hôtel, aux frais de l'Etat hébreu. Trois fois par jour, un repas est déposé devant la porte de chaque résident, qui ne peut quitter sa chambre sous aucun prétexte, sous peine d'une amende de 1 200 euros. Un confinement dans une chambre de 15 mètres carrés qu'a dû vivre Dominique Derda, correspondant de France Télévisions en Israël. Il l'explique dans ce reportage pour France 2.
Cette méthode, couplée à une stratégie vaccinale très développée et un troisième confinement, a permis au pays de repasser sous la barre des 4 000 cas par jour. Un chiffre deux fois plus bas que le mois précédent. Janvier a été le mois le plus meurtrier dans le pays depuis le début de l'épidémie. Malgré le confinement mis en place, 1 000 personnes sont mortes du Covid-19 pendant le premier mois de l'année.
Cette méthode est également appliquée en Nouvelle-Calédonie, où les voyageurs en quatorzaine disposent toutefois d'une heure de sortie par jour. Il est obligatoire de se soumettre à un test PCR à l'arrivée sur le territoire, puis à un autre à l'issue des 14 jours d'isolement afin d'éviter tout risque de contamination. Au 26 février, seuls 58 cas de Covid-19 avaient été recensés sur le Caillou et aucun mort n'est à déplorer.
La stratégie "zéro Covid", comme en Nouvelle-Zélande ou à Taïwan
Populaire dans de nombreux pays asiatiques, la stratégie "zéro Covid" caractérise la mise en place de mesures drastiques dès l'apparition d'un seul cas de Covid-19. Les cas contacts des malades sont tracés et isolés afin d'endiguer toute possibilité de contamination. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont privilégié cette méthode, qui consiste à ne jamais laisser circuler le virus. A Melbourne, cinq jours de confinement ont été décrétés le 12 février après la découverte de 13 cas de variant dit "anglais". Idem en Nouvelle-Zélande, le 14 février : après la détection de trois cas à Auckland, la Première ministre néo-zélandaise a décrété le confinement pour trois jours de cette ville de deux millions d'habitants. Le 1er mars, Jacinda Ardern a même exhorté les Néo-zélandais à "réprimander" les personnes enfreignant les restrictions. Sa déclaration intervenait après la découverte de nouveaux cas et une série d'infractions qui ont contraint Auckland à être à nouveau confinée pour au moins sept jours. "Si cela implique de réprimander un membre de sa famille ou un collègue pour ne pas avoir respecté les règles, alors nous devons le faire. Faites-le avec gentillesse, mais faites-le", a déclaré la Première ministre.
La Chine, Taïwan, le Vietnam ou encore Singapour ont aussi appliqué cette méthode dès l'arrivée du virus sur leur sol, en 2020. Si elle est toujours d'actualité, elle n'est pas sans conséquences. Singapour a payé le prix de la fermeture des frontières, alors que son économie repose essentiellement sur le tourisme. Avec 2,7 millions de touristes en 2020 contre 19,1 millions en 2019, le pays a connu la pire récession économique de son histoire (-5,8%). En Chine, l'épidémie a été contenue au prix de mesures drastiques : les habitants ont été confinés avec interdiction de sortie, les repas leur étaient livrés à domicile et ils devaient subir un test PCR à l'issue de cet isolement général. Dans les villes où le port du masque est obligatoire, des drones de la police locale rappellent aussi les habitants à l'ordre.
La stratégie-éclair du "zéro Covid" fait toutefois des envieux. Il faut dire que depuis le début de l'épidémie, la Nouvelle-Zélande ne recense que 26 morts ; Singapour, 29 ; Taïwan, seulement 9. "Sur le plan sanitaire, ils sont les champions du monde incontestés pour le faible nombre de décès par habitant, et sur le plan social, la vie a repris ses droits : bars, restaurants, activités culturelles et sportives, écoles et universités sont normalement ouverts, les gestes barrières quasi inexistants", explique l'épidémiologiste Antoine Flahault à l'AFP. Mais cette méthode serait difficilement applicable en Europe.
Aucune mesure, comme aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, rien de tout cela n'a été instauré : impossible pour l'administration fédérale d'imposer des mesures sur l'ensemble du territoire. Lors de son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden a fait un premier pas en décrétant le port du masque obligatoire dans les bâtiments officiels fédéraux. Mais pour aller plus loin, le gouvernement doit s'en remettre aux décisions de chaque Etat.
Il semble ainsi complexe pour le pays de ralentir la progression de l'épidémie, à moins d'une action coordonnée des exécutifs locaux. Les Etats-Unis ont franchi le 22 février le cap des 500 000 morts et demeurent le pays le plus endeuillé au monde. Plus de 28 millions d'Américains ont été contaminés par le virus depuis le début de la pandémie, selon les données de l'université Johns-Hopkins.
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